Ce sont deux jeunes frères morts au djihad parce qu’ils voulaient « gagner le paradis », une adolescente partie cartable sur le dos pour fuir la terre « impie » où elle a pourtant grandi parce qu' »Internet » l’a dit, une jeune fille que son compagnon djihadiste a laissé mourir en couche sans aide médicale en Egypte, un bébé de 18 mois enlevé par son père parti combattre en Syrie… Mères, pères, frères ou soeurs, les familles de ces jeunes fanatisés vivent dans la douleur d’un deuil, la peur d’une disparition ou l’attente angoissée de retrouver physiquement, mais aussi psychiquement, leur enfant passé d’un mois à l’autre entre les mains des gourous de l’islam radical.

A l’initiative de Dounia Bouzar et à la suite de son livre « Désamorcer l’islam radical » (Ed. de l’Atelier), une trentaine de familles se réunissent ce mercredi 9 avril à 8h30 à Paris pour dénoncer « l’immobilisme du gouvernement » et exiger « une action politique forte ». « J’ai décidé de lancer une pétition et de diffuser une vidéo pour que le grand public comprenne que ce sont des enfants en danger et que nous avons un devoir de protection vis-à-vis des mineurs, explique l’anthropologue des religions, qui a créé le Centre pour la prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI), pour venir en aide aux parents et surtout former des professionnels au processus d’endoctrinement.

Se battre contre l’endoctrinement

« Je suis française, ma fille est française, c’est une otage française, la plus jeune otage française, insiste Meriam, la maman de la petite Assia, 24 mois dans quelques jours, kidnappée à l’automne par son père qui s’est envolé avec elle pour la Syrie. Quand on est retenu par une filière jihadiste, il n’y a pas d’autres mots. J’aimerais que le gouvernement français le reconnaisse et le dise haut et fort ! »

Le cas, extrême, est devenu le cas-emblème de ces familles qui veulent faire entendre la différence entre des mineurs, parfois très jeunes, à qui l’on a fait croire à la fin du monde et qu’ils devaient mourir au combat pour leur salut, et ceux qui les endoctrinent, les retiennent loin de chez eux et les envoient sous les bombes.

Le film « Endoctrinement : mode d’emploi », conçu par Dounia Bouzar et réalisé par Rachid Boukrim, est dédicacé à la mémoire de « Nicolas, Billel, Jean-Daniel, Sandra et tous les autres morts là-bas… » Pour le retour sain et sauf aussi de Nora, Sara, Anissa « et de tous nos enfants ».

Marie Lemonnier – Le Nouvel Observateur

RENDEZ-NOUS NOS ENFANTS

Pour Assia, Norah, Sarah, Nicolas, Sandra, Jean-Daniel, Billel…

Assia a aujourd’hui 23 mois. Elle a été arrachée à sa maman, à sa maison, à sa vie, à son futur, à son éducation, pour être retenue en otage en Syrie. Depuis 5 mois, elle est seule au milieu des bombes et des morts. Depuis 5 mois, son père l’a enlevée parce qu’il croit qu’ils doivent mourir tous les deux « en martyrs ».

Il y a aussi Norah, juste 15 ans, Sarah, juste 16 ans, et tous les autres…

Le jeune père d’Assia, et les enfants Norah, Sarah, Nicolas, Sandra, Jean-Daniel, Billel, étaient des gens comme vous et moi. Et tout d’un coup, en moins de deux mois, les radicaux ont utilisé internet pour les persuader que la fin du monde arrivant, ils doivent se sacrifier pour sauver de l’enfer ceux qu’ils aiment.

Ils sont maintenant séquestrés mentalement et physiquement, coupés de leurs familles, désincarnés, déstructurés, endoctrinés, déshumanisés, quelque part en Syrie.

Certains sont morts, laissant leurs parents meurtris et hébétés, comme Nicolas, Jean-Daniel, Sandra, Billel, et bien d’autres.

Depuis plusieurs mois, dans l’indifférence générale, des enfants ou des jeunes adultes partent pour mourir à la suite d’un endoctrinement sectaire fulgurant.

Ces enfants sont en danger. Nos enfants sont en danger.

Aujourd’hui, nous réclamons la protection de nos enfants.

Nous nous mobilisons pour Assia, plus jeune otage de France dont l’intégrité, la sécurité, l’humanité et la liberté sont entravés un peu plus chaque minute. Pour Norah et Sarah, 15 et 16 ans…

Depuis la sortie de mon livre « Désamorcer l’islam radical, ces dérives sectaires qui défigurent l’islam », les familles qui m’ont contactée sont lasses d’alerter les autorités des conséquences désastreuses sur des familles détruites, les enfances volées, les jeunes mis en grave danger mental et physique.

Pour les Autorités Françaises, le bébé Assia est considéré comme étant « en situation de voyage avec son père » !

Combien d’enfants la France va t-elle encore laisser mourir ? Combien d’Assia, de Nicolas, de Sandra, de Jean-Daniel, devront encore être sacrifiés avant que les pouvoirs publics ne réagissent ?

Va-t-il falloir attendre un suicide collectif, comme celui de la secte du Temple solaire, pour lancer un processus de prévention ?

Nous réclamons le retour d’Assia aux côtés de sa mère, le retour de Norah, de Sarah, et de tous les autres.

Nous exigeons la fin de la passivité de nos autorités.

Nous en appelons à tous les Français, pères, mères, frères, sœurs, amis, à l’union et à la solidarité :

pour qu’il n’existe pas d’autres lendemains sans le retour de nos enfants,
pour qu’un dispositif de prévention et d’alerte soit mis en place,
pour que les familles en détresse soient soutenues et accompagnées.
REJOIGNEZ-NOUS POUR EXIGER UNE ACTION POLITIQUE FORTE, IMMEDIATE ET EFFICIANTE.

Pétition rédigée par Dounia Bouzar, portée conjointement par le Centre de Prévention contre les Dérives Sectaires liées à l’Islam (CPDSI), le collectif Jamais sans Assia (porté par Meryam Rhaiem, maman d’Assia), l’association Syrien ne bouge… agissons (portée par Dominique Bons, maman de Nicolas, décédé en Syrie, pour aider les autres parents dans leurs démarches).

source : Par Marie Lemonnier

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140408.OBS3074/exclusif-enfants-du-djihad-l-appel-des-familles.html