Son salon beige n’était plus jugé de bon goût aux côtés des fauteuils rouges du Sénat. Pour Jean-Claude Gaudin, le blog ultra catholique tenu par Guillaume de Thieulloy est incompatible avec son poste d’assistant parlementaire auprès de lui au palais du Luxembourg. “Je souhaite que nous nous séparions et nous allons le faire d’un commun accord le dernier jour du mois d’octobre”, confie le maire de Marseille, président du groupe UMP sortant.

Thieulloy est le directeur de diverses publications qui défendent des positions proches de l’extrême-droite comme le” Salon beige” ou encore “Riposte catholique”, un média sobrement qualifié” de réinformation”. À ses rédactions comme à Radio Courtoisie où il anime une émission ou encore au Sénat, il est resté injoignable en ce début de semaine.

“À un moment, il y avait beaucoup d’emmerdes avec Guillaume. C’est un type brillant mais certaines de ses positions ne pouvaient pas nous convenir”, justifie le sénateur et secrétaire départemental de l’UMP Bruno Gilles. Divers journaux se sont en effet chargés de souligner les libertés politiques prises par l’assistant parlementaire. Le Monde en octobre 2013 avait souligné ces prises de position islamophobes dans Islam confidentiel, une autre de ses publications. Le Canard enchaîné a aussi publié un article à son sujet ce mercredi et Le Ravi de ce mois-ci a documenté les saillies de Thieulloy.

“Je suis catho, pas intégriste”

Comme le rappelle le Ravi, il est aussi poursuivi en justice suite à un photo-montage où il comparaît l’éviction d’un militant de la Manif pour tous des jardins du Sénat à un jardin d’enfants “interdit aux juifs” en 1942. Certaines de ses prises de position ont ému des représentants de la communauté catholique proches du maire de Marseille dont les amitiés avec l’Église sont connues. S’il se défend d’appartenir à l’Opus Dei, il a admis en 2011 dans Le Point y avoir donné des cours et rencontrer “une à deux fois par an” ses représentants marseillais. Cela le rapproche-t-il des positions de Guillaume de Thieulloy ? Il s’en défend vigoureusement aujourd’hui : “Moi, je suis catho mais je ne suis pas catho intégriste : tout ça ne me convient pas.”

Il a pourtant pendant des années laissé agir Thieulloy en parallèle de son activité sénatoriale. C’était le sens de sa réponse écrite au Monde en 2013. Il y prenait ses distances sans pour autant condamner les propos de son employé : “L’activité spirituelle de Guillaume de Thieulloy est extérieure au Sénat. Tout comme chaque citoyen, il a droit d’exercer en toute liberté l’activité qu’il souhaite pendant son temps libre, comme le prévoit le code du travail”, avait-il alors avancé. Tout juste avait-il ajouté : “Je ne cautionne pas et ne suis responsable en rien des déclarations de Guillaume de Thieulloy qui porte seul la responsabilité de ses écrits et de ses propos.”

11 ans aux côtés de Gaudin

“Au début, ce qu’il faisait n’était pas gênant. Il a écrit deux livres sur Anagni et sur Jacques Maritain qui ne posaient pas de problèmes. Depuis quelques années en revanche, je ne suis plus en accord avec ses positions”, corrige-t-il aujourd’hui. Il jure que légalement, il était difficile de l’écarter en cours de mandat : “Le licencier au bout de onze ans à mes côtés aurait coûté extrêmement cher.” Les contrats d’assistants parlementaires sont des contrats de droit privé où l’élu employeur est personnellement responsable devant le tribunal des prud’hommes.

Jean-Claude Gaudin précise la situation : “Si je le licenciais, je ne pouvais pas réembaucher quelqu’un avant six mois alors que comme président de groupe, les obligations sont nombreuses. “Secrétaire générale de l’Union syndicale des collaborateurs parlementaires (USCP-Unsa) au Sénat, Florence Faye confirme cette ultime affirmation : “Il y a effectivement un délai. C’est une question comptable. Les parlementaires ont une enveloppe pour payer les assistants. Alors, pour qu’au moment d’un licenciement, ils n’aient pas à sortir de l’argent en dehors de cette enveloppe, un délai de carence s’applique avant de pourvoir à nouveau le poste. Sa durée correspond aux indemnités, notamment de préavis, qui ont dû être versées au collaborateur qui quitte le Sénat.”

Selon les calculs de Jean-Claude Gaudin, en écartant Thieulloy fin octobre, il ne sera en droit de salarier un remplaçant qu’à “la fin du mois de mars”. Déchargé de la présidence d’un groupe UMP perturbé en ce moment par une affaire financière, il n’embauchera finalement personne, assure-t-il aujourd’hui. Seul Claude Bertrand, son éternel directeur de cabinet à la mairie de Marseille, émargera alors au palais du Luxembourg.

source : Par Jean-Marie Leforestier

http://www.marsactu.fr/politique/gaudin-vire-un-collaborateur-catho-integriste-36361.html
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