Léonide Kameneff est jugé à partir de ce mardi aux assises des mineurs de Paris. Le fondateur de L’Ecole en bateau est soupçonné d’agressions sexuelles sur plusieurs enfants qu’il avait embarqués dans ce projet “d’éducation alternative”, dans les années 70.

Près de 20 ans après la première plainte, le procès de Léonide Kameneff et de l’Ecole en bateau s’ouvre ce mardi devant les assises des mineurs de Paris. Il devrait durer trois semaines.

Léonide Kameneff, fondateur de l’association, comparait avec trois anciens membres d’équipages. Ils sont accusés de viols et agressions sexuelles sur mineurs.

L’un d’eux avait 17 ans au moment des faits, ce qui explique que le procès ait lieu devant la cour d’assises des mineurs.

Sur le site de l’association, encore actif, c’est une “une alternative à l’éducation et à l’enseignement de nos écoles, riche en découvertes et en apprentissages pour qui ose s’y risquer…”.

Pendant trente ans, plus de 400 enfants ou adolescents sont partis quelques mois ou quelques années faire le tour du monde.

Beaucoup ont navigué sur le Karrek Ven, un thonier de 20 mètres. A bord, on apprend l’autonomie et la débrouillardise. Les enfants vivent nus s’ils le veulent, car selon Léonide Kameneff, “Léo” pour les jeunes marins, l’enfant “a les mêmes droits que l’adulte, droit de vivre sa sexualité comme il en a envie”, a-t-il écrit en 1975.

Accusé de viols entre 1979 et 1992, Léonide Karmeneff s’était réfugié en Amérique Latine. Il a été extradé du Vénézuela en 2008.

18 ans après la première plainte
La première plainte a été déposée en 1994 par d’anciens élèves. Une trentaine a suivi. Ce mardi, seuls dix plaignants seront présents, certains autres faits étant prescrits. Le procès a pris énormément de temps à se mettre en place. En février 2012, l’Etat a même été condamné pour le “déni de justice” qu’a représenté la longueur de la procédure.

Les parties civiles sont aujourd’hui âgées de 33 à 46 ans. Leur parole sera confrontée à celle de leur présumé agresseur. Elles dénoncent l’emprise sexuelle et psychologique subie sur les bateaux-écoles.

“C’est n’est pas le procès d’une époque” (avocat des victimes)

Pour l’avocat de Léonide Kameneff, il faut d’abord comprendre le contexte de l’époque. Certains jurés n’ont pas connu les années 70 selon Yann Choucq, et c’est “l’une des dimensions du sinistre judiciaire que représente ce dossier”.

Eric Morain, l’avocat des victimes, rétorque que ce n’est pas “le procès d’une époque. Si on veut nous faire croire du côté des accusés que ce sera le procès des années 70 ou 80, ça n’est pas ça. C’est un procès de comportement”.
source : france Info ( mars 2013