La présence salafiste ne se manifeste, en effet, pas uniquement par les accoutrements de celles et ceux qui se revendiquent, presque en public, de cette «mouvance», mais également par des positions politiques, au point où une enquête sur «l’emprise» de cette mouvance sur la rue et, particulièrement, sur les électeurs, a été commandée aux renseignements généraux (RG), relevant de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN).
La crainte exprimée hier par l’inspecteur général du ministère des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a été ressentie par l’Etat algérien au lendemain de l’annonce des résultats des élections législatives de 2012. Un leader salafiste avait, rappelle-t-on, appelé à la participation aux élections, mais pour voter à blanc.
Une enquête avait été, à l’époque, demandée aux RG pour savoir si toutes celles et tous ceux qui ont voté à blanc l’ont fait à l’appel de ce dernier, avons-nous appris de source sûre. L’enquête devait permettre de savoir si le salafisme comptait 1,5 million d’adeptes en Algérie.
Le leader en question, faut-il le rappeler, n’avait pas rejoint le FIS dissous dans son appel au boycott de ce rendez-vous électoral. Il pouvait faire dans la manipulation en faisant croire que «l’ensemble des votants à blanc appartiennent à la mouvance au nom de laquelle il animait des prêches dans une des mosquées d’Alger, à Kouba plus exactement.
La demande de cette enquête exprimait déjà les craintes ressenties par les pouvoirs publics par rapport à la montée du salafisme en Algérie.
Des craintes confirmées hier par l’inspecteur général du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs qui, dans une intervention sur les ondes de la radio Chaîne III, a exprimé les inquiétudes de l’Algérie quant à l’apparition, dans le pays, de «courants salafiste, wahhabite, chiite, ahmediste ou takfiriste».
Ce responsable au ministère des Affaires religieuses a estimé que «la manifestation de ces sectes ne peut être analysée que comme une invasion étrangère».
L’inspecteur général du ministère des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a ajouté que «ces sectes visent à déstabiliser le pouvoir en place, au Maghreb et dans le monde arabe», puisqu’«elles tentent de s’organiser en courants politiques». Dans son intervention à cette chaîne de radio, il a, comme exemple, cité l’ahmedisme qui, selon lui, est «une secte qui a une complicité avec des forces étrangères, comme le sionisme international».
Les salafistes en Algérie, dont une partie «appartenait» à l’ex-FIS, sont omniprésents sur la toile, avec des milliers de «commentaires» enregistrés quotidiennement. Le salafisme en Algérie se dispute parfois des «lieux de chasse» au chiisme, au wahhabisme et au takfirisme, comme le démontrent certaines enquêtes menées par les services de sécurité et communiquées aux plus hautes autorités du pays.
source : 12-05-2013
Le emps d’Algérie EDITION DU MARDI 14 MAI 2013