Certes, a-t-elle reconnu devant le tribunal correctionnel de Paris, “nous ne sommes pas dans une affaire de secte”, mais “il y a plein d’aspects de ce dossier qui ressemblent étrangement à une secte”.

“On est bien là dans une manipulation mentale”, a-t-elle ajouté, avant de brocarder les pratiques “anti-déontologiques” de ce “charlatan”.

Durant le procès, a-t-elle rappelé, a été soulevé le postulat selon lequel “on ne peut pas être manipulé quand on est doté de capacités intellectuelles supérieures à la moyenne”, comme les deux parties civiles, avocate et consultant en management.

“C’est vrai qu’on peut s’étonner”, a reconnu la représentante du ministère public, mais “on peut être cultivé, avoir réussi dans la vie (…) et être vulnérable.”

Les méthodes de “sujétion psychique” employées par Benoît Yang Ting sont “des méthodes condamnables” et “nous avons un devoir de l’empêcher de continuer”, a-t-elle conclu, avant de requérir 18 mois de prison avec sursis et 100.000 euros d’amende.

Dans l’après-midi, la présidente Odile Madrolle s’était chargée de faire résonner dans le tribunal la voix du prévenu, absent à son procès pour raison de santé. La magistrate a lu à haute voix ses procès-verbaux d’audition.

“Ma vérité, c’est viser le bien de l’autre, donner sans attendre en retour”, résumait le psychothérapeute en 2008, des propos bien indigestes aux oreilles de Sophie Poirot et Bernard Touchebeuf qui, sous son emprise, lui auraient versé 238.000 euros pour l’une et 750.000 euros pour l’autre.

Quand les enquêteurs mettaient en cause sa méthode thérapeutique, qui impliquait pour ses patients de se déshabiller intégralement et de revivre des souffrances soi-disant enfouies, le psychologue répondait: “Ce sont mes patients qui choisissent cette méthode, c’est à eux de voir s’ils veulent y adhérer”. “Je n’impose rien”.

“J’ai le sentiment” d’une conspiration, disait-il. Pour lui, Sophie Poirot “ment parce qu’elle est manipulée, par Bernard Touchebeuf je présume”.

Durant l’enquête, le psychologue rappelait que l’argent était considéré comme “un outil depuis Freud”. Il facturait alors ses prestations 320 euros de l’heure et sanctionnait 50 euros chaque faute d’orthographe commise par ses patients dans leurs compte-rendus.

“Chacun pratique à son niveau”, considérait M. Yang Ting qui se glorifiait de nombreux succès: “j’ai reçu des alcooliques qui ont réglé leur problème avec l’alcool, j’ai reçu des drogués qui ont arrêté la drogue…” Sa conclusion: “je suis arrivé au sommet, du moins je le pense.”

Les parties civiles et plusieurs témoins ont quant à eux décrit l’emprise quasi-sectaire qu’aurait exercée sur eux durant des années Bernard Yang Ting, décrit comme un “gourou”.

“La thérapie de Yang Ting, c’est l’argent et le sexe, il n’y a que ça”, avait synthétisé mercredi Sophie Poirot, qui l’accuse d’avoir fait d’elle son “objet sexuel”.

“C’est parce qu’ils sont sous sa dépendance” que ces gens, qui sont pourtant éduqués, “vont pouvoir succomber à de telles sornettes”, a plaidé leur avocat, Me Olivier Hillel.

“C’est un ensemble qui a été monté de toutes pièces”, avait dénoncé plus tôt l’épouse du psychologue, Suzanne Yang Ting, contre laquelle a été requis 12 mois avec sursis. “Je ne comprends pas ce que je fais ici aujourd’hui”, avait-elle répété, assurant: “il y a beaucoup de personnes qui nous aiment”.

La décision a été mise en délibéré au 12 juin