Par hommelibre, jeudi 18 décembre 2008.

L’émission “Les infiltrés” de France 2 traitait du sujet de la fausse mémoire dans le cadre plus général des manipulations par les pseudo-gourous.

C’est aux Etats-Unis dans les années 80 qu’a commencé à se répandre le syndrome de la fausse mémoire. Des pseudo-thérapeutes induisaient chez leur patients l’idée qu’ils avaient subi des abus sexuels dans leur enfance, mais que ces souvenirs avaient été refoulés – raison pour laquelle ils n’en avaient pas mémoire.

Les techniques pour induire ces faux souvenirs sont soit l’hypnose, soit la suggestion directe: “Vos symptômes correspondent exactement aux conséquences d’un abus sexuel”, soit comme montré dans l’émission d’hier, la thérapeute “lit” dans l’inconscient du patient et transcrit elle-même le supposé contenu de cet inconscient.

Ces thérapeutes donnent ensuite au patient une info précise sur la personne en cause: père, mère, grand-parent. Cette info est supposée être sortie de l’inconscient du patient, elle est présentée comme parfaitement fiable et hors de tout doute.

Les résultats sont graves: patients perturbés pendant des années et donc dépendants du thérapeute, coupure totale d’avec la famille, fausses accusations pénales d’abus sexuels.

Aux USA une psychologue connue, Elisabeth Loftus, a démontré expérimentalement que le cerveau ne refoule pas les traumatismes au point qu’ils soient totalement absents. Un enfant abusé s’en souvient, même lorsqu’il le tait. Suite à la démonstration du mensonge des faux souvenirs, de nombreux patients ont posé plainte contre leur thérapeutes. Les procès ont été généralement gagnés, ce qui a enrayé le mouvement. Mais le mal était fait: des milliers de familles avaient été détruites et nombre d’erreurs judiciaires commises contre des parents innocents.

Le phénomène gagne la France. Le président de la Miviludes (commission officielle d’études des sectes) estime que 3’000 médecins et autant de non médecins pratiquent cette pseudo-thérapie. 80% des victimes de ce syndrome de la fausse mémoire sont des femmes. Des femmes démolies parce qu’elles ont fait confiance à des gens sans scrupules. Des “thérapeutes” qui fabriquent des viols à la chaîne. Sans aucun égard pour l’équilibre psychique de leurs patients. Sans compter le tort que cela fait aux vraies victimes.

Fausse mémoire, souvenirs induits, thérapeutes déviants: danger, danger!

Pour en savoir plus:

http://www.psyvig.com/default_page.php?menu=20&page=4

http://www.psyfmfrance.fr/

et un témoignage de plus sur un père faussement accusé (pas en lien avec la fausse mémoire)

LE JDD Blog