PARIS, 16 jan 2008 (AFP) – Au terme de vingt-cinq années de procédure, un juge d’instruction parisien a rendu courant octobre une ordonnance de non-lieu en faveur de membres de l’église de Scientologie accusés “d’escroquerie et d’exercice illégale de la médecine”.
“Il ne résulte pas de l’information (judiciaire, ndlr) (de) charge contre
quiconque d’avoir commis les infractions visées”, conclut le juge
Jean-Christophe Hullin dans son ordonnance rendu le 12 octobre, que l’AFP a pu consulter mercredi après que le site bakchich.info a révélé l’information.
{{Des avocats de plaignants ont indiqué à l’AFP avoir fait appel de cette
ordonnance devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel.}} La date d’audience n’est pas encore fixée.
Ouverte en 1989, cette enquête judiciaire visait les faits “d’escroquerie,
d’extorsion de fonds et d’exercice illégal de la médecine”.
Le plaignant à l’origine de cette procédure, Juan Esteban Cordero, un jeune pianiste aux parents fortunés avait versé en 1988 plus d’un million de francs (150.000 euros) à l’Eglise de Scientologie.
Pour ce montant, il avait participé, avec son amie, à un cycle initiatique
pour être “purifié”, avoir un “corps pur” et “un esprit clair”, selon les termes de l’associations cités par le parquet dans ses réquisitions.
Après avoir passé des tests de l’association qui avaient diagnostiqué chez lui “des troubles dépressifs chroniques”, il avait notamment participé pendant une semaine à des auditions 12 heures par jour, acheté des livres et des cassettes, suivi une conférence aux USA. Un médecin lui avait fait prendre un produit appelé “niacine”, prescrit du sauna, de la course à pied et desvitamines”, selon les éléments rapportés dans la procédure.
Aidé par les familles, le couple s’était désengagé de l’Eglise de
Scientologie en décembre 1988.
D’autres plaintes portant sur des faits similaires, dont la plus ancienne
remonte à 1983, ont été jointes à cette procédure ou abandonnées par leurs auteurs, après, pour certaines d’entre elles, des transactions financières avec l’Eglise de Scientologie, selon des avocats.
Vingt personnes, dont l’ancien président de l’Eglise de Scientologie
Jean-Paul Chapellet, et de nombreux cadres de l’organisation, avaient été mis en examen dans ce dossier et deux autres entendues en tant que témoins assistés.
Six plaignants dont l’association l’Unadefi (Union nationale des
associations de défense des familles et de l’individu) se sont constitués partie civiles.
Dans ses réquisitions aux fins de non-lieu, rendues le 4 septembre 2006, le parquet avait estimé que l’information judiciaire n’avait pas permis de mettre en évidence que les interlocuteurs des plaignants aient frauduleusement opéré des manoeuvres ou extorqué des fonds. Ceci, selon le ministère public, “dans la mesure où elles-mêmes apparaissent avoir été convaincues de l’efficacité des prestations proposées et animées d’une foi authentique dans leurs démarches”.
Quatre juges ont successivement instruit ce dossier marqué par des
batailles et incidents de procédures.
La juge Marie-Paule Moracchini avait notamment été mise en cause pour avoir perdu certaines pièces du dossier.
Poursuivie devant le Conseil supérieur de la magistrature pour “manque de rigueur” et atteinte à la crédibilité de sa fonction”, elle avait finalement été blanchie en décembre 2O01, l’organe disciplinaire des magistrats estimant qu’elle n’avait pas commis de faute.