Entre les deux tours de la primaire de la droite, les finalistes ont fait ressortir leurs désaccords sur l’Etat, son articulation avec la société et l’économie. Pour Pierre ­Birnbaum, professeur de sociologie politique à l’université Paris-I et à l’Institut d’études politiques de Paris, il entrait certes dans ce duel une part de « posture ». Aux yeux de ce spécialiste de l’Etat, François Fillon et Alain Juppé n’en incarnent pas moins, à droite, « deux projets de société » et deux conceptions de la laïcité.

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D’un côté Alain Juppé, héraut d’un Etat fort et d’une société ouverte. « Passé par la voie royale de l’Etat républicain – lycée Louis-le-Grand, Ecole normale supérieure, agrégation de lettres, ENA, inspection des finances –, Alain Juppé incarne l’image même de la république des hauts fonctionnaires gaullistes qui met en place un Etat dirigiste, de Michel Debré à Jacques Chirac. L’ENA symbolise cet Etat fort », précise Pierre ­Birnbaum.

Dans cet Etat républicain, il fait aussi siennes les pratiques « d’accommodement raisonnable », celles qui ont permis le « respect des “petites patries” chères aux historiens Jean-François Chanet et Mona Ozouf, passant par l’emploi des patois par les instituteurs, les connivences entre le curé et l’instituteur, les absences tolérées le jour de shabbat… »

Par Cécile Chambraud
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