Les candidats au jihad sont jeunes, hypersensibles et sont issus de la classe moyenne. Ce sont les conclusions d’un rapport sur l’embrigadement des jeunes Français partis faire le jihad, remis lundi au ministère de l’Intérieur. Dounia Bouzar, qui a dirigé cette étude, était l’invité de Jean-Jacques Bourdin.

C’est un rapport qui met à mal tous les préjugés que l’on peut avoir sur les jeunes candidats français au Jihad. Loin des caricatures, ces jihadistes français ne sont pas forcément des jeunes fragilisés socialement, mais sont majoritairement issus de classes moyennes. C’est ce que montre un rapport du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI), rendu public lundi. Les classes moyennes sont majoritaires (67%) et les milieux populaires (16%) ne sont pas plus représentés que les catégories socioprofessionnelles supérieures (17%). En revanche, les jeunes (de 15 à 21 ans) sont les plus largement touchés (63%). Le rapport montre également que c’est quasi systématiquement par Internet (91% des cas) que ces jeunes sont endoctrinés.

“Des enfants de fonctionnaires, d’enseignants”

Le rapport, demandé par le ministère de l’Intérieur, est le fruit de 6 mois de travail et d’une enquête auprès de 160 familles qui ont vu un de leurs enfants changer de comportement et/ou partis faire le jihad. Dounia Bouzar, directrice du “centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam” a dirigé ce travail, avec Christophe Caupenne, ancien chef des négociateurs du RAID. Elle était l’invité de Jean-Jacques Bourdin ce mardi.

“Le nouveau discours terroriste arrive à toucher des jeunes qui vont bien, qui sont de enfants de fonctionnaires, d’enseignants, de tous métiers de la classe moyenne. On peut être fils de médecins et embrigadé”, explique-t-elle. Dounai Bouzar nous apprend également que “80% des familles concernées se déclarent athées”, allant à l’encontre d’un préjugé qui veut que seules les familles pratiquantes seraient concernées.

“Des jeunes hypersensibles”

“Le seul point commun qu’on a trouvé chez les jeunes embrigadés, c’est un caractère d’hypersensibilité, poursuit Dounia Bouzar. Ce sont des jeunes qui se posent des questions sur leur existence, qui cherchent une cause et un idéal. Ce sont eux les proies les plus faciles. Les intégristes repèrent par Internet le jeune qui a fait un camp humanitaire au Burkina-Faso, par exemple. C’est comme s’il y avait des chasseurs de têtes qui les repèrent et tentent de les faire basculer petit à petit”. Pour se faire, “on détruit le contour identitaire du jeune, son histoire et son cœur aussi, pour qu’il ne soit plus attaché à sa famille et ses amis”.

Les chercheurs ont également découvert que les recruteurs islamistes utilisaient les codes et les personnages de jeux vidéos pour atteindre les jeunes. “Dans les vidéos endoctrinantes, ils reprennent des images subliminales de héros de jeux vidéos, comme ceux d’Assassin’s Creed ou de Call of Duty”.

Source :
http://rmc.bfmtv.com/emission/jihad-on-peut-etre-athee-fils-de-medecin-et-embrigade-847221.html

RMC Philippe Gril avec Jean-Jacques Bourdin Publié le 18/11/2014 à 08h11
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