Trois hommes et une femme, soupçonnés d’avoir pris part à l’organisation de départs pour la Syrie afin d’y mener le jihad, ont été déférés au parquet de Paris et doivent être présentés à un juge qui pourrait les mettre en examen. La femme, âgée de 21 ans, et les trois hommes, 26, 27 et 28 ans, avaient été arrêtés au début de la semaine en région parisienne.

La police considère certains non comme de simples candidats au jihad mais comme des organisateurs. La femme interpellée et son compagnon sont soupçonnés d’avoir mis en place un système de faux crédit à la consommation dans le but de financer le jihad.

Le groupe organisait des entraînements dans la région parisienne et certains étaient en relation avec des «facilitateurs», ces Français présents en Syrie dont les services pensent qu’ils organisent l’arrivée de leurs compatriotes et leur affectation vers les zones de combat.

{{Liés au Front Al-Nosra affilié à Al-Qaïda}}

Une partie des membres du groupe était en lien avec le Front Al-Nosra, groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda en lutte contre le régime de Bachar al-Assad. Les enquêteurs s’intéressent notamment à leurs contacts avec un homme originaire de Lyon, actuellement en Syrie où il est parfois présenté comme un «émir» des Français partis y combattre.

Cet homme apparaît dans plusieurs procédures, comme celle des lycéens toulousains mis en examen en janvier après un court périple en Syrie en janvier ou celle du groupe d’une dizaine de jeunes Strasbourgeois du quartier de la Meinau dont au moins deux, des frères, sont morts dans des combats.

Par ailleurs, deux femmes et un homme ont été placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête distincte ouverte par le parquet de Paris en janvier après le probable départ d’une lycéenne avignonnaise de 15 ans pour la Syrie.

{{Un embrigadement par Facebook}}

Selon une source proche du dossier, l’une des deux femmes, âgée de 24 ans et vivant à Bagneux (Hauts-de-Seine), est notamment soupçonnée d’avoir hébergé cette adolescente qui a disparu en janvier après avoir déclaré partir faire le jihad en Syrie.

Les enquêteurs pensent que cette femme, mère de quatre enfants âgés d’un à sept ans, était sur le point de partir elle-même en Syrie pour y rejoindre son époux.

L’adolescente n’avait pas regagné son domicile le 23 janvier. Ses proches avaient relevé depuis septembre une radicalisation de son comportement, un fort absentéisme scolaire et un embrigadement par Facebook. Elle était aussi en lien via internet avec des personnes vivant en région parisienne et soupçonnées d’appartenir à la mouvance islamiste radicale.

{{Un phénomène inquiétant}}

Plusieurs centaines de Français sont partis ou ambitionnent de se rendre en Syrie pour y combattre les forces de Bachar al-Assad dans les rangs jihadistes. Il s’agit d’un sujet de préoccupation majeur des services antiterroristes français et une quarantaine de procédures judiciaires sont en cours.

Le ministère de l’Intérieur recensait en janvier près de 700 Français, ou personnes résidant en France, impliqués ou ayant été impliqués dans le conflit syrien. La mort d’une vingtaine de personnes parties de France combattre en Syrie avait alors été confirmée.

Par comparaison, entre 2001 et 2011, les services français avaient identifié une cinquantaine de combattants partis de l’Hexagone vers l’Afghanistan.

source : Le Parisien

http://www.leparisien.fr/international/video-syrie-quand-les-jihadistes-francais-fanfaronnent-devant-la-camera-27-03-2014-3714391.php

VIDEO. Syrie : le document choc sur des jihadistes français

Gaël Lombart | Publié le 27.03.2014, 09h57 | Mise à jour : 12h59

Mi-février, des jihadistes français en Syrie se sont filmés en train de vanter la guerre sainte. Des images que BFMTV diffuse jeudi. | Capture d’écran / BFM TV

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Une plongée dans l’horreur. Ce jeudi soir, BFMTV doit diffuser un document inédit sur le quotidien de jeunes Français partis faire le jihad en Syrie.

Des images dures, insoutenables si elles n’apparaissaient consciencieusement floutées à mesure que défilent les cadavres à l’écran.

Tournées mi-février par les jihadistes eux-mêmes, les vidéos ont été récupérées par deux journalistes français auprès de sympathisants de l’Armée syrienne libre, qui combat les jihadistes en Syrie. Elles montrent notamment des hommes s’exprimant alternativement en français et en arabe. «Avant, on traquait des jetskis, des quads, des motocross, (…) maintenant on traque les mécréants, les infidèles, ceux qui nous combattent, qui combattent l’islam», lance l’un d’entre eux, au volant d’un pick-up. Derrière, décrit le commentaire, un «traîneau rudimentaire» auquel sont accrochés «sept ou huit corps de civils et de rebelles syriens qui viennent d’être tués au cours de violents combats». Les cadavres sont conduits jusqu’à une fosse commune, au milieu d’un champ.

Macabre rituel

Ce combattant et ses camarades sont des fossoyeurs, selon Guillaume Lhotellier, l’un des auteurs du document interrogé par BFMTV. Une fonction subalterne qu’ils occupent au sein du mouvement de l’Etat islamique en Irak et au levant, une milice dissidente d’Al-Qaïda, jugée la plus radicale. Celle qu’on appelle «la brigade française», mais qui compte autant de Belges que de Français, a séjourné pendant plusieurs mois à Azaz, au nord de la Syrie. Dans cette ville située à 8 kilomètres de la frontière turque, la quarantaine de combattants a semé la terreur, décapitant des opposants sur la place publique et exposant leurs têtes. Un rituel qui pouvait se répéter plusieurs fois par semaine, d’après un témoin.

VIDEO. Le quotidien de jihadistes français en Syrie

La Syrie est devenue un «parc d’attraction, un immense terrain de jeux pour jihadistes», commente Guillaume Lhotellier. Beaucoup de ces jeunes, qui prennent le jihad comme un divertissement, «rigolent», «se moquent des cadavres», ont été embrigadés en regardant des vidéos sur Facebook ou YouTube. Si l’un des jeunes présents dans le document est aujourd’huimort au combat, rapporte le journaliste, les jihadistes francophones en Syrie forment une «main d’œuvre» qui se renouvelle quotidiennement.

On estime à plusieurs centaines le nombre de Français qui sont partis ou ambitionnent de partir combattre en Syrie dans les rangs jihadistes. Une quarantaine de procédures judiciaires sont en cours, selon les services antiterroristes français.

LeParisien.fr