Le bébé est trop petit pour comprendre. Pas les écoliers qui y participent régulièrement. Parfois, les gens d’IMO tentent «d’opérer sur eux à distance». Parfois, ils sont sur place. Leurs parents espèrent régler ainsi toutes sortes de problèmes: coliques, crises, troubles de l’attention.

Pour les gens d’IMO, la maladie est «une déviation de ce que la personne a à vivre sur terre» et la guérison arrive grâce à des visions et des transferts d’énergie. «J’ai aidé beaucoup d’enfants de tous les âges. Même chez ceux qui ne sont pas encore capables de parler, je l’ai constaté au niveau du sourire», nous a déclaré l’un des piliers du groupe, que nous ne pouvons nommer pour protéger l’identité de son fils.

Comme bien d’autres enfants, son garçon a vu ses parents se disputer sa garde en cour. Dans leur cas, parce qu’ils ne partagent pas la même vision du monde.

«Mon fils, doit participer à des rituels contre son gré, sinon, son père le rabaisse et l’accuse de renier toute sa vie», affirme sa mère, de plus en plus perplexe. En maternelle, le garçon a décrété à son enseignante qu’on n’avait pas deux, mais trois yeux. Lorsqu’il est malade, son père le soigne parfois grâce à la spagyrie – une approche du XVIe siècle qui consiste, entre autres, à planter des graines selon l’emplacement des astres.

Il y a aussi les rituels dans le bois, les cercles de magie et les douches de lumière, s’inquiète la Montréalaise de 31 ans. «On dirait une secte sous le couvert d’une compagnie, s’exclame-t-elle. Mon fils est de plus en plus triste. Même l’école me pose des questions.»

Indigné, le père rétorque que l’intériorité a sa place. «Mon fils est manipulé au volet de sa spiritualité par sa propre mère, dit-il. Il est le premier déçu quand il manque nos partys spirituels.»

Récemment, la cour a maintenu la garde partagée.

Dans pareil cas, ce n’est pas toujours la bonne chose, dit la spécialiste du droit de la famille Carolle Tremblay. L’enfant déchiré entre deux visions de la vie souffre, explique-t-elle, entre autres, parce que le parent qui croit radicalement démonise l’autre.

Aussi présidente d’Info-secte, elle voit des situations autrement plus corsées. Au milieu des années 90, un ancien client s’est battu pour que ses enfants réintègrent l’école ordinaire, après avoir passé leurs premières années à la Mission de l’Esprit saint, secte voisine de Joliette.

«Même s’il a gagné, le mal était fait, souligne Me Tremblay. Les enfants étaient convaincus qu’on les envoyait dans un monde contrôlé par Satan.»

L’autre problème, c’est que les coûts des procès empêchent bien des parents de protéger leur enfant comme ils le voudraient, dit-elle. «Très souvent, ils abdiquent.»

le 28 septembre 2012
MARIE-CLAUDE MALBOEUF
La Presse

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