L’INFO – Les accusés se réclament d’un mouvement protestant évangélique. Quatre personnes sont jugées depuis lundi aux assises de l’Essonne pour avoir séquestré et torturé une jeune femme qu’ils pensaient possédée. Antoinette, âgée de 19 ans et d’origine camerounaise, a passé six jours ligotée dans la position du Christ en croix, sans nourriture et presque sans eau. Un exorcisme pratiqué par son petit ami de l’époque, la mère de ce dernier et deux Antillais proches du couple. Les quatre individus comparaissent pour « arrestation, enlèvement et séquestration avec actes de torture ou de barbarie ». Ils encourent la prison à perpétuité.
L’exorcisme, c’est quoi ? Beaucoup le croyaient disparu, mais l’exorcisme refait surface en France. Selon les spécialistes, la crise serait en partie responsable de la recrudescence de ces pratiques visant à expulser les démons qui se seraient emparés d’une personne. Des pratiques qui revêtent différentes formes.
Interdit dans le judaïsme, généralement inexistant chez les protestants, très cadré dans le catholicisme, ce rituel religieux s’est libéralisé avec le mouvement charismatique – évangélique ou catholique. Il consiste à évoquer les dons spirituels, dont celui de chasser les démons. Des pratiques qui s’apparentent à de la sorcellerie ont reconnu les quatre Antillais jugés depuis lundi.
Des pratiques réalisées au sein de l’Eglise Adventiste ? Les accusés avaient été exclus de l’Eglise Adventiste du Septième Jour, un an avant les faits perpétrés en mai 2011. Mais, selon Jean-Paul Barquon, secrétaire général de l’Union des fédérations adventistes de France, « la pratique de l’exorcisme n’existe pas dans notre Eglise ».
Jean-Paul Barquon reconnaît toutefois que ce genre de dérives peut exister. « Il existe des minorités qui, dans toutes les Eglises, voient des démons partout. Et s’il peut y avoir des pratiques culturelles différentes parmi les Africains et les Antillais, par exemple, rien ne justifie qu’on fasse subir des sévices corporels », insiste le secrétaire général de l’Union des fédérations adventistes de France qui compte 13.000 fidèles en France.
Des pratiques attrayantes pour certaines populations déracinées.Le Père Maurice Bellot, qui a exercé pendant 14 ans les fonctions d’exorciste en chef du diocèse de Paris, a reçu beaucoup d’Africains et d’Antillais pendant son ministère, de 1993 à 2006. Selon lui, la pratique de l’exorcisme s’explique par le déracinement de certains évangéliques. « Arrivés en France, ils se sentent déracinés, seuls, en souffrance, et vont là où ils sont accueillis à bras ouverts, dans les mêmes ambiances chaleureuses qu’ils ont connues chez eux. Dans ce domaine, l’Eglise catholique est en retard de plusieurs guerres », estime le religieux.
« Les églises de type charismatique où l’on évoque les ‘charismes’ ou ‘dons’ de guérison, de délivrance des démons, exercent une grande attraction sur ces populations », relève de son côté Jean-Paul Barquon. D’où une floraison d’exorcistes officieux, à côté de la centaine nommée officiellement par l’épiscopat catholique, et tenue à un rituel précis.
source : .http://www.europe1.fr/France/L-exorcisme-ressurgit-en-France-1667323/