{{Combien de radicalisés ?}}

En septembre, le Premier ministre Manuel Valls rappelait que 1 880 Français s’étaient enrôlés dans les filières « irako-syriennes » depuis 2013 : 491 étaient alors sur place (dont 80 mineurs) et 133 y avaient trouvé la mort. Ce nombre de Français impliqués a fortement progressé depuis le début 2014 : ils étaient alors près de quatre fois moins nombreux.

Ce phénomène touche aussi les autres pays d’Europe. En mai, « cinq à six mille Européens [étaient] ainsi partis pour la Syrie », note l’Institut national des hautes études et de la sécurité et de la justice (INHESJ), dans un rapport sur la radicalisation islamiste.

{{Quel est leur profil ?}}

La plupart des signalements recueillis par le Centre national d’assistance et de prévention de la radicalisation (CNAPR) concernent des jeunes de 15 à 29 ans. Selon le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI), ces jeunes sont issus à 59 % des classes moyennes, à 30 % des classes populaires et à 11 % des classes supérieures. Les 300 familles qui ont fait appel au CPDSI sont à 40 % athées, à 40 % « de référence catholique » et à 19 % « de référence musulmane ».

Ces jeunes radicalisés ne sont pas, non plus, toujours des enfants d’immigrés : « Le rapport à l’exil, l’immigration […] n’apparaît plus comme un indicateur déterminant dans le profil des jeunes touchés par le nouveau discours terroriste », note l’INHESJ.
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Qu’est-ce qui les attire ?}}

Le rapport pointe plusieurs facteurs psychosociaux : la quête de sens, la quête identitaire, les frustrations socio-économiques, le sentiment d’injustice… Mais aussi « le désir d’appartenance à la communauté musulmane transnationale […] La propagande djihadiste insiste sur l’importance de la solidarité entre frères… »

{{Quelle parade contre la propagande ?}}

En janvier, le gouvernement a lancé le site stop-djihadisme.gouv.fr. Mais comme le note le rapport des experts, « il est peu probable que les informations diffusées par un site gouvernemental aient une quelconque influence » sur des jeunes séduits par le djihadisme. Ces experts suggèrent plutôt que l’État aide ceux dont « le message est susceptible d’être entendu » : les proches des jeunes partis en Syrie ou en Irak, les associations de victimes du terrorisme…

Autre proposition : élaborer des plans de lutte contre la radicalisation, à l’instar du Danemark, en y associant les mairies et agglomérations, bailleurs sociaux, commerçants, associations d’habitants…
{{
Comment mieux détecter ?}}

Ce que proposent les experts : mettre à la disposition du milieu socio-éducatif (éducation nationale, administration pénitentiaire, protection judiciaire de la jeunesse, services d’aide sociale à l’enfance…) « des outils simples de diagnostic » qui seraient ensuite analysés par des services spécialisés. « Les jeunes en cours de radicalisation sont avant tout victimes d’un mécanisme d’emprise », rappelle le rapport.

source :
Publié le mardi 17 novembre 2015 à 19:30 par Pierrick BAUDAIS. .

http://jactiv.ouest-france.fr/actualites/france/difficile-detection-jeunes-radicalises-56099