Un mandat d’arrêt international a été déposé contre Rémy Daillet pour le rôle qu’il aurait joué dans l’enlèvement de Mia, 8 ans, dans les Vosges. Ancien membre du MoDem, cet homme est une figure de la sphère complotiste francophone.
Figure du complotisme en France, Rémy Daillet fait l'objet d'un mandat d'arrêt international dans le cadre de l’enlèvement de la petite Mia dans les Vosges.
Figure du complotisme en France, Rémy Daillet fait l’objet d’un mandat d’arrêt international dans le cadre de l’enlèvement de la petite Mia dans les Vosges. | CAPTURE D’ÉCRAN YOUTUBE

Le suspect « aurait joué un rôle dans l’organisation de l’enlèvement et aurait ainsi fourni les coordonnées de l’accueillante de la mère et de l’enfant à Neuchâtel », ajoute le magistrat.

Rémy Daillet, 55 ans, n’est pas un inconnu. Fils de l’ancien député UDF de la Manche Jean-Marie Daillet, il a eu lui aussi un engagement politique puisqu’il a été élu en 2008 à la tête du MoDem de Haute-Garonne. Contacté par Europe 1, le député Jean-Luc Lagleize se souvient d’« un garçon qui avait la parole facile », mais qui était aussi « très mythomane », qui « avait très envie d’être brillant ». Une carrière politique qui s’est rapidement achevée puisque Rémy Daillet avait fini par être exclu du parti en 2010.

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Mia et sa mère ont été retrouvée dimanche 18 avril dans un squat à Neuchâtel, en Suisse. | CHRISTIAN BRUN / EPA/MAXPPP

Des idées proches de l’extrême droite

Aujourd’hui, il vit en Malaisie et est devenu un personnage important de la sphère complotiste francophone. En octobre 2020, il a publié une vidéo sur YouTube, depuis supprimée, où il appelle à un « coup d’État ». Sur son blog, il fait le constat d’une France « saccagée » et présente une flopée de mesures pour mettre en œuvre son projet.

Il aborde ainsi des sujets classiques de la sphère complotiste comme l’« abolition » de la franc-maçonnerie et « des sectes satanistes ». Il rejette le port du masque, veut interdire la « vaccination de masse », ou démanteler le réseau 5G.

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Par ailleurs, certaines propositions révèlent des positions proches de l’extrême droite. Il est en faveur de la suppression des soins pour les étrangers en situation illégale, pour la déchéance de nationalité des Français d’origine étrangère en cas de délit. Dans le domaine des mœurs, il se dit pour l’interdiction de la « débauche publique » et de tout club ou site « décadent » mais aussi contre le mariage homosexuel et pour la réduction à quatre semaines du délai à l’avortement.

D’après Le Parisien, l’homme était connu des renseignements. « Son nom est apparu dans l’enquête sur l’attaque d’une gendarmerie commise à Dax (Landes) en novembre », explique le quotidien. Il ferait également l’objet d’une note d’Interpol après s’être félicité l’été dernier, sous un pseudonyme, de l’inscription de tags négationnistes sur une stèle d’Oradour-sur-Glane.

Un détracteur des placements d’enfants

Rémy Daillet est enfin très impliqué dans les questions d’école à la maison, il a créé un site où il vend des conseils pour accompagner les parents tout en critiquant les méthodes de l’éducation nationale. Il se montre également très critique sur les placements d’enfants dont nombreux seraient « abusifs », selon lui.

Un discours qui a pu rencontrer un écho chez la mère de Mia. La petite fille a été confiée à sa grand-mère, et sa mère n’avait plus le droit de la voir seule ni de lui parler au téléphone. Mia était confrontée « à la violence de sa mère à l’endroit de son conjoint, à ses propos suicidaires et à son refus de sa scolarisation malgré le rejet d’une demande d’instruction à domicile », a expliqué le procureur de la République d’Epinal Nicolas Heitz lors d’une conférence de presse.

À BFMTV qui l’a contacté ce mardi, Rémy Daillet estime que le rapt de Mia n’est pas « un enlèvement mais une restitution d’un enfant à sa maman à sa demande ». Il a toutefois refusé de préciser son degré d’implication dans l’affaire.

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