CLICANOO.COM | Publié le 28 avril 2009

Début 2003, l’aura de Juliano Verbard est à son summum. Des centaines de personnes se déplacent pour voir le jeune voyant parler avec la Vierge (photo d’archives). Avec ce nouvel épisode, les tribulations de Juliano Verbard inspireraient n’importe quel romancier en mal de sensations. L’homme fêtera ses 27 ans à la fin de l’année et possède déjà un palmarès à faire pâlir plus d’un bandit de grand chemin. En 2002, alors âgé de 20 ans, le Petit Lys d’amour n’était qu’un jeune voyant prétendument capable d’entrer en communication avec la Vierge. Retour sur les grandes étapes de sa transformation.

{{1- La révélation}}

Début 2002, une statue de Notre-Dame de Fatima exposée chez un particulier dans le quartier de Savannah, à Saint-Paul, se met à exsuder de l’huile. Des réunions de prières ouvertes à quelques initiés s’organisent autour d’un jeune homme de 20 ans autoproclamé depuis deux ans « confident » de la Vierge. L’information circule de bouche à oreille. En juillet 2002, Mgr Aubry refuse de porter une quelconque appréciation sur le phénomène. L’attention se porte sur Notre-Dame de Fatima et non sur le jeune garçon. Le 12 novembre de la même année, près de trois cents personnes assistent à l’apparition de la Madone de la Réparation à Juliano Verbard, à Savannah au lieu-dit l’Oasis de la paix. Le mouvement prend de l’ampleur. Chaque mardi et chaque vendredi, l’Oasis de la paix accueille les fidèles pour une séance de prière.

{{2 – La condamnation par l’église}}

Le 16 novembre 2002, Mgr Aubry dénonce, dans nos colonnes, les dérives sectaires du mouvement. Selon lui, le jeune homme est sous l’influence d’un groupe de prière déjà condamné par l’Eglise dans le passé pour de telles pratiques sectaires. À la question « Avez-vous rencontré le jeune homme ? », il répond à l’époque : « Bien sûr que je l’ai rencontré. Il m’a paru sincère, mais dans une situation aussi passionnelle que celle-là, la sincérité ne suffit pas. … Ce jeune homme, soidisant voyant, est en relation avec des gens, qui par le passé, ont fait l’objet de condamnation de la part du diocèse. … Ce qui se passe à Saint-Paul est dangereux. »

{{3 – La dérive du gourou}}

Entre le 1er janvier et le 9 août 2003, le Petit Lys d’amour décuple son aura au sein de la secte qu’il dirige. Il commet des viols et agressions sexuelles sur deux jeunes mineurs de la secte, âgés de 9 et 13 ans. L’un d’eux est un enfant de choeur, la seconde victime est son petit frère. Juliano Verbard oblige ses victimes à garder le silence en leur répétant qu’ils seront punis par Jésus s’ils relatent les faits. La mère des enfants, qui est la trésorière de l’association, dépose plainte et rompt avec le mouvement.

{{4 – La justice s’en mêle}}

En août 2003, Juliano Verbard est placé en garde à vue et auditionné. Il ne reconnaît pas clairement être l’auteur des viols. Il évoque un conflit au sein de l’association religieuse et un complot organisé par la trésorière qui n’est autre que la mère des deux enfants abusés. Il est placé en détention provisoire à la maison d’arrêt Juliette-Dodu. Le 6 août 2004, il quitte la prison, placé sous contrôle judiciaire.

{{5 – Le procès}}

Le 23 octobre 2006, le procès s’ouvre avec un box des accusés vide. Depuis sa libération, le jeune gourou est introuvable. Jugé par la procédure de défaut criminel, il est condamné à quinze ans de réclusion criminelle. Son nom est inscrit au fichier des criminels recherchés. La justice a désormais vingt ans pour retrouver Verbard et le rejuger avant que la condamnation ne soit prescrite.

{{6 – Une nouvelle affaire, des complices arrêtés}}

En avril 2007, une nouvelle affaire donne un coup d’accélérateur aux recherches. Une assistante sociale signale un enfant portant des traces de brûlures suspectes sur le corps. L’enfant a également été abusé sexuellement. Auditionnés, les parents de l’enfant expliquent être membres de la secte et avoir pratiqué eux-mêmes les brûlures, sur indication de Juliano Verbard. Le gourou est alors traqué dans toute l’île. Plus de vingt points de chute sont visités. Sept personnes sont interpellées et mises en examen pour « recel de malfaiteur ». Mais le Petit Lys d’amour reste introuvable.

{{7 – Les deux enlèvements d’Alexandre}}

Lundi 9 juillet 2007, Alexandre, âgé de 12 ans, disparaît du domicile de ses parents. Le garçon n’a jamais fugué et réapparaît le lendemain en début d’après-midi. Les gendarmes retrouvent son ravisseur, Guillaume Maillot, membre de la secte et découvrent la planque du Petit Lys d’amour dans le quartier de Bagatelle, à Sainte-Suzanne, où le gourou devait pratiquer un exorcisme sur le jeune adolescent. Vendredi 5 août 2007, Alexandre est de nouveau enlevé par un commando armé au domicile de ses parents. Pendant deux jours, une traque s’engage. L’enfant a été désigné comme le successeur du gourou. Les autorités craignent sérieusement pour son intégrité et déclenchent le plan Papangue.

{{8 – L’arrestation de l’ennemi public numéro 1}}

Le dimanche soir 7 août 2007, la planque de la secte est découverte au Tampon. Alexandre est sain et sauf. Les adeptes et le gourou sont incarcérés. Tous sont placés en garde à vue et auditionnés par les enquêteurs de la sûreté urbaine départementale. Juliano Verbard est emprisonné au Port avec son amant Jean-Fabrice Michel. En février dernier, il est transféré dans le nouveau centre de détention de Domenjod Frédérique Seigle Deux tentatives précédentes avortées Juliano Verbard avait déjà tenté par deux fois de s’évader, deux tentatives fomentées et préparées par ses adeptes. La troisième fut la bonne. En août 2003, Juliano Verbard est placé en détention provisoire à la maison d’arrêt Juliette-Dodu. Il est mis en examen pour « viol et agression sexuelle » sur mineur de 15 ans. Quelques mois plus tard, le 28 octobre, il se confie en pleurs à un gardien. Il affirme avoir été violé par un codétenu sous les douches. Le 15 novembre 2003, il est hospitalisé au CHD de Bellepierre et tente de s’évader. Deux de ses disciples aspergent avec une bombe lacrymogène le policier qui garde la chambre de sûreté du jeune homme. La tentative échoue. Juliano reconnaît alors avoir menti pour bénéficier d’une hospitalisation. Il sera condamné à cinq mois de prison pour cette tentative avortée. Trois mois plus tard, dans la nuit du 11 au 12 février 2004, un complice parvient à lui remettre deux lames de scie à métaux au parloir. Démasqué par un gardien, il est jugé en comparution immédiate et condamné à huit mois de prison ferme. Condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour viol et mis en examen pour deux autres affaires criminelles, Juliano Verbard savait qu’il passerait le reste de sa vie derrière les barreaux. Le jeune gourou a profité de son statut pour fomenter une évasion spectaculaire à laquelle personne ne s’attendait.

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