Ils ont en particulier parlé des formations:
«Cinq formations de quatre jours sont obligatoires: anthropologie chrétienne, combat spirituel, écoute, formation sur les culpabilités et le pardon, école de prière pour approfondir sa vie de prière et
accompagner dans la prière lors des retraites Agapè.»
Deux formations sont passées sous silence et curieusement, ce sont les deux qui touchent davantage à la psychologie.

La première, sur l’affectivité, parle longuement de guérison2… alors que peu avant dans l’émission, il avait été certifier que la guérison n’avait jamais été un but recherché.
Le fait de ne pas mentionner la seconde est encore plus curieux, parce que c’est la seule pour laquelle il est dit qu’elle est réservée, entre autres, aux accompagnateurs: «Formation réservée aux accompagnateurs, aux responsables de communautés, aux prêtres, aux soignants et à toute personne qui fait de l’accompagnement.»

Pourquoi avoir passé cette formation sous silence? C’est ce que l’analyse du livret des retraitants de 2011 va tenter de rechercher. La formation a encore été donnée en 2012 avec de légères modifications dans les titres de chapitres3.

{{Le contenu de la formation}}

La formation comporte huit chapitres:
– 1. Qu’est-ce que la libération intérieure? cadre, histoire, définition
– 2. Finalité de la libération intérieure
– 3. Le voilement des souvenirs
– 4. L’anamnèse
– 5. Le dévoilement des souvenirs
– 6. La prière de consolation-guérison
– 7. La délivrance
– 8. Indication et limites de la libération intérieure

Il est intéressant de comparer ce contenu avec celui qui est proposé pour la formation à la libération intérieure qui aura lieu du 7 octobre au 2 novembre 2013:

– 1 Définition de la libération intérieure : finalité, indications, limites
– 2 Voilement, dévoilement des souvenirs
– 3 Faire mémoire
– 4 La prière de libération
– 5 Psychopathologie et troubles spirituels

Il n’y a plus que cinq titres au lieu de huit, mais en regardant de près le contenu reste le même. En effet, les titres 1,2,8 de la formation de 2011 renvoie à des pages du livre de B. Dubois sur la Libération intérieure4. Dans la formation prévue pour 2013, tout est rassemblé dans le premier titre.

{{Ce qui n’est pas sans poser de question parce que le livre de B. Dubois a été rayé sur le site de la maison d’éditions qui l’a publié ainsi que son auteur.}}

Dans le programme de 2011 le voilement et le dévoilement des souvenirs sont séparés par l’anamnèse.
Le programme de 2013 rassemble les deux avant de parler de Faire mémoire.
1 http://www.rcf.fr/radio/rcf43/emission/135746/298982
2 http://mancilla.op.free.fr/Affectvité%20Agapè.php
3 http://agape.imadiff.net/agape/docs/agape_prog.pdf
4 http://www.articlepress.carmya.net/article-582-liberation-interieure-presses-renaissance-mai-2010-bernard-dubois-faitpeau-
neuve.html

L’anamnèse est remplacée par: Faire mémoire, mais quand on sait que Faire mémoire est «l’esprit dans lequel vivre une anamnèse», on peut dire que c’est bonnet blanc et blanc bonnet…

Pour terminer il est écrit dans la formation de 2011: «La prière de libération intérieure comprend trois volets:
1. La consolation spirituelle (une souffrance nous écrase);
2. La guérison spirituelle (des réactions aux blessures nous paralysent ou nous bloquent = repli sur soi, difficultés à se laisser aimer);
3. La délivrance (une entrave spirituelle nous enferme).»

{{On peut donc conclure que la formation de 2011, qui a servi à former tous les accompagnateurs du Puy, garde son actualité puisque son programme est identique à celui qui entrera en vigueur en 2013.}}

Quelques remarques:

Le voilement des souvenirs
Le chapitre 3 contient huit pages de psychologie, schémas à l’appui. Il est difficile de se reconnaître dans le rez-de-chaussée, le premier étage, le deuxième étage, le troisième étage, le quatrième étage et la terrasse… mis en lien avec le pneuma, le noûs, la psukhè (sensibilité affective et sensibilité imaginative).
Tout cela pour expliquer que «le souvenir est l’expression d’une interprétation personnelle de l’événement.» Un profane en psychologie a du mal à suivre le fil du raisonnement.

