Comment la pandémie a favorisé les dérives sectaires.

Leur popularité a explosé avec la pandémie. Les « gourous 2.0 » ont trouvé dans l’épidémie de Covid-19 un terreau fertile pour répandre leurs théories controversées. Leurs discours inquiètent la Miviludes, l’organe de surveillance des dérives sectaires en France.

Il s’appelle Silvano Trotta, il est Strasbourgeois. Inconnu du grand public il y a encore quelques mois, cet ex-youtubeur a dopé son nombre d’abonnés depuis le début de la pandémie.

Chassé de Youtube, c’est désormais depuis les réseaux sociaux russes qu’il distille ses théories pour le moins controversées. Antivaccin, antimasque, opposé à la « dictature sanitaire », il est l’un des leaders du mouvement « antivax » en France. Son discours a séduit la Messine Sylvie Vernet, référente Grand Est du collectif Bon Sens, une association créée en septembre 2020 par Xavier Azalbert, directeur du très discutable site FranceSoir (qui ne compte plus aucun journaliste). « Avec d’autres, il est un relais de nos propres réflexions », explique-t-elle. « Ce sont des gens courageux, honnêtes, pas corrompus, qui ne vont pas dans le sens commun », abonde le Messin Pascal, lui aussi opposé à la vaccination.

Dans l’ombre du complotisme, l’ultra-droite « Les réseaux sociaux constituent un nouveau mode de dépendance sectaire » Ils démontent les fake-news sur les réseaux Puce 5G et médecines naturelles Comme Silvano Trotta, d’autres figures ont émergé avec la pandémie, comme Jean-Jacques Crèvecoeur ou Thierry Casasnovas.

Dans une vidéo vue plus de 300 000 fois, le premier affirme que les vaccins seraient vendus au bénéfice de Bill Gates, afin d’injecter un « gel nanotechnologique », ou une puce 5G. Le second promeut les bienfaits de « médecines naturelles » aux vertus prétendument miraculeuses contre la Covid. Des discours qui leur valent d’être dans le collimateur de la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

En pleine pandémie, ces « gourous 2.0 » ont trouvé un terreau favorable pour semer les graines de leur philosophie conspirationniste. « Les gourous ont été vite en action, surfant sur les peurs, les détresses , la morosité ambiante, les freins à la vie sociale », rapporte Lucienne de Bouvier de Cachard, cofondatrice de Secticide, association basée à Verdun agréée par le ministère de l’Éducation nationale et membre de la fédération européenne des centres de recherche et d’information sur le sectarisme. Leur parole est devenue sacrée, irréfutable. « Certains marchands de « bonheur » se sont fait auto-entrepreneurs, offrant via les réseaux sociaux des promesses de bien-être, de guérison, de développement […], n’hésitant pas à disqualifier la science, ses avancées, ses institutions. Ces « techniques » ouvrent la porte à des dérives sectaires quand elles font basculer un esprit rationnel vers la pensée magique, anesthésiant la perception des risques et favorisant la rupture avec l’environnement habituel, voire les liens familiaux », explique Lucienne de Bouvier de Cachard.

QAnon en embuscade Ces méthodes amplifient le sentiment d’appartenance à une communauté. « Il y a des codes, des éléments de langage. Ils partagent des valeurs et ceux qui n’y croient pas sont taxés de collabos. Il y a une binarité de la pensée : les bons d’un côté (eux) et les collabos de l’autre », décrit Yanis Malot, qui a étudié les communautés antivax en Bourgogne Franche-Comté. Le milieu complotiste est aussi un terreau fertile pour les mouvements plus obscurs. Le groupe Facebook Unic57 a par exemple partagé des contenus liés à QAnon, un mouvement d’extrême droite américain qui croit en l’existence secrète d’une organisation mondiale de pédophiles adorateurs de Satan qui contrôlent le monde. Et dont le rempart serait… Donald Trump.

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Par Damien GOLINI – 13 juil. 2021 à 05:00 | mis à jour le 13 juil. 2021 à 08:18 – Temps de lecture : 3 min | | Vu 1380 fois