[http://www.midilibre.com/articles/2010/06/01/A-LA-UNE-Un-voyant-une-tarologue-et-la-secte-financiere-1251909.php5
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L’enquête est toujours en cours, mais selon nos informations, elle donne déjà ce résultat édifiant : il y avait bien une organisation derrière les “bulles”, qualifiée de « secte financière » par les enquêteurs. L’affaire ouverte pour “escroquerie en bande organisée” est entre les mains d’une juge de Clermont-Ferrand, chargée de tout centraliser, parce que des millions d’euros sont en jeu.

« Pour la France, la base de départ c’était le Languedoc- Roussillon », révèle un gendarme. Deux personnes, même si elles s’en défendent, sont soupçonnées d’être en haut de la pyramide : un voyant d’Agde et une tarologue de Palavas. Cette dernière a reconnu avoir importé le système de Suisse et lancé les “bulles” dans l’Hérault avec une poignée de personnes gravitant autour d’activités para-médicalesn et parfois proche de sectes tels que Kryon.

Les “randonnées” se sont alors multipliées comme des petits pains. Des centaines de réunions chez les particuliers, autour d’un verre, avec un grand sourire de façade, ont permis le recrutement de joueurs avec comme base une charte d’entraide où il était question d’« aventure commune » pour « refaire circuler l’énergie, la joie, la solidarité ». Le système se calque sur les tontines africaines, mais les rêves d’humanitaire de certains participants ont fait long feu face à la logique mathématique : si quelqu’un mise 10 000 € et en gagne 80 000, huit en perdent 10 000 €…

Mieux, l’escroquerie était en fait à deux niveaux : ceux qui sortaient gagnants de la “bulle bleue”, étaient fortement incités (voire contraints) à s’inscrire au “bureau” de la “grande bleue” via une taxe à 18,75 % de ce qu’ils avaient touché, souvent 15 000 €.
« On leur faisait miroiter des gains encore plus importants, mais quasiment personne n’a gagné dans les grandes bleues. Au contraire, l’organisation a ainsi récupéré des centaines de milliers d’euros. La question maintenant est de savoir où est passé l’argent », résume un enquêteur. Des relevés de compte aux Bahamas ont été retrouvés lors des perquisitions. Et quelque 200 000 appels ont transité vers le “bureau”, via des numéros de portable correspondant aux pseudos Léo ou Lola.

Ce système avait un triple avantage : il permettait de contrôler toutes les “bulles” via des fiches recensant tous les gagnants ; des coordinateurs bénévoles de région étaient recrutés parmi ces bénéficiaires, ensuite chargés de régler les problèmes, d’animer les réunions et faire remonter l’argent pour la “grande bleue” ; les gagnants du premier niveau, toujours eux, ne pouvaient pas dénoncer l’escroquerie puisqu’ils étaient mouillés jusqu’au cou. Mais les victimes de la “base” se retournent désormais contre eux et ils sont obligés de rembourser sous peine de poursuites pénales.