Partout en France, des signataires d’une tribune sont poursuivis devant l’ordre des médecins par le syndicat des homéopathes pour non-confraternité. La riposte s’organise.


 
Granulés homéopathiques Boiron dans une pharmacie à Brest, en 2016.

Céline Berthié, 36 ans, est médecin généraliste à Cussac-Fort-Médoc (Gironde), deux mille habitants, à une heure de Bordeaux. Dans son cabinet, tous les jours, elle voit des patients qui ont eu recours à des formes de médecine alternative, cherchant des réponses à des maux qu’ils ne parviennent pas à soigner. « L’obscurantisme monte en médecine comme dans beaucoup d’autres secteurs. Les gens ne croient plus les sources fiables, et mélangent tout, constate-t-elle. Il y a des troubles que l’on soigne mal en médecine, l’anxiété chronique, le sommeil, la ménopause. Mais, lorsqu’un patient va voir un médecin, il a le droit de savoir si ce qu’on lui prescrit est de l’ordre de la science ou de la croyance. »

Le ton est direct, comme celui de la tribune qu’elle a signée, le 19 mars, dans Le Figaro, et qui lui vaut, jeudi 30 août, d’être convoquée à une conciliation devant l’ordre des médecins. Céline Berthié est assignée pour non-confraternité et non-respect du code de déontologie par le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF). La jeune médecin fait partie des 124 professionnels de santé (3 337 désormais) qui, jugeant les médecines alternatives, telle l’homéopathie, inefficaces, dangereuses, et coûteuses pour la « Sécu », demandaient aux pouvoirs publics et à l’ordre des médecins de « ne plus autoriser à faire état de leur titre les médecins ou professionnels de santé qui continuent à les promouvoir ».

Appelant aussi à ce que l’homéopathie ne soit plus remboursée, ils évoquaient « des charlatans en tout genre qui recherchent la caution morale du titre de médecin pour faire la promotion de fausses thérapies à l’efficacité illusoire ». Une tonalité jugée agressive et peu courtoise. La tribune a fait grand bruit, et la ministre de la santé a depuis saisi la Haute Autorité de santé pour qu’elle rende une évaluation.

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LE MONDE | • Mis à jour le | Par Laetitia Clavreul, Gilles Triolier (Rouen, correspondance), Claire Mayer (à Bordeaux) et Pascale Santi