La semaine dernière, la Grande-Bretagne découvrait avec effroi l’histoire de trois femmes libérées après avoir été séquestrées pendant trente ans par un couple diabolique à Londres. Depuis, les médias outre-Manche suivent de très près cette affaire, multipliant les révélations. Metronews fait le point sur les avancées de l’enquête.

· {{Comment l’affaire a éclaté}}

Freedom Charity, qui lutte contre l’esclavage et les mariages forcés, a joué à un rôle central dans cette affaire puisque c’est après avoir visionné un reportage de cette association britannique, le 9 octobre, que l’une des trois captives a décidé de contacter l’association pour alerter de sa situation. Le 25 octobre, deux des plus jeunes victimes décident de s’échapper. Dans la foulée, la police intervient au domicile des ravisseurs pour libérer la dernière victime, âgée de 69 ans.

{{· Le passé trouble des bourreaux}}

Le couple est accusé d’être des anciens militants maoïstes, très actifs dans les années 1970. Lui s’appelle Aravindan Balakrishnan, a 73 ans et est d’origine indienne. Elle répond au prénom de Chanda, a 67 ans et vient de Tanzanie. Ensemble, ils auraient installé il y a plusieurs années de cela un squat communiste, le « Mao Tsé-toung Memorial Centre », à Brixton, quartier multi-ethnique du sud de Londres.

{{· Le fonctionnement de ce squat}}

Un professeur de l’Université d’Oxford, qui a étudié le mouvement dans le cadre de sa thèse, a conclu qu’Aravindan Balakrishnan « avait le pouvoir d’un gourou ». « Si Mao avait été Dieu, alors il aurait été le Pape », a ajouté un ancien militant. Selon plusieurs témoignages, celui qui se faisait appeler « Camarade Bala » interprétait les « oracles » maoïstes dans une atmosphère fervente et assurait à ses fidèles que l’Armée populaire de libération de Chine devait procéder à une invasion révolutionnaire du Royaume-Uni en 1980.

{{· La rencontre entre les victimes et leurs bourreaux}}

D’après les derniers éléments de l’enquête, deux des victimes – les plus âgées – pourraient avoir rencontré le couple il y a trente ans car elles partageaient leurs idéaux politiques. Elles auraient ainsi vécu avec eux au sein du squat communiste, avant que celui-ci ne soit dissout. Les deux femmes auraient ensuite emménagé avec le couple dans un appartement.

· {{ Une mort inquiétante en 1997}}

Toujours dans le cadre de ce squat aux allures de secte, la presse anglaise a révélé cette semaine qu’une femme était morte dans des conditions bien mystérieuses en 1997. La victime, Sian Davies, a trouvé la mort en tombant d’une fenêtre de la fameuse maison où résidait la communauté. Pourtant, à l’époque, quand ses proches ont cherché à joindre les Balakrishnan, ces derniers leur ont assuré que Sian était partie pour l’Inde. Pourquoi mentir ? Nul doute que la police planche actuellement sur cette question.

{{· Le quotidien des victimes}}

Si les trois victimes n’ont jamais été physiquement enfermées dans l’appartement du couple, elles n’y étaient pas moins soumises à un véritable « contrôle émotionnel », la police n’hésitant pas à parler de « menottes invisibles ». Les trois femmes pourraient par ailleurs avoir été soumises à des abus physiques.
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L’identité exacte des trois victimes}}

On en sait un peu plus sur le profil des trois victimes, une Malaisienne de 69 ans, une Irlandaise de 57 ans et une Britannique de 30 ans. Toutes ont été séquestrées au moins pendant 30 ans. Mercredi, la police malaisienne a donné l’identité exacte de la victime la plus âgée : Siti Aishah Abdul Wahab. Dernière trace de cette femme : en 1968, lorsqu’elle quitte la Malaisie avec son fiancé pour le Royaume-Uni. Depuis, ses proches n’avaient plus de nouvelles d’elle. P { margin-bottom: 0.21cm; } Selon plusieurs médias, la Malaisienne a récemment eu un accident vasculaire cérébral, mais était laissée sans traitement, ce qui a incité l’Irlandaise à demander de l’aide, prélude à leur libération.

L’Irlandaise serait Josephine Herivel, fille du célèbre mathématicien John Herivel, l’un de ceux qui a contribué à briser les codes de la machine Enigma utilisés par les sous-marins allemands pendant la Seconde guerre mondiale. Josephine Herivel aurait grandi en Irlande du Nord, où son père enseignait à la Queen University de Belfast, avant de se rendre à Londres dans les années 70 et de de rejoindre la secte, coupant alors tout lien avec sa famille. Dans le cadre de ses activités politiques, elle a été arrêtée en 1978 avec sa camarade malaisienne, et toutes deux auraient passées six mois en prison pour obstruction aux forces de l’ordre.

La dernière victime, âgée de trente ans, serait quant à elle la fille de Sian Davies, cette autre membre de la secte morte dans des conditions douteuses en 1997. Agée de 14 ans au moment du décès de sa mère, Rosie Davies serait restée vivre au sein de la communauté. Des voisins l’ont décrit comme une jeune femme à la personnalité trouble et au « regard morbide ». Au cours de ces sept dernières années, elle aurait notamment envoyé plus de 700 lettres enflammées à l’un de ses voisins, pourtant en couple.

source : http://www.metronews.fr/info/esclaves-de-londres-camarade-bala-avait-le-pouvoir-d-un-gourou/mmkA!TtFdeJy5xhw/

par Flore Galaud