Plus intéressant est le paragraphe suivant: «Le souvenir peut révéler des attitudes cachées», où il est dit que «la démarche de guérison et de libération intérieure consiste justement à relire sa vie sous le regard de Dieu afin de mettre en lumière et prendre conscience de nos attitudes cachées qui peuvent encore perturber aujourd’hui notre vie relationnelle.» Là interviennent les quatrième, troisième et deuxième étage…
Comprenne qui pourra.
En effet, dans son rapport d’audit, le P. Humbrecht: «L’idée de cette retraite est de visiter les étapes les plus anciennes de sa vie (d’avant la
conception à la fin de la jeunesse), en nommant les blessures qui leurs furent éventuellement liées, et en prononçant sur elles un pardon théologal, en quoi consiste en définitive la “libération” annoncée.» En bonne logique, on peut conclure que pardon théologal concerne les deuxième, troisième et quatrième étage… mais le Catéchisme de l’Eglise catholique a oublié de les mentionner en parlant du pardon.
Les choses se compliquent encore lorsque arrive l’analyse suivante: «Le
souvenir peut être l’expression d’un choix personnel». Relevons au passage que le péché originel et ses conséquences est qualifié de blessure de la nature humaine. Il est aussi question de croyance.
Ainsi l’accompagnateur est invité à aider une personne à changer sa croyance, sous le regard de Dieu en disant: Je te rends grâce pour la merveille que je suis! C’est un chemin de paix qui fait perdre les
réactions agressives envers autrui, conduit à demander pardon ce qui permet d’être accepté puis aimé par les autres. Voilà une singulière approche du pardon théologal qui repose sur une croyance.
Retenons le résumé: l’accompagnateur, d’une retraite spirituelle ne l’oublions pas, doit tenir compte des étages 4,3,2 et 1 de notre immeuble…
Le dernier point montre que «Le souvenir dit l’identité unique d’une personne en communion» et donne lieu à des considérations théologiques pour conclure une réflexion sur la psychologie:
«En résumé, le rez-de-chaussée de cet immeuble est le symbole de la personne, l’être unique créé à l’image de Dieu, fait pour la communion et qui possède un libre-arbitre (c’est-à-dire la capacité inaliénable à se déterminer soi-même), pour choisir le meilleur, consentir au réel, et se rendre disponible à la volonté de Dieu et aux mouvements intérieurs de l’Esprit en s’unissant à lui par la foi au Christ. Elle est temple de Dieu. Dans ses fondations, au plus intime d’elle-même, demeure la divine présence de laquelle elle reçoit, comme chaque personne, la vie, le mouvement et l’être.»

Ce double mouvement de voilement et dévoilement des souvenirs est utilisé dans la guérison intérieure – guérison des mémoires – pour aider l’homme à grandir en Dieu.
Comme chacun peut s’en rendre compte, la vie spirituelle a subi à l’Agapè une révolution copernicienne. On est en droit de se demander comment l’Agapè «est une forme de réponse à l’appel de Jean-Paul II pour une nouvelle évangélisation, celle des personnes d’aujourd’hui.»

{{L’anamnèse}}

L’anamnèse est définie comme «une manière bien codifiée de mener un accompagnement lors d’une libération intérieure.» Un renvoi est fait à un article de B. Dubois paru dans la revue Carmel5.
Elle permet de relire, sous le regard de Dieu, une histoire douloureuse qui peut ainsi devenir une histoire d’amour.
L’anamnèse se mène comme pour un entretien de psychologue, grâce à des questions bien ciblées de l’accompagnateur qui guide l’entretien. Sont examinées tour à tour, lors de la consultation, la relation parentale (qualités et défauts des parents, bons et mauvais souvenirs…), l’expérience de l’enfance (le contexte de la conception, les accidents de la grossesse, la naissance…), mais aussi divers points de la vie spirituelle: l’appel de Dieu, la relation spirituelle, la relation à Dieu, la relation à Marie OU à Joseph, les textes scripturaires préférés…

Deux points servent à qualifier l’esprit dans lequel se vit une anamnèse: Faire mémoire et Se laisser réconcilier.

