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L’AGRICULTURE BIODYNAMIQUE PAR GRÉGOIRE PERRA UN ANCIEN ÉLÈVE DES ÉCOLES STEINER-WALDORF

Élève puis enseignant des écoles Steiner-Waldorf, Grégoire Perra estime que les fondements ésotériques du mouvement anthroposophique ne sont pas suffisamment connus. Aujourd’hui, il a décidé de libérer sa parole.

Vous avez fréquenté pendant plus de trente ans l’univers des anthroposophes, avant d’en devenir l’un des critiques les plus farouches. Que pensez-vousdu fait que de plus en plus d’agriculteurs sont tentés par l’agriculture biodynamique ?

L’agriculture qu’on nomme « biodynamique » prend sa source dans les écrits de Rudolf Steiner. Ses règles ont été établies à partir d’une série de huit conférences, données par Steiner entre le 7 et le 16 juin 1924 devant un public d’agriculteurs, et retranscrites dans un livre connu sous le nom de Cours aux agriculteurs. Le livre en question n’a connu pendant de nombreuses années qu’un usage très confidentiel, circulant dans les seuls milieux anthroposophiques sous forme de copies privées et numérotées porteuses de la mention « pour usage personnel seulement». Il faudra attendre jusqu’en 1963 pour que lesdites conférences fassent l’objet d’une publication.

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Il faut savoir qu’à l’époque de ses conférences, Steiner pensait déjà que, si la population européenne n’était plus assez spirituelle, c’était notamment en raison de carences alimentaires consécutives à une nourriture qui était le fruit d’une agriculture devenue trop « moderne ». Aussi prônait-il la transformation de l’agriculture
du début du XXe siècle dans le but de « respiritualiser » la population européenne. Selon lui, il ne suffisait pas de modifier quelques pratiques d’ordre technique, mais il convenait d’inscrire la production des aliments – et le processus de la nutrition tout entier – dans le cadre d’un système de pensée plus générale, qu’il avait lui-même élaboré. De sorte que, l’agriculture biodynamique prenant racine dans les conceptions exprimées lors de ces conférences, on ne saurait la dissocier des idées steinériennes sans commettre une erreur majeure d’interprétation. Car les pratiques agricoles mises en œuvre par la biodynamie sont inséparables de la cosmologie de Steiner et n’ont d’ailleurs de sens que lorsqu’on adhère à son monde ésotérique.

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Ne reposant sur aucune réalité scientifique, elles se voient privées de tout fondement dès lors qu’on les considère en dehors de cette cosmologie. Ainsi, lorsqu’on voit aujourd’hui des viticulteurs qui font de la biodynamie avec des préparations réalisées selon les indications de Steiner, tout en affirmant leurs distances avec le discours ésotérique de l’anthroposophie, on se dit qu’ils n’ont vraiment rien compris à ces pratiques. Sauf à penser, bien sûr, qu’ils dissimulent leurs croyances ésotériques – postulat le plus vraisemblable, puisque tout agriculteur converti à l’agriculture biodynamique est nécessairement formé par un anthroposophe qui l’initie à ces théories. Or, tous les formateurs actuels en biodynamie – qui ne sont pas légion – ont reçu l’enseignement du pionnier français de l’agriculture biodynamique, à savoir Claude Monziès, fondateur du domaine de l’Ormoy, la toute première exploitation agricole pratiquant la biodynamie en France.

Personnellement, je l’ai bien connu, car lorsque j’étais élève dans une école Steiner-Waldorf, dans les années 1980, on nous emmenait dans les champs de monsieur Monziès pour y réaliser des travaux de défrichage et de désherbage. Le maître des lieux profitait de l’occasion pour nous donner des conférences sur les bienfaits de la biodynamie. J’ai ainsi appris que, sans la biodynamie, le monde deviendrait un désert, mais que, grâce à la biodynamie, la planète pourrait être sauvée. Apprendre cela à l’âge de quinze ans, cela vous marque !

