Dans un sondage de 2010 pour le compte de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), plus de 20% des Français disaient connaître personnellement au moins une personne ayant été victime de dérive sectaire. Le chiffre fait froid dans le dos, mais n’est pas exagéré, « même s’il existe divers degrés d’embrigadement, et que beaucoup de personnes s’éloignent de leur plein gré après quelques mois », relève Serge Blisko, président de la MIVILUDES.
Le phénomène est beaucoup plus présent qu’on ne le pense, et on en met de plus en plus en évidence, souvent de petits groupes », complète Catherine Picard, présidente de l’Unadfi (Centre d’accueil, d’étude et de documentation sur les mouvements sectaires qui défend les familles de victimes de sectes), et coauteur de la loi qui a permis de créer, en 2001, un délit spécifique d’abus de faiblesse par « sujétion psychique » puni de cinq ans d’emprisonnement. Néanmoins, certains estiment qu’on pourrait aller plus loin, notamment en allongeant la prescription, qui est de trois ans. « Un membre de secte ne comprend que tardivement qu’il a été victime, et c’est souvent trop tard », regrette Me Rodolphe Bosselut, avocat spécialiste.

Autre problème de taille : les plaintes pour abus de faiblesse ne peuvent être déposées que par les victimes directes. « Or on a déjà eu des cas où des gens sont restés vingt-deux ans sous emprise! » souligne Me Daniel Picotin, qui suggère la création d’un nouveau délit de « manipulation mentale » qui permettrait aux familles d’adeptes de porter plainte. « Mais le plus difficile dans ces affaires, c’est d’apporter les preuves de cette manipulation », met en garde Catherine Picard, qui milite surtout pour que l’actuelle loi soit plus souvent appliquée, et les professionnels (policiers, magistrats) formés afin de mieux déceler le phénomène et déclencher les poursuites appropriées.

sourece : LE PARISIEN du 22/01/2013