«Faire une anamnèse signifie: faire mémoire»; c’est un «processus guérissant» accompli dans une perspective spirituelle.
«Pour faire anamnèse, on n’entre pas dans une relation duelle mais dans une relation trinitaire où le Seigneur est le seul médecin, et l’accompagnateur, le spectateur privilégié d’une relation et d’une histoire d’amour qui se sont établies entre Dieu et cette personne, depuis sa conception jusqu’à ce jour.»
L’accompagnateur aide le PATIENT à relire son histoire… histoire
dévoilée par la psychologie…

Grâce à la libération émotionnelle, un apaisement s’opère qui permet l’évangélisation des racine de la vie, grâce… à la rencontre avec la miséricorde et la compassion de Dieu.
Le chemin de l’enfance spirituelle s’ouvre… Toute l’histoire de malheur peut devenir une histoire sainte…
L’anamnèse, diton, mène ainsi à une réconciliation avec soi-même, avec son père et sa mère, avec son passé et par là même, à une réconciliation avec Dieu. Ce serait le chemin suivi par Thérèse de l’Enfant Jésus.

Le chapitre se termine par un parallèle avec l’anamnèse liturgique et nous apprenons que le prêtre à la messe fait mémoire de la mort d’un innocent, atrocement martyrisé devenu source de vie éternelle. C’est le schéma même de l’histoire de malheur qui devient une histoire sainte…
Suivent six pages que l’accompagnateur remplira lors de l’Agapè, au fur et à mesure de ses entretiens avec le retraitant.
Trois étapes figurent sur ces questionnaires:
la relation parentale;
l’enfance
et enfin la vie spirituelle et la relation à Dieu.
La dernière page résume la conclusion de l’accompagnement où l’accompagnateur doit détailler les blessures, les portes d’entrée à
l’infestation, les réactions aux blessures, le vécu quotidien; il doit aussi noter le diagnostic psychiatrique si cela s’avère nécessaire. De ce discernement découle la décision d’une prière de consolation, d’une prière de guérison ou d’une prière de délivrance. La question du soutien
thérapeutique vient ensuite.

{{Une sérieuse question se pose: comment l’accompagnateur d’une retraite spirituelle, peut-il se permettre de faire un pareil bilan de santé?}}

{{Le «dévoilement» des souvenirs}}

Le dévoilement des souvenirs se situe dans le contexte de la «guérison des souvenirs», de la «guérison des mémoires». Il est qualifié d’emblée d’oeuvre de l’Esprit Saint. Il se fait en sept étapes… comme il se doit pour une oeuvre du Saint-Esprit…

1. S’exposer au regard de Dieu
2. L’expérience de la rencontre
3. La prise de distance par rapport à l’événement blessant
5 http://www.articlesenligne.com/index.php page=article&article_id=8974
4. Changer ma vie
5. Faire un travail de deuil
6. Me réconcilier
7. Découvrir mon identité nouvelle

{{On peut constater pas mal de répétitions par rapport aux chapitres précédents. Il semble que c’est un essai de transcription en langage religieux de ce qui avait été décrit en langage psychologique, avec l’appui de témoignages. Les étages de l’immeuble ont disparu et sont remplacés par des citations bibliques prises totalement hors contexte.}}

{{La prière de consolation-guérison}}

La prière de consolation-guérison est le premier volet de la prière de libération, comme nous l’avons dit.

{{Prière de consolation spirituelle}}

Cette prière est dite ecclésiale. Elle est conseillée lorsqu’il s’agit d’une douleur qui écrase, lorsque la souffrance gêne la relecture de la vie… La souffrance peut être de trois ordres: actuelle, révélée par l’Esprit Saint: «traumatisme concernant la conception, la naissance, la petite enfance» – sujet de méditation du retraitant Agapè…
Ce peut être encore une souffrance réactivée par «l’évocation des
thèmes abordés et la réouverture des blessures du passé à l’occasion des entretiens.»
La prière de consolation spirituelle se présente comme une urgence, pour éviter un découragement. La consolation spirituelle est un pur produit de la psycho-spiritualité: c’est un baume de compassion sur
la blessure, elle diminue la souffrance psychique, elle apaise la douleur affective…

{{Ceci pose deux questions:}}-

Comment un accompagnateur, formé selon les principes de l’Agapè, peut-il interférer sur des points aussi graves? On apprend en effet que «le dévoilement peut être si fort qu’il crée comme une
déflagration, voir même un effondrement psychique temporaire qui peut plonger la personne dans le désarroi et la révolte.» Et comment peut-on nier que certaines personnes soient traumatisées à vie?
La consolation divine n’a pas dû marcher comme il faut…

– Un certain rituel accompagne cette prière: la main sur l’épaule, après avoir évoque le traumatisme. Il faut une permission pour la faire et ne peut être confiée qu’à un accompagnateur confirmé.

