En mars dernier, Rolf-Oliver Hertling, transporteur allemand de 50 ans, part en vacances en Autriche pour prendre un peu repos. A peine arrivé, un de ses employés l’appelle sur son téléphone portable : “Des néonazis travaillent chez nous. Les sites antifascistes se mobilisent sur Internet”, annonce-t-il à son chef. Les cinq collaborateurs incriminés appartiennent à des milieux néonazis et avaient publié sur le net, sans autorisation, des textes et des symboles racistes avec le logo de l’entreprise. La rumeur d’une “boîte à nazis” se propage à grande vitesse sur le réseau internet et commence à faire tâche d’huile.

Nuisible à son image

Pour l’entreprise de transport familiale fondée en 1865 près de Hambourg, c’est une catastrophe. En Allemagne, il est très mauvais d’avoir un quelconque rapport avec les milieux extrémistes. Une telle réputation peut ruiner l’image de marque. Les horreurs du national-socialisme sont toujours présentes dans les esprits. Rolf-Oliver Hertling décide immédiatement de licencier ses salariés néonazis. Les indemnités à verser sont astronomiques, mais il s’en moque. “Je voulais me débarrasser de cette peste à n’importe quel prix. Il s’agissait de sauver l’entreprise et la réputation de ma famille”, justifie-t-il. “Nous employons des gens de toutes les nationalités et de différentes religions. Pour nous, il n’était pas humainement acceptable d’avoir des collaborateurs avec des idées extrémistes.”

Mal intentionné

Le problème n’est pas réglé pour autant. Peu de temps après, le patron reçoit l’appel d’un client qui lui fait part d’un courrier anonyme sur cette affaire. Des journalistes de la télévision sont également informés par cette lettre. Rolf-Oliver Hertling est consterné : “Quelqu’un cherche à utiliser cette affaire pour discréditer mon entreprise en la faisant passer pour un nid de néonazis. Il est évident que les auteurs de cette lettre travaillent dans les locaux. Qui d’autre pourrait avoir accès à la liste des clients ?”

Obligé de se justifier

La réaction est de nouveau immédiate. Le patron appelle personnellement tous ses clients pour évoquer cette affaire. Par ailleurs, il publie une déclaration sur l’honneur dans laquelle il assure que les cinq néonazis ne travaillent plus dans l’entreprise et que Hertling est une entreprise qui condamne le racisme. La presse de Hambourg est surprise par la détermination du transporteur. “Hertling a montré un courage civil exemplaire. Notre respect !”, déclare le commentateur de la chaîne allemande publique de télévision NDR. Rolf-Oliver Hertling a finalement réussi à retrouver l’auteur de cette tentative de diffamation. Il avait fait une petite erreur en imprimant des documents avec son adresse e-mail. Le patron refuse néanmoins de le clouer au pilori. “Nous ne répondrons pas avec les mêmes armes”, dit-il.

source : http://www.flash-transport.com/news/international/1568367/1585868/infiltre_par_des_neonazis_un_transporteur_sauve_sa_reputation?alaune=true&isLogged=false

par Christophe Bourdoiseau