Comment (et surtout) pourquoi l’islam radical recrute des ados en perte de repères: un docu équilibré soulève le couvercle. Et ça ne sent pas toujours bon.

Parce qu’un «clip anti-djihad», c’est rigolo deux minutes mais que ça ne résout rien, il est plus intéressant, pour avancer en ces temps troubles, de se pencher sur les racines du mal. Et les raisons qui ont poussé de jeunes gens a priori sans histoires dans les bras du radicalisme religieux pour parvenir à ce janvier sanglant de triste mémoire.

C’est ce que s’attelle à faire Engrenages: les jeunes face à l’islam radical, un documentaire diffusé ce soir par la RTBF en seconde partie de soirée et qui s’échine à décoder les méthodes qui ont conduit certains à tenter le voyage en Syrie pour, bien souvent, ne jamais en revenir.

Clarisse Feletin, la journaliste française à la base du projet, tend ainsi son micro à des familles meurtries, venues raconter la lente descente aux enfers qui fut la leur. À un frère soudain privé de sa sœur, et qui tentera tout pour la retrouver, puis la ramener chez lui. À un père affligé par la soudaine transformation de sa fille. Et une mère qui ira jusqu’à dormir devant la porte de son domicile pour l’empêcher de le fuir nuitamment.

À Samy, un repenti, parti se battre en Syrie mais qui en reviendra après avoir constaté, sur place, que le discours qui lui avait été vendu par les «recruteurs» comportait, lui aussi, son lot de mensonges.

Mais aussi à Laurie, une jeune fille tombée autant sous le charme de l’islam que sous celui du manipulateur qui l’y aura convertie après lui avoir chuchoté à l’oreille les mots doux que l’adolescente qu’elle était (et est encore) avait besoin d’entendre.

Et enfin à Dounia Bouzar, une ancienne éducatrice de la protection de la jeunesse qui a fondé le «Centre de prévention contre les dérives sectaires» pour venir en aide à ces victimes. Et percer à jour les techniques d’endoctrinement qui les ont conduits sur le mauvais chemin, sous l’œil indifférent de la société.

Car si l’on peut tirer une leçon de ce film, c’est incontestablement celle-là: tous ces jeunes gens ont trouvé, dans la religion, un horizon que leur refusait le monde. «Moi, je voulais juste me rendre utile», dit Laurie. On ne peut mieux résumer le problème.
Source: lavenir

par Michaël degré

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20150203_00596410