On dira ce qu’on voudra de nos cousins. Mais au moins, eux, ils ne perdent pas le nord… tant et aussi longtemps que les pôles ne s’inversent pas, comme le prédit l’un des multiples scénarios apocalyptiques…

En extrapolant à partir des résultats d’un sondage Reuters/Ipsos réalisé il y a quelques mois auprès de 16 000 citoyens de 21 pays, on arrive à cette conclusion: 700 millions de Terriens craignent de mourir d’ici la fin de l’année. Or, bien évidemment, il n’existe aucun fondement rationnel soutenant cet édifice de frayeur.

Malgré cela, on peut parier que le sujet alimentera au cours des prochaines semaines les conversations autour de la machine à café.

L’idée d’une fin cataclysmique est vieille comme le monde.

On en trouve des récits anticipés dans la Bible. Et, depuis Nostradamus, au moins 183 fins du monde ont été annoncées (selon Pascal Bruckner, dans Le fanatisme de l’Apocalypse). Cependant, la findumondisme moderne est plus pernicieuse parce que, souvent, elle prétend s’appuyer, non plus sur la superstition païenne ou religieuse, mais sur des connaissances antiques décryptables – c’est le cas du calendrier Maya – ou sur des données scientifiques.

Les cas les plus patents concernent une extinction consécutive à une activité solaire intense ou à une collision entre la Terre et la planète Nibiru – inconnue au bataillon. Or, ces deux scénarios s’appuient sur un vague fond de vérité. Notre planète sera bel et bien détruite, en effet, lorsque le Soleil brûlera avant de retourner au néant, ce qui est inévitable. Ou lorsque notre galaxie entrera en collision avec Andromède, ce qui est prévu.

Le hic, c’est que, dans les deux cas, ça ne se produira pas avant quelques milliards d’années!

Cet usage vicié de pseudo-connaissances ou de la pseudo-science mène aussi aux théories du complot: le web offre jusqu’à plus soif des «preuves» de la conspiration du 11 septembre 2001 ou de la visite tenue secrète d’extraterrestres. De même, l’ésotérisme des prédictions d’apocalypse est du même type que celui qui alimente les sectes… et amène parfois des conséquences dramatiques: chacun se souvient des victimes de l’Ordre du temple solaire.

On ne peut qu’en conclure que l’irrationnel séduit de bien des façons. Et on ne peut qu’espérer que cette propension n’entraînera pas, cette fois-ci, de tragédies. Pour ceux qui tiennent vraiment au petit frisson d’effroi, le plus sûr est de revoir 2012, le film à succès, décrivant l’apocalypse telle que vue par Roland Emmerich.

Il sera sans doute disponible jusqu’à la fin des temps.

source :
le 27 novembre 2012
Mario Roy
La Presse

http://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/mario-roy/201211/26/01-4597889-leffroi.php