D’autant qu’on vous fait peur en vous expliquant qu’il n’y a, sur l’ensemble de la planète, pas plus de 10 cm de terre cultivable dont la destruction, avec l’agriculture intensive, la chimie et les tracteurs, est déjà bien avancée.

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Mais Claude Monziès ne se contentait pas de nous apprendre les pratiques agricoles steinériennes. Anthroposophe dans l’âme, il nous délivrait un enseignement entièrement fondé sur les considérations cosmologiques de Steiner, qui se transmettent d’un adepte à l’autre comme un précieux héritage. Les jeunes élèves, dont je faisais partie, baignaient dans le liquide amniotique de cet univers où, petit à petit, on nous formait à la compréhension des idées ésotériques de Steiner. Ainsi donc, l’agriculture ne constituait qu’un vecteur pour nous amener à adopter un modèle de vie conforme aux idéaux de Steiner.

Pouvez-vous nous éclairer sur cette « cosmologie » bien particulière ?

Il y a d’abord le rejet de la science et de la technique qui sont, selon Steiner, l’œuvre de forces maléfiques dénommées « entités ahrimaniennes ». Dans la cosmologie de Steiner, il existe en effet deux puissances du mal : Lucifer et Ahriman. Selon la mythologie steinérienne, les entités ahrimaniennes ont fait irruption dans l’histoire de l’humanité à partir du XVe siècle. Elles sont à l’origine des grandes découvertes scientifiques et technologiques, réalisées surtout à partir du XIXe siècle. Steiner affirme qu’elles s’inscrivent dans le plan divin – c’est donc un mal nécessaire – mais qu’il va falloir néanmoins surmonter l’action de ces entités maléfiques.

C’est la raison pour laquelle, en agriculture biodynamique, on évite l’usage de tracteurs et bien entendu de la chimie de synthèse, préférant s’en remettre aux forces des astres et des planètes. Car un jour viendra où nous comprendrons que la technique, véritable coup d’épée dans l’eau, ne sert strictement à rien ! Hélas, cette réflexion nécessite un grand degré de maturité spirituelle que l’humanité n’a pas encore atteint.

Mais tout va changer par l’intermédiaire de l’antéchrist Ahriman, gouvernant les cohortes des anges ahrimaniens, qui va s’incarner sur Terre, de la même façon que Lucifer a pris corps en Chine, 3 000 ans avant Jésus-Christ. Cette incarnation, imminente, risque de dévoyer le cours de l’évolution de l’humanité, censée s’affranchir du matérialisme pour accéder à la spiritualité. Les anthroposophes se conçoivent ainsi comme une élite spirituelle apte à s’opposer à Ahriman, pour faire échouer ses plans d’avancée vers un monde matérialiste.

Lorsque j’étais élève d’une école Steiner-Waldorf, nous étudiions les textes de Vladimir Soloviev sur l’Antéchrist. Celui-ci fait la description d’un être humain qui devient gouverneur du monde tout en étant le diable. Pour nos enseignants, ce livre constituait une prédiction de ce qui va effectivement arriver.

En bref, d’après Steiner, science et technologie ne sont rien d’autre que les æuvres d’Ahriman. Telle est la seule justification possible de son refus des technologies et de la mécanisation, notamment dans l’agriculture. Et cela s’étend à toutes les activités humaines : on trouve ainsi chez Steiner un projet pour une industrie « spirituelle » avec notamment la création d’un moteur « éthérique », c’est-à-dire capable de fonctionner grâce aux « forces éthériques », à savoir des forces purement spirituelles et morales. Selon les anthroposophes, ce moteur, qui sera réalisé par des Anglo-Saxons, donnera naissance à un « occultisme mécanique ».

Dans un livre rédigé par un disciple tardif de Steiner, Francis Paul Amberson, on découvre également que les ordinateurs constituent des supports dans lesquels se sont incarnés des démons… Et c’est dans les grands ordinateurs de la Nasa que se trouvent les plus grands démons, nous révèle Amberson ! L’auteur explique encore que lorsque la Lune – jadis expulsée de notre planète – se réunira à nouveau à la Terre, des espèces de monstres en forme d’araignées géantes, déjà présentes dans nos ordinateurs, se manifesteront en tissant des toiles maléfiques dans le ciel. Les forces « durcissantes », « minéralisantes » et « sclérosantes » liées à la Lune se déploieront alors sur Terre, mettant en péril l’humanité.

