Ancien chef de file présumé des filières islamistes tchétchènes et vieille connaissance des services de renseignement, Menad Benchellali revient sur le devant de la scène de bien curieuse manière. La mairie de Goussainville, dans le Val-d’Oise, vient en effet d’annuler in extremis un soi-disant baptême qui cachait en fait un séminaire sur la «médecine traditionnelle», notamment via la lecture du Coran. L’événement devait se tenir dimanche dans les locaux de la Maison des jeunes et de la culture (MJC) avant que le premier magistrat de la ville, Alain Louis (PS, démissionnaire), ne mette le holà.

«Un arrêté d’annulation a été pris samedi par le maire pour des motifs administratifs, confirme la préfecture du Val-d’Oise. Il y avait une fausse destination d’utilisation de la salle louée pour l’occasion et une sous-location, car l’entrée coûtait 15 €.» De son côté, Menad Benchellali affirme qu’une bévue d’un employé municipal serait à l’origine de ce qu’il nomme un «quiproquo».

Condamné à dix ans d’emprisonnement en 2006
«Je ne vais pas m’opposer à une décision de l’État. La mairie a écrit que c’était un baptême sur le contrat mais la personne qui a loué la salle avait bien parlé d’une conférence», a-t-il affirmé à l’AFP, précisant qu’il était sorti de prison en 2012. Condamné à dix ans d’emprisonnement en 2006 pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», Menad Benchellali, Français né à Vénissieux (Rhône), figurait parmi les 26 islamistes présumés comparaissant à Paris dans le cadre du procès dit des «filières tchétchènes».

Arrêtés entre 2002 et 2005, tous étaient accusés d’avoir participé à un réseau d’acheminement de djihadistes vers la Géorgie dans le but de combattre en Tchétchénie et, pour certains d’entre eux, d’avoir projeté en 2002 un attentat à l’arme chimique ou biologique en France. Ancien d’Afghanistan, Benchellali, expert en explosifs, revenait de Géorgie quand il est apparu sur les écrans radar de l’ex-DST. Des perquisitions ont conduit à la découverte d’un laboratoire de fabrication d’un poison mortel, la ricine. L’ambassade de Russie, un magasin parisien, des commissariats de police ou encore la tour Eiffel figuraient au nombre des cibles évoquées.

Rappelant qu’il a purgé sa peine, Menad Benchellali précise qu’une cinquantaine de personnes étaient inscrites à son séminaire «tout à fait banal, sans trouble à l’ordre public». Fondé sur la Roqya, il visait à «soigner les maux du corps et de l’esprit par la phytothérapie, la psychologie, la religion, la lecture du Coran».

source : LE FIGARO.fr
par Christophe Cornevin