Vue prise en 2001 de la route d’accès du village d’enfants de Riaumont situé sur la commune de Liévin / DENIS CHARLET/AFP
Plusieurs informations judiciaires sont ouvertes « sur des faits de nature sexuelle et de maltraitance » à la communauté catholique traditionaliste de Riaumont, à Liévin (Pas-de-Calais), a indiqué le parquet de Béthune jeudi 3 mai. Plus de 200 personnes ont été auditionnées par la police dans plusieurs pays depuis 2013, selon Le Point qui a révélé l’information.
L’enquête est menée en partie par la section « mineurs » de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), basé en région parisienne.
L’institut religieux de la Sainte-Croix de Riaumont anime notamment un « village d’enfants » et l’école Jean-Bosco, une école libre hors contrat qui dispense des cours de la 6e à la 3e. La communauté abrite en outre un groupe scout autonome traditionaliste et un centre de documentation.
Une école hors contrat est un établissement qui n’a pas signé d’accord avec l’État. Elle n’est pas agréée par l’Éducation nationale et ne reçoit donc aucune subvention du ministère. Elle n’est pas tenue de suivre les programmes officiels et dispose d’une grande liberté concernant les méthodes pédagogiques. Mais les élèves doivent maîtriser « le socle commun de connaissances, de compétences et de culture » défini par l’Éducation nationale, à la fin de la scolarité obligatoire.
Les prêtres de l’institut religieux de la Sainte-Croix de Riaumont, de spiritualité bénédictine, célèbrent la liturgie en latin, dans la forme extraordinaire du rite romain. L’institut relève directement de la commission pontificale Ecclesia Dei, un dicastère de la curie romaine qui a autorité sur les communautés traditionalistes restées dans le giron de Rome.
La Conférence des évêques de France (CEF) s’est dite vendredi 4 mai « profondément attristée » par la révélation de soupçons de violences voire d’abus sexuels et sévices en nombre au sein de la communauté traditionaliste de Riaumont, qu’elle a appelée à une « collaboration totale » avec la justice.
« Nous pensons d’abord aux personnes qui ont témoigné de ces sévices », assure la CEF dans une déclaration écrite. « Bien que cette communauté ne dépende pas du diocèse d’Arras », l’épiscopat « redit la détermination et l’engagement de toute l’Église dans la lutte sans relâche contre la pédophilie et toute forme de violence, notamment commise à l’encontre d’enfants ».
De son côté, l’évêque d’Arras Mgr Jean-Paul Jaeger s’est dit « profondément blessé ». « Si les faits sont avérés, des sévices sur des enfants, c’est quelque chose d’affreux et de dramatique », a-t-il déclaré. « On n’a pas de lien (avec Riaumont), d’autant plus qu’ils ne sont pas rattachés à l’enseignement catholique du diocèse », a-t-il ajouté.
La CEF a mis en place en 2016 un arsenal de mesures pour mieux lutter contre les abus sexuels après plusieurs scandales retentissants au sein du clergé.
L’avocat de la communauté a de son côté dénoncé vendredi un « acharnement » médiatique. « Pourquoi jeter autant de saleté sur une association qui compte un certain nombre de gens qui se dévouent depuis des années pour le bien des autres ? », a demandé Me Philippe Bodereau. « Visiblement, il y a une espèce de hallali qui court pour aboutir à quoi, la fermeture de Riaumont ? »
« Que l’on soit face à un établissement public, ou privé, malheureusement, l’homme est homme, et on a parfois des cas de figure de gens qui ne se conduisent pas toujours comme on le souhaiterait dans le cadre des services qu’ils peuvent apporter à des jeunes », a-t-il estimé.