Divinité et symbole du foyer et du feu sacré, Hestia était le surnom de l’une des femmes que le gourou Zeus accueillait dans son temple, route des lacs, à Gujan-Mestras. C’est là, au milieu de la forêt de pins, qu’un homme de 74 ans aurait abusé depuis plusieurs années de femmes de tous âges.

« C’est sous son toit qu’il aurait organisé des rites pervers accompagnés de mises en scène dans des bacchanales innommables. »

Depuis quelques jours, Zeus le tout-puissant a perdu de ses pouvoirs et de sa superbe. Il a été mis en examen par un juge d’instruction pour viols, abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne par dirigeant d’un groupement poursuivant des activités maintenant la sujétion psychologique ou physique des participants. À l’issue de sa présentation, il a été placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Gradignan et bénéficie toujours à ce stade de la procédure de la présomption d’innocence.

{{Sauvegarde de la planète}}

Les investigations ont débuté dans le courant de l’été 2013 à la suite d’une dénonciation parvenue aux oreilles de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Le procureur de la République de Bordeaux a été immédiatement alerté et a saisi l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP). Les premiers éléments de l’enquête ont confirmé l’existence d’une sorte de secte à Gujan-Mestras, dont le maître à penser se faisait appeler Zeus.

« Ses pensionnaires, isolées du monde extérieur, étaient dominées et ont subi de terribles épreuves »

Cet homme avait exercé comme guérisseur dans la région de Libourne au cours des années 90 puis s’est installé dix ans plus tard sur le bassin d’Arcachon où il a créé une association et mis en place une communauté dont il affirmait qu’elle participait à la sauvegarde de la planète et de l’humanité !

Véritable gourou, le septuagénaire se présentait comme un sage enseignant la philosophie grecque, en quête de recherche spirituelle. Son discours était dispensé auprès de femmes isolées, en rupture avec leur famille ou la société. Il les recevait dans sa maison qu’il qualifiait de temple. C’est sous son toit qu’il aurait organisé des rites pervers accompagnés de mises en scène dans des bacchanales innommables.

Ses pensionnaires, isolées du monde extérieur, étaient dominées et ont subi de terribles épreuves avant que l’une d’elles finisse par raconter ce quotidien qui lui a valu d’être une esclave sexuelle et ménagère.

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Un trône et des sceptres}}

La semaine dernière, dans le cadre de la commission rogatoire délivrée par un juge d’instruction, les enquêteurs de l’OCRVP, assistés de la brigade criminelle de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Bordeaux, ont interpellé le gourou à son domicile. Et, lorsqu’ils ont poussé la porte du « temple » situé dans un domaine où il propose d’autres logements à louer, ils ont découvert toute la panoplie du grand maître des lieux. Un trône, des épées et autres sceptres, emblèmes du pouvoir, ont été saisis par les policiers qui auraient également récupéré des documents compromettants, laissant à penser qu’il encaissait de l’argent de certaines de ses locataires dont il aurait abusé.

À ce jour, les policiers ont entendu quelques victimes. Deux ont déposé une plainte pour l’instant. Mais leur nombre serait semble-t-il bien supérieur. Car, parmi ses disciples, il y a celle que l’on surnommait Artémis, déesse de la chasse, chargée du recrutement destiné à assouvir les désirs de Zeus. L’enquête est loin d’être close.

sudouest.fr
Jean-Michel Desplos
http://www.sudouest.fr/2015/03/11/le-gourou-zeus-est-sous-les-verrous-1855351-2780.php