« Psy et spi » ne font pas toujours bon ménage. Et la confusion des plans est dangereuse. Samedi, Mgr Michel Santier, chargé notamment du Conseil épiscopal pour les nouveaux courants religieux, n’y est pas allé par quatre chemins, devant les évêques. « Il est de notre responsabilité d’opérer un discernement pour éviter les dérives », leur a-t-il expliqué. De fait, les sessions dites « psycho-spirituelles » se développent à grande vitesse. Parfois, avec des « conséquences désastreuses » pour des personnalités fragiles.
« Or, lorsqu’elles sont organisées dans le cadre de mouvements ou d’un diocèse, les gens y voient la caution de l’Église », prévient encore Mgr Santier, qui rendait compte d’une réflexion élaborée sur ce sujet par le Conseil. S’alarmant de plaintes déposées par des familles, ce dernier a mené un travail, après consultation de théologiens, psychologues, praticiens, visant à produire un document proposant des éléments de jugement aux évêques.
« Un nombre significatif de participants à ces sessions, après une brève période d’amélioration, vit ensuite une décompensation, qui peut avoir des effets destructeurs, pour eux et leurs familles », observe Mgr Santier, qui refuse cependant de « tout condamner » et n’a pas donné d’exemple précis. On sait néanmoins que des critiques se sont fait jour à propos de certaines sessions « Agapé », au Puy-en-Velay, ou des retraites psycho-spirituelles organisées par la communauté des Béatitudes.
For interne et for externe
Le groupe de travail s’est attaché à étudier plusieurs points problématiques : d’abord, la confusion qui se fait parfois entre le for interne et for externe, dont la séparation est un principe traditionnel de l’Église, qui refuse que l’on confonde les rôles de conseiller spirituel ou confesseur et de supérieur hiérarchique. Ensuite, l’attention sur la distinction nécessaire entre les domaines psychologique et spirituel : « La vie spirituelle ne peut être le résultat d’un mieux-être psychologique », explique encore Mgr Santier. Le groupe de travail s’est aussi alarmé de l’amateurisme lors de l’utilisation de méthodes psychologiques, et l’absolutisation de certaines techniques. Enfin, le groupe a réfléchi à la place des sacrements, sacrements des malades et de la réconciliation, « utilisés comme techniques de guérison » .
Ce document, pour l’heure confidentiel, devrait permettre aux évêques de mettre de l’ordre dans leur diocèse. Avant, peut-être une diffusion plus large aux centres spirituels et communautés chrétiennes.
SOURCE : 6/11/11 – 18 H 37
LA CROIX Isabelle de Gaulmyn, à Lourdes