Comment lutter contre les filières djihadistes? Pour répondre à cette question, une commission d’enquête parlementaire présidée par Eric Ciotti est allée jusqu’au Danemark pour visiter, au lendemain de l’attaque terroriste du 14 février, un centre de déradicalisation.

Vendredi, le président du conseil général des Alpes-Maritimes était en visite… “chez lui”.

“Parce que près de 10 % des signalements au niveau national proviennent de ce département”, a justifié Eric Ciotti lors d’une réunion de formation au collège Louis-Nucéra.

Les enseignants de cet établissement en zone prioritaire, des directeurs d’écoles voisines, des acteurs associatifs du quartier et les services de l’État ont planché sur ces signes extérieurs de radicalisation susceptibles de mener jusqu’au djihad.

Opportunes allergies au chlore

“Il n’y a pas de guide ou de solution toute prête pour repérer ces signaux faibles”, reconnaît le commissaire Ducatel, chef du renseignement territorial. “C’est par exemple, pour les filles, le refus soudain de participer aux cours de sport.”

Si ce n’est que ces opportunes “allergies au chlore” pour “sécher” la piscine ne datent pas d’hier. “Ça fait 20 ans que j’en vois”, souligne un directeur d’école. Pourtant, une enseignante concède: “Il y en a de plus en plus.”

“J’ai des anciens élèves en Syrie”, confie Cathia, prof de français. La radicalisation, ici, on sait ce que c’est. Sans doute aussi parce que “l’un des principaux recruteurs français de jihadistes, Omar Diaby, a grandi dans le quartier.”

Voilà pourquoi le président de la commission d’enquête s’est invité à cette réunion: “Dans le cadre de nos travaux, on a entendu les magistrats antiterroristes, la police, des ministres, qui nous ont donné leur vision très officielle, mais nous voulions aussi collecter des informations plus directes, issues du terrain.”

{{Déscolarisations pour raison religieuse}}

L’une d’elles n’a pas manqué d’interpeller le député azuréen. Il y aurait de plus en plus de “déscolarisation pour raison religieuse”.

Certes, l’école est obligatoire, mais les familles peuvent, sur simple déclaration, choisir de faire classe à leur enfant à la maison.

Eric Ciotti a immédiatement demandé à ce que lui soient transmis des chiffres pour nourrir son rapport d’enquête.

Les conclusions de cette commission parlementaire tomberont en mai. Permettront-elles de lutter contre cette radicalisation qui, selon, les enseignants, se manifeste de deux manières?

“Il y a ceux qui cautionnent ouvertement les attentats”, même si, pour Cathia, ce discours relève le plus souvent de la “provocation” propre aux ados. L’autre discours, “plus inquiétant”, s’inscrit dans “la théorie du complot”.

“Ils prennent les mots qu’ils lisent sur Facebook pour des preuves”, souligne Meghann, prof d’anglais. Ils sont déconnectés d’un monde, un pays, auxquels ils ont parfois le sentiment de ne pas appartenir.

“Ils ne se considèrent déjà pas comme niçois”, confie Anne, prof d’EPS. “Comment y remédier?”, interroge Eric Ciotti.

{{Cathia n’a pas la réponse, mais reconnaît que “faire vivre ensemble, dans les mêmes ghettos, des gens qui ont les mêmes problèmes sociaux et économiques, ça n’aide pas…”}}

source : http://www.nicematin.com/nice/enquete-sur-les-filieres-djihadistes-au-coeur-dun-college-de-nice.2139722.html