La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) publie un Guide de la protection des mineurs contre les dérives sectaires

Un Guide de la protection des mineurs contre les dérives sectaires (1) a été édité à 4 000 exemplaires par La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Centré sur la prévention, cet ouvrage met en garde contre des manipulations dont l’impact sur les enfants n’est toutefois pas encore précisément mesuré.

Conçu dans le prolongement d’une commission parlementaire de 2006, il entend donner des outils aux services de protection maternelle et infantile, aux personnels éducatifs, aux professionnels de l’action sociale et aux familles pour mieux déceler les dérives sectaires, ainsi que pour les signaler et y remédier

Que sait-on vraiment de l’emprise des sectes sur les enfants en France ?

Il est très difficile de savoir très exactement combien de mineurs sont sous l’emprise d’une secte. La plupart des estimations reposent sur le nombre d’enfants instruits à domicile, qui ne sont pas nécessairement dans une secte, ainsi que sur le nombre de familles identifiées comme appartenant à des mouvements bien constitués.

Georges Fenech, président de la Miviludes, considère aujourd’hui qu’entre 50 000 et 60 000 mineurs seraient victimes de dérives sectaires en France. Une cote mal taillée. Le ministère de la santé et des solidarités, auditionné dans le cadre de la commission parlementaire de 2006, estimait quant à lui qu’il y avait en France 45 000 enfants de Témoins de Jéhovah, partant du principe que les trois quarts des adeptes sont parents d’au moins un enfant.

« Pour les autres groupes, on ne peut pas connaître scientifiquement le nombre d’enfants », admettait Emmanuel Jancovici, à l’époque chargé de mission de la prévention contre les dérives sectaires au ministère de la santé. « Je pense qu’il y en a plusieurs dizaines de milliers, 35 000 ou 40 000. »

Quelles conséquences cela entraîne-t-il pour un enfant de grandir sous l’influence d’une secte ?

Selon Philippe Parquet, psychiatre et membre de la Miviludes, les enfants qui grandissent dans une secte peuvent être victimes de dommages à court et à long terme. Très jeunes, ils doivent faire symboliquement le deuil de leurs parents biologiques, qui renoncent à leur autorité au profit du gourou ou de l’institution sectaire.

Plus tard, ils peuvent rencontrer des difficultés à effectuer des choix personnels, même lorsqu’ils sont devenus adultes. « J’ai reçu une patiente qui, alors qu’elle était sortie depuis longtemps du mouvement dans lequel elle a grandi, voulait me voir pour me demander l’autorisation de se marier », raconte Philippe Parquet. Impossible, toutefois, en l’absence d’études globales, d’établir une typologie exacte de ces victimes.

Où en sont les études sur le phénomène ?

La Direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ) admet pour le moment ne pas avoir les outils nécessaires pour repérer précisément les mineurs issus de mouvements sectaires. Elle a demandé à l’Observatoire national de l’enfance en danger (Oned) de réaliser une étude pour savoir précisément quelle est la part d’entre eux à avoir contacté ses services.

La justice a en outre installé un « référent sectes » auprès de chaque parquet pour, à l’avenir, mieux identifier les mineurs sous emprise parmi les 440 000 qu’elle accueille chaque année.

Jean-Baptiste FRANÇOIS

(1) La Documentation française, 15 €.

http://www.la-croix.com/L-emprise-des-sectes-sur-les-mineurs-difficile-a-apprehender/article/2442731/4076