Xavier Levitre le dit sans porter d’accusation : «Je suis en colère, car après être passée par Varaire et l’initiation de Sri Tathata, qui revendique être la réincarnation de Dieu, ma compagne a été hospitalisée».

L’association Namaskaram, basée à Varaire et dont le maître Sri Tathata, actuellement aux États-Unis, prône «l’élévation de la conscience», fait l’objet de vives inquiétudes et interrogations sur les effets que ses sessions d’initiations peuvent générer sur le comportement de certains «stagiaires». Les sceptiques, sans aller jusqu’à affirmer une tentative de manipulation mentale lors des rassemblements (le dernier a réuni 700 personnes les 21 et 22 août à Varaire), agitent pourtant, au fil de certains faits inexpliqués, le spectre malsain d’une secte.
Ce que réfute catégoriquement la coordinatrice des projets de l’association
Nous avons déjà évoqué la bactérie qui avait entraîné l’hospitalisation de 14 personnes présentes à Varaire durant le mois d’août (notre édition du 29 août).
«Un malaise pendant une méditation»
Aujourd’hui, Xavier Levitre, ancien officier de police, tire la sonnette d’alarme après le retour de sa compagne Florence et l’admission de celle-ci à l’unité psychiatrique de l’hôpital Saint-Jacques de Nantes, en raison d’un état de santé préoccupant et d’un comportement déroutant.

«Nous habitons à Soyaux, en Charente. Ma compagne (ex-directrice régionale de banque) s’est rendue à Varaire du 16 au 22 août, pour participer à une initiation en compagnie d’une amie qui vit en région bordelaise.

À son retour à notre domicile, dans la nuit du 22 au 23 août, je me réveille et retrouve Florence dans la cuisine. Il est 3 h 30, elle boit de l’eau en grande quantité, après avoir ouvert tous les robinets de la maison. Trente minutes plus tard, je la retrouve dans le jardin en train de s’arroser abondamment les pieds dans l’herbe.»

Inquiet, Xavier Levitre apprendra plus tard par ses amis bordelais que «Florence a fait un malaise le 21 août à Varaire au cours d’une méditation. Elle est restée inconsciente 15 minutes, assise sur une chaise, la tête rejetée en arrière», se désole-t-il.

«Une réunion de druides»
Un an auparavant (été 2011), devant l’insistance de Florence qui voulait lui faire découvrir un «enseignement de Sri Tathata», Xavier Levitre s’est rendu à Varaire. Il a vu. Jugé. Puis est parti.

«J’ai découvert un lieu semblant accueillir une réunion de druides. Une bonne centaine de femmes et d’hommes sont là, tous vêtus intégralement en blanc. On nous fait aligner par tri alphabétique. Sri Tathata arrive, passe dans les rangs et appose sur le front de chacun une sorte de cendre. Ne me pliant pas aux obligations, j’observe des comportements de gens saisis par de grandes émotions, pleurant, totalement sous l’influence de cette ambiance. Je quitte les lieux, refusant d’aller au-delà.»

«Je n’en peux plus !»
«Depuis son retour à la maison, Florence a multiplié les actes incohérents», reprend Xavier. À Pornic (Loire Atlantique), où le couple et ses enfants se sont rendus pour se reposer, «elle dévisage les gens d’un air mauvais et nous déclare qu’il y a de mauvais esprits.» Puis, Xavier Levitre relate cette autre fois où Florence «a pris tous les objets qu’elle a pu trouver et les a disposés de manière à représenter un triangle, avant de mettre des serviettes de bain pour couvrir les miroirs et les tableaux. Je n’en peux plus ! J’ai téléphoné à mon médecin et ami qui m’a donné l’instruction d’hospitaliser Florence», conclut-il, déterminé à remuer ciel et terre afin que Florence ne regarde plus vers des cieux obscurs et reprenne contact avec la terre ferme.

——————————————————————————–

Simone Risch reste vigilante :

«Il y a des zones d’ombres à éclaircir dans ce dossier très sensible, mais moi je m’inquiète surtout sur le sort des enfants qui participent aux séances de Sri Tathata à Varaire. Les mineurs ne devraient pas être conviés à ces rassemblements.» Simone Risch va encore plus loin et évoque «un risque réel de déstabilisation de ces enfants. Il faut savoir que ceux-ci, au départ de Varaire, sont affublés d’un prénom hindouiste. C’est tout de même un peu déstabilisant tout ça pour un enfant», estime-t-elle. La présidente d’Info-sectes Midi-Pyrénées, qui a également eu connaissance des propos de Xavier Levitre (lire ci-dessus), trouve son témoignage «édifiant». D’autres personnes ont manifesté leurs inquiétudes auprès de Simone Risch.

«En effet, plusieurs personnes ont pris contact avec notre association depuis l’événement de cet été à Varaire – les malaises de 14 personnes-. Des familles s’interrogent et sont particulièrement troublées par ce qui se déroule sur le site», déclare-t-elle.

À l’instar de Xavier Levitre, Simone Risch n’accuse pas… mais elle réagit et pose les vraies questions. «Les personnes qui participent aux rassemblements animés par Sri Tathata sont-elles ensuite sous l’emprise de celui-ci ?» se demande-t-elle.

Elle se permet de douter… et d’inciter ceux qui le souhaitent à contacter son association en composant le 05 61 61 02 97.

——————————————————————————–

L’explication de Namaskaram
Ève Briot, coordinatrice des projets à l’association Namaskaram, veut avant tout apaiser les esprits en expliquant l’action et les fondements de celui qui est appelé «le sage», alias Sri Tathata. Elle considère «qu’il n’y a aucun lien entre le comportement actuel de cette dame (Florence) et sa présence à Varaire. C’est une extrapolation de sa part. À Varaire, elle a suivi, comme beaucoup d’autres, l’un des enseignements de Sri Tathata. Lui, propose de méditer, de réfléchir. C’est une méthode de yoga. Rien d’autre», affirme Ève Briot.

Concernant les messages télépathiques que Florence indique recevoir de Sri Tathata, Ève Briot est catégorique : «Ce n’est pas la technique du sage. Il ne procède pas ainsi. Il donne des conseils, des méthodes de respiration et de méditation. Son discours est clair : il veut permettre à chacun de retrouver la paix et le calme intérieur. Il n’envoie pas des messages télépathiques, il ne cherche pas à influencer les personnes qui participent aux rassemblements ou aux conférences qu’il anime également à travers le monde», argumente Ève Briot.

Alors, peut-on parler de personnes sous influence ?

Ève Briot tranche sans détour : «Personne n’est sous l’influence de Sri Tathata. Chacun est libre de repartir quand il le souhaite ou de recevoir un enseignement plus complet.»

source : LA DEPECHE.fr par J.-L.G.