Bernadette Rigal-Cellard, spécialiste des nouveaux mouvements religieux, propose une analyse approfondie des Douze Tribus (1), un groupe religieux méconnu implanté en France, à Sus (Pyrénées-atlantiques).
Cette communauté messianique, née dans les années 1970 aux États-Unis, tire ses origines de la mouvance hippie et applique au plus près les principes évangéliques.
- La Croix
- Violaine Epitalon,
- le 05/04/2019
- Les pèlerins qui marchent vers Compostelle sont souvent mis en garde par le bouche-à-oreille lorsqu’ils passent près de Navarrenx, dans les Pyrénées-atlantiques. C’est plus précisément à Sus que s’est installée depuis un quart de siècle la communauté des Douze Tribus (ou Tabitha’s Place), surveillée de près par la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
Fondée aux États-Unis par Elnert Eugene Spriggs en 1972, cette communauté, qui a essaimé dans le monde entier, tire ses origines de la mouvance hippie née en réaction à la mentalité de consommation de masse.
« Revenir à la source »
Comme son nom l’indique, cette mouvance religieuse s’est construite sur les bases de la tradition judéo-chrétienne : elle se voit comme la restauration des douze tribus d’Israël tout en considérant Jésus comme le Messie et en attendant l’avènement de la Nouvelle Jérusalem.
Leur vision repose sur la Bible, car à leurs yeux « elle procure tout l’enseignement nécessaire à la vie de l’individu et de ses frères et sœurs », explique Bernadette Rigal-Cellard, professeure en études nord-américaines à l’Université Bordeaux-Montaigne. Cette spécialiste des nouveaux mouvements religieux, qui a observé ce mouvement pendant plusieurs années, lui a consacré la première étude complète en français (1).
Née d’un groupe hippie aux États-Unis, dont le but était de « revenir à la source » de la culture occidentale, cette communauté rejette « toute forme d’institutionnalisation de la religion » et élabore ses« propres pratiques pour rester fidèle au texte biblique », indique l’auteure.
Refus du monde moderne
Les Douze Tribus « participent au vaste mouvement contemporain de retour à la vie tribale », observe Bernadette Rigal-Cellard, qui insiste par ailleurs sur leur refus catégorique de tout individualisme et matérialisme dans lesquels on ne peut trouver de « réconfort spirituel. »
Cette communauté messianique se définit notamment par son système d’organisation collectif en autarcie, ce qui ne manque pas de provoquer de vives réactions. L’auteure met en exergue les dérives fondamentalistes qui gangrènent le mouvement, notamment en ce qui concerne l’organisation de la vie familiale, la place de la femme, l’éducation des enfants et leur soutien largement controversé pour la peine de mort, qui relève selon eux d’une « injonction biblique. »