Dans les traités d’agriculture biodynamique, les planètes semblent jouer un rôle essentiel. Rudolf Steiner aurait-il mis en lumière des influences planétaires qui demeurent incomprises aujourd’hui encore ?

Savez-vous bien ce qui se cache derrière le discours sur les « rythmes cosmiques » ? Bien loin de se limiter aux influences de la lune sur les marées, il s’apparente en réalité à un délire ésotérique ! Revenons aux sources. Selon Steiner, il n’y a pas que les hommes qui se réincarnent, mais également tout le système solaire, dont la Terre. Il avance qu’il y a déjà eu quatre incarnations du système solaire, la première étant l’Ancien Saturne, la deuxième l’Ancien Soleil, puis l’Ancienne Lune et enfin la Terre. Trois autres vont encore suivre : le futur Jupiter, la future Vénus et le futur Vulcain – ce qui donne un total de sept incarnations envisagées.

Lors de la première incarnation du système solaire, celle de l’Ancien Saturne, l’univers n’était qu’une boule de chaleur et l’être humain n’avait qu’un corps minéral ou physique. Nous étions alors de simples graines de chaleur. Ensuite, ce système s’est désagrégé, il a disparu, passant entièrement dans le monde spirituel, pour revenir des millions d’années plus tard sous la forme de l’Ancien Soleil. C’est-à-dire un état où l’univers tout entier n’était plus seulement composé de chaleur, mais aussi de gaz et de lumière. L’être humain avait à cette époque une forme gazeuse et lumineuse. En plus d’un corps minéral, il possédait un corps « éthérique », comparable à une plante.

Selon Steiner, il n’y a pas que les hommes qui se réincarnent, mais également tout le système solaire, dont la Terre. Il avance qu’il y a déjà eu quatre incarnations du système solaire, la première étant l’Ancien Saturne, la deuxième l’Ancien Soleil, puis l’Ancienne Lune et enfin la Terre. Trois autres vont encore suivre : le futur Jupiter, la future Vénus et le futur Vulcain – ce qui donne un total de sept incarnations envisagées.

Puis l’Ancien Soleil a évolué, et a à son tour disparu avant de se réincarner sous la forme de l’Ancienne Lune. L’état général de ce nouveau système, en plus d’être calorique, gazeux et lumineux, était aussi « liquide », la Terre n’étant alors qu’une immense planète d’eau. L’être humain présentait alors un corps astral, formé sur l’Ancienne Lune, tout en ayant conservé son corps physique de l’Ancien Saturne, et son corps éthérique de l’Ancien Soleil. Aussi était-il comparable à un animal, puisque le corps astral est le propre des animaux.

Or, sur l’Ancienne Lune, il existait une race d’animaux, que Steiner désigne sous l’appellation de « plantes-animaux », espèce constituée d’un mélange entre les règnes végétal et animal. Lors de la disparition de l’Ancienne Lune, ces « plantes-animaux» n’ont pas pu se réincarner sur la Terre, à l’exception toutefois d’une ou deux d’entre elles, dont le gui. Ce qui lui confère une propriété particulière, notamment contre le cancer.

Pour les anthroposophes, les tumeurs du cancer apparaissent lorsque notre corps astral, infecté par les forces lucifériennes ou ahrimaniennes, n’est plus en mesure de donner sa forme au corps éthérique, qui est le corps de vie et de croissance. On peut recourir au gui pour guérir le cancer, car c’est une « plante-animal » de l’Ancienne Lune, qui n’a pas été touchée par les forces lucifériennes liées à la Terre. D’où sa forme de boule, qui n’est orientée ni vers la terre ni vers le ciel. Le fait que ses fruits poussent en hiver signifie qu’elle s’est affranchie des saisons, et par conséquent qu’elle est indépendante des forces liées à la Terre. Son « astralité » est donc incontestablement pure ! En captant les forces astrales du gui, on obtiendra ainsi un remède contre les cancers…

Et c’est à partir d’un raisonnement analogue que sont démontrés les effets des huit préparations présentées par Steiner dans ses Cours aux Agriculteurs. On est tout bonnement dans l’univers de la magie !

