28 mai 2010 06h00 | Par Gwenaël Badets

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{{Un ancien de Tabitha’s Place est en conflit du travail avec l’ex-avocat de la secte. }}

Michel a 41 ans, dont neuf passés au sein de la secte de Sus. Ce Gersois d’origine plaidait hier devant la cour d’appel, dans un conflit du travail qui l’oppose à un ex-avocat de Tabitha’s Place, qui lui a offert du travail quand il a quitté Sus. L’affaire n’a donc a priori aucun rapport avec la secte. Encore que…

« Il m’a proposé de travailler aux Entrepôts de France, dans la zone Induspal, où j’étais également logé », raconte le plaignant. « C’était une situation de transition qui me convenait, car elle était dans la continuité de la secte : elle me donnait une sécurité, car j’étais dans un état de fragilité qui faisait que je n’étais pas encore prêt à affronter le monde extérieur. »
« Profiter de la faiblesse »

Michel accuse en fait son bienfaiteur de « profiter de la faiblesse de ceux qui sortent de la secte pour les faire travailler ». Dans son cas, il se plaint d’avoir été rémunéré sous forme de factures au nom d’une société qu’il a montée dans le domaine des espaces verts, sans rapport avec les fonctions qu’il occupait réellement : « J’étais présenté au client comme un salarié, à savoir le directeur commercial des entrepôts. Mais quand j’ai demandé que ma situation soit régularisée, on m’a poussé dehors. » En 2009, il quittait donc contre son gré l’entreprise de stockage de maïs réfrigéré.

C’est pourquoi Michel a saisi les Prud’hommes, afin qu’ils disent qu’il était bien salarié, et non prestataire de services. Mais les juges consulaires se sont déclarés incompétents en l’absence de contrat de travail, se rangeant aux arguments de ses adversaires. Michel et son avocat, Claude Garcia, ont donc fait un « contredit », et tout le monde s’est retrouvé hier devant la chambre d’appel de Pau, qui rendra son arrêt le 9 août.
« Jamais été salarié »

En attendant, pour les ex-employeurs de Michel, la situation est très claire : « Il n’a jamais été salarié chez nous », expose Maripierre Massou-dit-Labaquère, l’avocate de la SARL. « Après avoir quitté la secte dans des conditions qui sont par ailleurs contestées, il est arrivé dans la société en tant qu’associé pour un tiers des parts en créant une société de services. Il était donc gérant de fait et associé. Et qu’il se présente comme directeur commercial ne signifie pas qu’il était salarié : il percevait des factures en contrepartie de ses prestations de service. » Si la cour d’appel confirme la décision des Prud’hommes, l’affaire pourrait donc se poursuivre devant le tribunal de commerce.

En 1996, Michel avait rejoint la secte en simple observateur, pour voir comment y vivaient ses deux enfants, qui y avaient suivi son ex-femme. Il y était donc resté neuf ans, se mariant avec son ancienne compagne, et lui donnant deux nouveaux enfants. En 2004, il en partait, pour se retrouver dans une situation qu’il conteste à présent en justice. Aujourd’hui, il assure n’être plus sous aucune emprise : « Je travaille pour mon compte, dans les espaces verts, l’élagage et la restauration d’appartements. Car s’il y a un point positif à la secte, c’est que quand on en sort, on a un savoir-faire énorme pour tous les types de travaux.»