NAIROBI (AFP) — Au moins quatorze personnes ont été tuées lundi au Kenya dans des violences impliquant des membres de la secte interdite Mungiki qui protestaient contre le meurtre de l’épouse du leader de ce gang actuellement en prison, a-t-on appris de sources policières.

Selon la police, cinq personnes sont mortes à Nairobi, cinq dans la province de la Vallée du Rift et quatre dans la province Centrale, où des membres présumés des Mungiki ont érigé dans la matinée des barrages et jeté des pierres sur les automobilistes.

Au total neuf membres présumés des Mungiki ont été abattus par la police, trois civils ont été tués par des Mungiki et deux personnes ont été lynchées par une foule en colère à Eldoret (Vallée du Rift), a-t-on précisé de source policière.

Ces violences ne sont pas liées aux troubles politico-ethniques qui ont suivi les élections du 27 décembre et ont fait au moins 1.500 morts et plus de 300.000 déplacés, ont affirmé plusieurs sources policières.

“Nous contrôlons la situation et nous avons déployé des membres des forces sécurité” pour rétablir l’ordre, a assuré le porte-parole de la police, Eric Kiraithe. “Une opération d’envergure a été mise sur pied à travers le pays contre ce gang criminel (…) Nous voulons leur envoyer le message déterminé que personne ne sera épargné dans cette opération. Ils regretteront ce qu’ils sont en train de faire”, a ajouté M. Kiraithe.

Le corps de la femme du chef emprisonné de la secte interdite des Mungiki a été retrouvé mutilé vendredi, avec trois autres cadavres dans le centre du Kenya. Elle avait été enlevée mardi.

“Qu’il soit bien clair que la police n’a rien à voir avec le meurtre de Virginia Nyakio et de son chauffeur. Les éléments réunis pour le moment montrent que les deux ont été tués à la suite de désaccords au sein du gang”, a assuré le porte-parole de la police.

Le porte-parole des Mungiki, Njuguna Gitau, a réagi en assurant que le mouvement, déclaré illégal en 2002, continuerait à faire valoir ses droits malgré la “brutalité de police”.

“Je veux confirmer que nous sommes ceux qui ont appelé à la désobéissance civile nationale et aux protestations massives. Nous ne nous calmerons pas. Nous ne sommes pas des lâches et la police devrait bien le savoir” a insisté Njuguna Gitau dans une déclaration.

Les responsables des Mungiki ont affirmé à des médias kenyans qu’ils vengeraient la mise à mort de leurs membres.

Le chef des Mungiki, Maina Njenga, a été incarcéré en juin 2007 pour purger une peine de deux ans pour détention de cannabis, les autorités ne parvenant pas à prouver sa culpabilité dans les meurtres dont il est soupçonné.

La secte Mungiki (“foule” ou “multitude”, en langue kikuyu) est accusée d’au moins 43 meurtres – dont une dizaine par décapitation – depuis mars 2007, notamment dans les bidonvilles de Nairobi et dans le centre du pays.

Les Mungiki, essentiellement des jeunes chômeurs de l’ethnie kikuyu, la principale du Kenya, se réclament des guerriers Mau Mau qui se sont illustrés lors de la guerre d’indépendance du Kenya.

Ces violences interviennent au lendemain de l’annonce d’un gouvernement de coalition au Kenya destiné à sortir le pays d’une crise post-électorale majeure.

AFP