Comment expliquez-vous qu’un tel délire soit partagé par des personnes a priori parfaitement rationnelles comme Bernard Arnault, qui vient d’annoncer le passage d’un grand cru français, le château d’Yquem, à la biodynamie ?

La stratégie des anthroposophes consistant à rester dans la discrétion, sans jamais rien révéler de leurs conceptions cosmologiques ni de leurs finalités, il n’est guère étonnant que beaucoup de personnes se laissent séduire par leur discours à l’enrobage pseudo-scientifique, qui est perçu comme « alternatif » plutôt que mystique et ésotérique.

Si Monsieur Arnault savait que la conversion de son grand cru à l’agriculture biodynamique est destinée à servir la résistance aux forces maléfiques ahrimaniennes, afin d’éviter que celles-ci ne se déchaînent lorsque la Lune va se réunir avec la Terre, je ne suis pas certain qu’il y mettrait autant d’ardeur…

Si Monsieur Arnault savait que la conversion de son grand cru à l’agriculture biodynamique est destinée à servir la résistance aux forces maléfiques ahrimaniennes,
afin d’éviter que celles-ci ne se déchaînent lorsque la Lune va se réunir avec la Terre, je ne suis pas certain qu’il y mettrait autant d’ardeur…

Ensuite, il ne faut pas oublier qu’en Allemagne les théories de Steiner ont été assez rapidement adoptées par le mouvement écologiste, séduit par certaines considérations d’ordre sociétal. Tout comme en France, d’ailleurs, où Antoine Waechter, par exemple, le candidat Vert aux élections présidentielles de 1988, a préfacé un livre apologétique de la pédagogie des écoles Steiner-Waldorf intitulé Éduquer vers la liberté. Mais dès les années 1960, à l’instigation notamment de Claude Monziès, des ponts avaient été lancés entre les adeptes de l’agriculture biologique et le mouvement de Steiner, considéré comme une alternative à l’agriculture conventionnelle. Claude Aubert, l’une des grandes figures de l’agriculture biologique et de Nature & Progrès, a ainsi fait plusieurs stages chez Monziès. Et un autre fondateur de Nature & Progrès, le docteur Jacques-William Bas, était lui aussi un adepte notoire de l’anthroposophie.

Aujourd’hui encore, les anthroposophes excellent à convaincre des personnes en vue, qui défendent leurs idées sans pour autant s’afficher comme adhérant au mouvement. C’est le cas de Pierre Rabhi, de Jean-Marie Pelt, disparu récemment, ou encore d’Edgar Morin, qui ne cache pas sa sympathie pour les écoles de ce mouvement. Et lorsqu’on fait l’analyse de certains de leurs écrits, on y trouve une proximité incontestable avec le discours pseudo-scientifique de Steiner.

Que savez-vous des produits Weleda, en vente dans de très nombreuses pharmacies ?
Tous les produits vendus sous la marque Weleda sont élaborés selon les fondements ésotériques de Steiner. La marque est d’ailleurs détenue majoritairement par deux actionnaires, la Société anthroposophique universelle et la clinique suisse Ita Wegman, femme médecin d’origine néerlandaise qui fut l’une des grandes figures du mouvement des anthroposophes. Sans du tout porter de jugement sur la qualité de ces produits, je peux vous dire avec certitude qu’ils sont non seulement issus de l’agriculture biodynamique, avec une cueillette réalisée en fonction des astres, mais aussi que des pratiques occultistes en rapport avec la cosmologie steinérienne font partie intégrante de leur préparation.

