Le créateur de l’Eglise de scientologie a écrit un livre phare. Les mérites de cet ouvrage ont fait l’objet d’une publicité dans «L’Onésien», une revue publiée par l’Association des intérêts d’Onex qui est subventionnée à hauteur de 30 000 francs par an par la Mairie de la commune.

{{MAUD CARLUS | 13.11.2008 | 00:00}}

A Onex, on se serait bien passé d’une affaire pareille. Les faits remontent à mai, lorsque l’Onésien, la revue de l’Association des intérêts d’Onex, signe un contrat publicitaire avec un annonceur. Jusque-là, rien de surprenant.

Oui mais voilà, l’annonceur en question est l’Eglise de scientologie, qui s’est présentée comme l’Ecole de scientologie de Genève. Pas plus choqué que ça, le publiciste Jean-Pierre Roman. «Cela ne m’a pas posé de problème de conscience», précise-t-il.

{{Une pub qui dérange}}

Denis Pasche, conseiller municipal Vert et président de l’association, découvre alors le pot aux roses. Un petit encart vantant les mérites du livre phare de L. Ron Hubbard, créateur de l’Eglise de scientologie. «Evidemment, j’étais embêté, explique Denis Pasche. J’ai demandé au Conseil municipal ce qu’il convenait de faire. Mais rompre un contrat, c’est long et coûteux. On a décidé de ne pas bouger, en revanche cela ne se reproduira pas. De toute façon la dernière pub est passée.»

Ne pas ébruiter l’affaire donc, et attendre que ça se tasse. «Sauf que l’Onésien est subventionné à hauteur de 30 000 francs par an par la mairie», rappelle Yvan Zweifel, de l’union libérale-radicale, qui voit d’un mauvais œil que l’on assimile la commune à la très controversée scientologie, perçue par beaucoup comme une secte.

{{Une entreprise commerciale}}

Dans le canton de Genève, la législation impose une «neutralité confessionnelle». Or, une décision du Tribunal fédéral a défini la scientologie comme une entreprise commerciale, «Il n’y a pas d’illégalité», assure Me François Bellanger, président du Centre intercantonal d’information sur les croyances. Reste que la commune semble être dans le collimateur de la scientologie.

Stéphane Jeanrenaud, directeur de Canal Onex, la chaîne locale, a lui aussi été approché en octobre afin de diffuser une publicité. «Quand j’ai vu le contenu, j’ai tout de suite coupé court aux négociations, question d’éthique.» Coïncidence? Sûrement pas. «Ils m’ont envoyé une invitation pour une conférence en novembre qui se déroulera… dans une salle de la mairie d’Onex», poursuit Stéphane Jeanrenaud. «Vous me l’apprenez!» réagit Anne-Carole Kast, conseillère administrative. Ce doit être une négligence, on n’a pas dû vérifier l’identité de celui qui a fait la demande de location.»

S’il y a une forte communauté scientologue à Onex? «Je ne sais pas», avoue-t-elle. Mais l’Eglise de scientologie le sait, elle: «Nous avons beaucoup de membres à Onex», aurait-elle confié à Jean-Pierre Roman.

http://www.tdg.ch (La tribune de Genève)