{{Que fait-on à l’Agapè des normes données par l’Église en matière de prière pour la guérison ?}} Voir Instruction sur les prières pour obtenir de Dieu la guérison, publiée le 14 septembre 2000 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi6. Ce texte se termine pourtant par des
dispositions disciplinaires.

{{Prière de guérison spirituelle}}

Cette prière est aussi ecclésiale. «Elle demande au Seigneur de guérir une blessure et les réactions qui en dépendent, afin que la personne puisse vivre et assumer librement ses chois, qu’elle puisse aimer et pardonner.»
Il s’agit ici d’une personne freinée et bloquée: c’est une blessure intérieure qui paralyse.
Suit une page sur la blessure: précoce ou tardive, connue ou oubliée, mécanismes intérieurs, repliement sur soi, persistance de réactions de survie… A la différence de la prière de consolation, il n’y a pas urgence. Mais la prière de guérison est nécessaire «pour libérer la personne de ce qui l’empêche de vivre sa vie». La prière de guérison se manifeste par la visite du Christ auprès de «enfant blessé», elle s’oriente vers la blessure, elle est liée à un traumatisme subi et peut donc s’allier à la prière de consolation.
http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20001123_istruzione_fr.html

{{Suivent cinq pages sur le déroulement de la prière: un véritable rituel sauvage, entièrement étranger aux normes de l’Eglise pour les prières de guérison. Il s’y pratique des onctions d’huile sur les oreilles, à côté des yeux et sur la paume des mains, etc.
Comment se fait-il que le compte-rendu de l’audit n’en souffle mot?}}

Comment imaginer qu’un pareil chemin soit parcouru en six jours de retraite Agapè?
Et ce n’est pas fini: il reste encore deux chapitres à parcourir…

{{La délivrance}}

La délivrance est présentée d’entrée de jeu comme un «ministère de délivrance». Il est lié au «combat spirituel pour délivrer l’homme de l’emprise de Satan.» Nous sommes dans la perspective du combat spirituel qui a cours chez les évangéliques7.

Le ministère de délivrance provient d’ailleurs de l’Eglise évangélique. Comment l’avoir introduit dans l’Eglise catholique où le seul ministère de
délivrance est le ministère de l’exorcisme?

La suite du chapitre relève de l’exorciste diocésain, alors qu’il s’agit de laïc à l’Agapè. Après avoir décrit les diverses portes d’entrée, la prière de délivrance est longuement décrite.

«Cette prière ecclésiale participe au ministère d’autorité par lequel le Christ délivre une personne en chassant les mauvais esprits, en coupant les liens spirituels qui l’aliènent et l’éloignent de Dieu, afin
de lui rendre la liberté d’accomplir sa volonté. Elle est pratiquée par quelques accompagnateurs expérimentés et missionnés par l’Eglise.»

Relève de ce ministère de guérison le lien spirituel, l’oppression démoniaque, l’obsessiondémoniaque: toutes choses qui relèvent d’un exorciste. Contrairement à la prière de guérison, le rituel mis en place au Puy-en-Velay n’est pas décrit dans le livret. Probablement parce qu’il ne concerne pas tous les accompagnateurs…

Comment l’Eglise peut-elle donner mission pour pratiquer des exorcismes sauvages?

Comment le rapport d’audit reste-t-il muet sur cette question?

{{Conclusion}}

Après tout ce qui vient d’être dit, comment entendre la description de la formation à la libération intérieure avec son vernis spirituel?
«La Libération Intérieure désigne la sortie d’une situation d’esclavage et de dépendance. Nous sommes, souvent, aujourd’hui tributaires d’un vécu difficile qui ralentit et entrave notre cheminement spirituel, alors que nous sommes désireux de rencontrer le Seigneur.
Nous avons besoin de comprendre ce que le Seigneur veut guérir en nous, pour nous libérer des liens
qui nous coupent de Son Amour. La finalité de la Libération Intérieure est la guérison spirituelle qui invite au pardon et à la conversion de coeur dans la perspective du Salut.»

source :
http://mancilla.op.free.fr/Soeur%20Marie-Ancilla%20un%20ministère%20de%20délivrance%20dans%20l’Eglise
%20catholique.pdf
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