Son corps mutilé de 101 blessures gisait dans la salle de bains à l’arrivée des secours. Kristy, un adolescent de 15 ans originaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), est mort le jour de Noël 2010 à Londres, torturé par sa sœur et son compagnon, âgés de 28 et 27 ans, qui l’accusaient de « sorcellerie ». Le procès des deux bourreaux, Magalie et Eric, tous deux originaires de la République démocratique du Congo, a débuté hier dans la capitale anglaise, dévoilant le récit effroyable d’une série de tortures sur l’adolescent et quatre de ses frères et sœurs. Frappé à l’aide de divers outils, dont un marteau, Kristy succombera noyé dans la baignoire du couple chez qui il venait passer les fêtes de fin d’année.

C’est le témoignage de l’une des sœurs de la jeune victime, Kelly, âgée de 20 ans, qui a permis de reconstituer le calvaire de l’adolescent. Durant quatre jours, Kristy a été mutilé à de multiples reprises. Son corps était couvert de coups de marteau, couteaux, barre de métal, bâtons et paires de pinces. Des tortures exécutées alors qu’il était privé d’eau et de nourriture. « Il souffrait tellement qu’il a fini par supplier qu’on l’achève », selon le récit du procureur. Le jour de Noël, le jeune garçon est emmené dans la salle de bains. Son bourreau lui plonge la tête dans l’eau jusqu’à la mort, mettant fin au supplice.

Comble de l’horreur, le cauchemar de Kristy s’est déroulé sous les yeux de quatre de ses frères et sœurs, forcés de participer aux tortures sous peine d’être eux aussi frappés. Kelly racontera qu’elle devait casser des briques en céramique sur la tête de son jeune frère sous la menace d’un couteau. La jeune fille sera finalement battue avec un bâton de bois, et violée. Kristy, lui aussi, subira une agression sexuelle de la part de son tortionnaire. Magalie, la compagne d’Eric et l’aînée de la fratrie, finira par prévenir la police, assurant que son jeune frère s’est noyé accidentellement dans la baignoire.

Evoquant une « cruauté indicible », le procureur a expliqué aux jurés que le couple croyait l’enfant possédé par le « kindoki », une figure diabolique issue des croyances de certains chrétiens du Congo. « Les accusés ont voulu pratiquer une forme d’exorcisme en usant d’une extrême violence », a-t-il ajouté. Les deux accusés ont plaidé non coupables des faits de meurtre, soutenant la version d’un homicide involontaire.

Dans l’immeuble de Montreuil, où vivaient Kristy et sa famille, le drame était connu du voisinage. « Nous avons reçu la visite de policiers qui souhaitaient en savoir plus sur eux, raconte un voisin. Ils sont arrivés ici il y a trois ans. Ils se sont toujours bien comportés et n’ont jamais fait parler d’eux. » Le père de Kristy, menuisier, s’occupe d’une entreprise d’aménagement intérieur dans laquelle Kelly est aujourd’hui associée. Seul point de détail relevé par le voisinage, « ils vont tous les dimanches à la messe avec de beaux habits », souligne une habitante. Contactée, les parents n’a pas souhaité nous répondre.

Source : http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/juges-pour-avoir-tue-un-ado-lors-d-une-seance-d-exorcisme-06-01-2012-1798951.php
par Thibault Raisse | LE PARISIEN 06.01.2012