Si l’on se réfère au dernier rapport de la Miviludes en France, inspiré par le CIAOSN belge, nous n’en serions qu’à l’annonce de la 183ème fin du monde depuis l’effondrement de l’empire romain… ce qui prouve clairement le manque de validité de tout pronostic.

Quelques échecs retentissants aux conséquences dramatiques

Sans remonter très loin dans le temps, il faut se remémorer les conséquences des dérives criminelles et meurtrières de cette croyance en l’Apocalypse prochain. Faut-il rappeler les 76 morts de l’Ordre du Temple Solaire en Suisse, au Canada et en France entre 1994 et 1997 ? Le suicide collectif des Davidiens à Waco au Texas attendant la fin des temps pour 1995 et dont le siège par la police occasionna 87 morts dont 17 enfants mais aussi de 14 policiers ? Se souvient-on encore des morts dans le métro japonais par la secte Aoum annonçant la fin du monde en 1997 et dont le leader exprimait la haine envers la société japonaise ? Et encore bien d’autres mouvements sectaires comme celui du Temple du peuple de Jim Jones en Guyane (914 suicides collectifs en 1978) ou du groupe chrétien de la milice Hutaree (soldat du Christ) de la fin du monde aux Etats-Unis.

Pourquoi cette crédulité ?

Devant l’Apocalypse qui s’annonce en raison du mal et de la corruption, les mouvements sectaires affirment que seule une petite minorité sera sauvée sur terre et exploitent les peurs de leurs adeptes en leur promettant le bonheur ailleurs. Ce nouveau sens donné à une vie centrée sur l’amour et la solidarité pourra être concrétisé en certains lieux épargnés, comme dans le village de Bugarach en France. Outre les peurs personnelles et la fragilité de certains individus, il est habituel d’insister sur notre époque caractérisée par des catastrophes climatiques, des crises économiques et financières qui encouragent la foi en des scénarios de fin du monde.

Les technologies modernes de l’information et des télécommunications renforcent ces discours de fin prochaine et les banalisent. Ainsi, le film «2012», réalisé par Roland Emmerich, traite de «l’héroïque bataille d’un groupe de survivants à la suite d’un cataclysme planétaire…». De même, le rapport de la Miviludes affirme qu’un moteur de recherche sur Internet référençait 2,5 millions de pages sur ce thème en décembre 2010.

Quelles conséquences criminelles ?

Ces annonces de fin du monde constituent un filon qui rapporte beaucoup d’argent aux gourous ainsi qu’à certaines entreprises industrielles vendant par exemple des abris anti-apocalypse et des kits de survie. La fin du monde étant imminente, les adeptes prennent des dispositions nécessaires à leur salut et donnent leurs biens au leader charismatique et omnipuissant, empruntent sans crainte de ne pouvoir rembourser et enfreignent les lois puisque la justice des hommes ne pourra plus rien contre eux. Et si l’annonce n’est pas vérifiée, elle sera alors vécue comme un simple retard, reportée à une date ultérieure, ou comme un bouleversement non visible survenu au plan spirituel. Heureusement tous les mouvements n’envisagent pas le 21 décembre 2012 comme l’Apocalypse mais comme une nouvelle ère de vie, même si la mort sera présente lors de ce passage. C’est ce genre de message enseigné par Ashtar Sheran, extraterrestre dont l’enseignement est diffusé dans la région de Charleroi par G. Van Tassell, et qui demandait à ceux qui sont prêts d’embarquer avec lui … en juin 2003.

En conclusion, le risque est grand de voir ces groupes sectaires et millénaristes substituer leurs propres règles à celles de la société – et parfois d’agir avec des stocks d’armes contre les autorités du pays – d’entraîner à un moment donné leurs adeptes dans des comportements criminels, mettant en danger l’intégrité physique des personnes. Certains signes doivent attirer l’attention : la doctrine incluant une perspective millénariste ou messianique, le fonctionnement du groupe où le leader fait l’objet d’un culte, l’isolement familial et une totale dépendance des individus, la diabolisation ou dualisation de la société vue comme le siège de tous les maux, conviction de former le petit noyau d’élus et constitution de réserves de survie, rejet des arguments scientifiques, hystérie collective, etc.. Pour lutter contre ces groupes sectaires, la formation des fonctionnaires publics, la mise en oeuvre d’une veille informatique et une prise de conscience collective des risques sont indispensables… avant le 21 décembre 2012 !

Source: http://www.ciaosn.be
par Gérard De Coninck
Docteur en criminologie
http://www.secunews.be/fr/news.asp?ID=1180