Il faut appeler un chat un chat. Toute complaisance, ne serait- ce qu’en tentant d’enrober le phénomène dans des considérations trop iréniques, serait coupable. Il en va de l’intégrité morale et psychologique de personnes. Et parfois de leur survie. Pour le chrétien, le scandale est d’autant plus criant qu’une emprise exercée qui relève de la manipulation et peut conduire à la destruction, est menée au nom de l’Evangile. Il faut que cela cesse, et très vite. Car les dégâts humains sont importants.
Personne ne jouit de l’apanage exclusif de l’imposture et de la perversion. Au demeurant, le fait que de tels processus existent un peu partout n’exonèrent en rien l’institution catholique de balayer devant sa porte et de faire le ménage en son sein. Et mettons les points sur les « i » : de très graves dérives dans le cadre d’une visée thérapeutique psychospirituelle sont à déplorer au sein de la communauté des Béatitudes, peu épargnée il est vrai par des déviances de tous ordres, y compris par une affaire de pédophilie.
Si les hommes se taisent, les pierres finiront par crier. C’est pourquoi il faut donner la plus large diffusion possible au rapport qui sort ces jours-ci sous le titre suggestif de” Détournements de méninges”, oeuvre du Centre contre les manipulations mentales, fondé en 1981 par Roger Ikor. L’entreprise est ambitieuse mais également opportune et nécessaire : dresser un tour d’horizon des manipulations mentales dans le cadre
de l’emprise psychospirituelle, en particulier dans la communauté des Béatitudes. D’où l’appel lancé aux responsables ecclésiastiques de combattre énergiquement, et pas seulement en paroles au demeurant tardives, ce qui relève de l’abomination.

Cet ouvrage est à lire du début à la fin. D’une part, en raison des témoignages qui sont précis, circonstanciés, et surtout accablants. Mais aussi pour les analyses, parfois répétitives, mais toujours pertinentes, qui mettent en évidence l’ampleur d’une perversion de fond non seulement de la psychologie et du devoir de guérir mais aussi de l’anthropologie chrétienne.
Car au fond, c’est d’un grand mensonge dont il s’agit. Un mensonge
destructeur. Et qui ne le dénonce pas, devient lui aussi
un menteur. p Golias