L’information judiciaire ouverte depuis mars 2014 et conduite par le procureur de la République de Pau Jean-Christophe Muller concerne des faits d’abus de vulnérabilité dans le cadre d’un mouvement à caractère sectaire, de violences sur mineurs concernant les conditions d’éducation et des faits de travail dissimulé.

{{Implantée depuis 1983 en France}}

Connue dans les Pyrénées-Orientales, la secte Tabitha’s place est installée depuis plus de 30 ans dans le petit village de Sus, où la communauté vit dans un château qu’elle définit elle-même comme “une cité-refuge sans remparts”.

La communauté, aussi nommée “Ordre apostolique (Therapeutic healing environment)”, est aussi connue depuis longtemps par les services de l’Etat. En 1995, la Commission d’enquête sur les sectes la listait comme un “mouvement sectaire de 50 à 500 adeptes”. La communauté est évaluée actuellement entre 120 personnes et 150 personnes, dont une cinquantaine d’enfants.

{{Un mouvement “fondamentaliste”}}

La mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) connait bien cette communauté. La Miviludes qualifiait dans un rapport en 2010 la secte Tabitha’s place de “mouvement religieux de type fondamentaliste et apocalyptique d’origine nord-américaine, qui justifie toute la vie par une lecture strictement littérale de la Bible dont l’étude doit être quotidienne et la connaissance des textes parfaite en toute circonstance.”.

{{Plusieurs condamnations}}

Avant les multiples interpellations de ce mardi, l’Ordre apostolique a eu affaire à plusieurs reprises à la justice :

En mars 2002, 19 membres de cette communauté ont été condamnés par la Cour d’appel de Pau pour “soustraction aux obligations légales des parents”, notamment refus de scolarisation et de vaccination de leurs enfants.
Fin 2001, un couple de parents adeptes de l’Ordre apostolique a été condamné par la cour d’assises des Hautes-Pyrénées à 12 ans de réclusion criminelle pour avoir volontairement privé d’aliments et de soins leur enfant alors âgé de 19 mois. Condamnation rappelée par la Miviludes dans un rapport en 2005.

Concernant l’information judiciaire ouverte en mars 2014, le procureur de la République de Pau Jean-Christophe Muller affirme disposer “d’informations données par un ancien adepte” de la secte.

Quatre enfants auditionnés et examinés par des médecins mardi ont été placés auprès des services sociaux après la découverte de “traces récentes de corrections physiques”.

{{Un mode de vie “rigoriste”}}

La vie de la communauté est régie par plusieurs règles notamment en matière d’éducation des enfants, comme l’a relevé la Miviludes.

“L’éducation reçue au sein de la communauté est rigoriste (…) Les enfants, non scolarisés, sont susceptibles d’être châtiés de façon corporelle et se voient ‘invités’ à refuser toute activité ludique”, a constaté la mission interministérielle lors de son déplacement à Sus (Pyrénées-Atlantiques).

Pas de médias audiovisuels, pas de journaux, pas de livres, pas de musique : pour la Miviludes, cette secte est en “rupture totale avec le monde”. Un constat qui contredit sensiblement la version officielle d’une communauté “sans remparts”.

source Edité par Jean-Luc Mounier
http://lci.tf1.fr/france/faits-divers/interpellations-dans-le-bearn-qui-est-la-secte-thabita-s-place-8622762.html