Ce Marocain est venu s’installer à Bruxelles au début des années 1990. Il y a rencontré sa femme avec qui ils ont eu sept enfants. Ensemble, ils vivaient une vie paisible. Jusqu’en février 2014, où la situation a évolué.

“À cette époque, nous avons découvert que mon fils, Youssef (NdlR, nom d’emprunt) , alors âgé de 19 ans, est parti rejoindre l’État Islamique en Syrie’”, explique-t-il. Selon Hicham, son fils s’est radicalisé en Belgique à cause d’Internet et de l’entourage de son ex-femme, avec qui une procédure de divorce est actuellement engagée.

“Youssef avait terminé ses études d’informatique, mais avant de commencer l’université il m’a dit : ‘Papa, cette année, je veux un peu me reposer à la maison’. À ce moment-là, je pense que le mal était déjà fait”, poursuit Hicham.

Par après, Youssef a commencé à aller à la mosquée “pour devenir professeur de religion islamique”.Hicham, étonné par ce choix qui n’avait aucun rapport avec son diplôme de secondaire, c’est rendu compte qu’il y allait pour apprendre l’arabe, “étant donné que nous sommes d’origine marocaine, mais on parle uniquement le rifain”.

Plusieurs connaissances d’Hicham lui ont alors dit de faire attention “car la mosquée était notamment fréquentée par des salafistes”. Par après, Hicham a réalisé que les frères de sa femme ont joué un rôle dans ce changement de comportement. “Ses deux frères sont également partis en Syrie. Quand ils se voyaient à Bruxelles, ils ne faisaient que parler de l’État Islamique et regardaient des vidéos de propagande de l’organisation”, poursuit Hicham, qui a porté plainte contre l’entourage de son ex-femme, qui aurait embrigadé son fils. “Depuis lors, un des deux fils a été tué en Syrie”, ajoute-t-il.

Un jour, alors que le repas était prévu à 18h, Youssef n’était pas présent. “Nous avons découvert une lettre sur son lit où il expliquait qu’il était allé ‘rejoindre les soldats d’Allah’ . J’ai apporté le mot à la police qui a effectué des recherches, mais sans succès”, affirme Hicham.

C’est alors que les relations avec sa femme et son fils se sont détériorées. “Je suis entré en contact avec lui lorsqu’il était en Syrie. J’étais furieux de ce qu’il avait fait mais ma femme le soutenait ! Je lui expliquais que Daech, ce ne sont pas des musulmans, c’est une autre religion ! Nous, on n’égorge pas de gens, je lui disais : ‘Va étudier le Coran pour voir !’ Je lui ai demandé de rentrer, je lui ai dit qu’il n’y avait rien là-bas”, poursuit Hicham, en pleurant.

Youssef serait rentré en Belgique au début de cette année, selon des connaissances qui l’auraient reconnu à Bruxelles. “Je ne sais pas ce qu’il a en tête. Mais j’ai peur de lui et de l’entourage de mon ex-femme.”

Et pour cause, lorsqu’il était en Syrie, Youssef demandait à sa mère si “papa avait changé”. Voyant que ce n’était pas le cas, il lui a alors adressé un e-mail pour le moins menaçant, que nous nous sommes procuré : “C’est Youssef, le fils de l’ennemi d’Allah Hicham […] Qu’il sache que son fils a prêté allégeance à Allah et s’il ne laisse pas ma mère tranquille, je vais envoyer des gens le tuer […] Je suis sérieux. Vous ne savez pas où vous avez mis les pieds. Notre rencontre est pour bientôt. Dis à l’ennemi d’Allah qu’il fasse attention quand il marche, et que je sais parfaitement où il traîne […] Patientez, ça va bientôt frapper. Inch Allah.” Dans ce message pour le moins terrifiant, Youssef conseille également à son père de”laisser [ses] enfants en dehors de tout ça”.

Hicham n’a plus revu son fils depuis son départ en Syrie et ignore combien de temps il y est resté. Aujourd’hui, il espère que la police agisse pour que les menaces cessent. Youssef habiterait toujours chez l’ex-femme de Hicham, à Bruxelles. Ce dernier affirme avoir été tabassé, avis médical à l’appui, par les trois fils de son ex-femme (âgés de 13 à 20 ans), quand il a refusé de quitter le domicile familial car il s’est toujours opposé aux attentats perpétrés par l’État Islamique.

source : A.F. Publié le dimanche 22 novembre 2015 à 06h34 – Mis à jour le dimanche 22 novembre 2015 à 09h43

http://www.dhnet.be/regions/bruxelles/l-incroyable-temoignage-d-un-molenbeekois-mon-fils-djihadiste-menace-de-me-tuer-565153ea3570ca6ff9161a73