Lorsque j’étais étudiant dans une école Steiner, il était d’usage d’envoyer les élèves faire des stages dans des entreprises adeptes du mouvement. Aussi le laboratoire suisse Weleda a-t-il accueilli certains de mes camarades de classe, qui m’ont raconté avoir découvert comment Weleda procédait pour éliminer les forces du mal présentes dans la matière première de ses diverses lotions. C’était sidérant !

Achèterait-on aussi volontiers des crèmes de douche Weleda si on savait que leur seule particularité – qui est le principe de base de tous les produits Weleda – consiste à être préparées selon le procédé de la « dynamisation », qui suppose d’incorporer dans les substances traitées des forces astrales et éthériques ? En pratique, cela signifie qu’on doit mouvoir de manière mécanique le liquide selon une lemniscate – figure en forme de huit – pour relier le spirituel au terrestre. Le 8 image la sphère du haut entrant en relation avec celle du bas, ce qui entraîne les énergies spirituelles du haut à pénétrer les forces du bas, permettant ainsi aux forces terrestres de s’échanger et s’équilibrer.

Voilà donc ce que vous payez lorsque vous achetez des produits Weleda… Ce sont ni plus ni moins des pratiques druidiques. Quant aux remèdes de la marque Iscador, censés soigner le cancer, ils sont réalisés à partir de gui, cette « plante-animal » de l’Ancienne Lune cueillie à un certain moment de l’année en fonction de ses énergies astrales. Un business qui marche plutôt bien, puisqu’en 2016 Weleda affichait un chiffre d’affaires de plus de 390 millions d’euros ! Ce n’est donc pas un hasard si vous trouvez des produits Weleda dans quasiment toutes les pharmacies françaises…

Dans le domaine de l’agriculture biodynamique, on retrouve exactement les mêmes techniques de « dynamisation ». Sur sa page de présentation, le MABD (Mouvement de l’agriculture biodynamique) est explicite : la préparation 500, élaborée à partir de bouse dans des cornes de vache, et la préparation 501, à base de silice de corne, doivent être « brassées (dynamisées) dans l’eau tiédie durant une heure avant d’être pulvérisées sur le sol, en grosses gouttes pour la 500, comme un fin brouillard pour la 501 ». En un mot, l’une comme l’autre ne peuvent qu’être efficaces, puisque des forces astrales et éthériques y sont incorporées…

Vous expliquez que l’objectif de l’agriculture biodynamique est de « respiritualiser » l’humanité. Qu’en est-il donc de la nutrition ?

Steiner a effectivement beaucoup écrit sur la relation entre alimentation et spiritualité. Il existe même une cuisine dite « anthroposophique », promue par des diététiciens anthroposophes, dont le plus célèbre, en France, est Joël Acremant, auteur de Se nourrir aujourd’hui.

Vers une nouvelle conscience des choix alimentaires, paru en 2002 chez Novalis, la maison d’édition du mouvement steinérien. Pendant quatorze ans, il a assumé le poste de chef de cuisine à l’école Steiner de Laboissière-en-Thelle (Oise), puis à l’école Perceval de Chatou (Yvelines). Aujourd’hui, il donne des conférences, anime des stages sur l’alimentation et coache ceux et celles qui souhaitent apprendre la cuisine anthroposophique en approfondissant les textes de Steiner. Une bonne alimentation, selon Steiner, commence par une forme de rituel consistant à manger chaque jour de la semaine une céréale qui diffère en fonction des planètes.

Ainsi, le lundi, jour de la Lune, il convient de manger du riz, tandis que le mercredi, jour de Mercure, il recommande du millet, et le samedi, jour de Saturne, du maïs. La Cuisine aux céréales expose en détail ce prétendu lien entre les céréales et les jours de la semaine.

Steiner enseignait que les substances alimentaires ont une influence énorme sur notre psyché.Dans son ouvrage intitulé Alimentation et Santé, il explique que « la tomate est l’être le plus asocial de tout le monde végétal ». Aussi, il conseille d’interdire la consommation de tomates « à une personne qui souffre d’un cancer, puisqu’un cancer crée a priori dans l’organisme humain (…) une zone d’autonomie ». La tomate a la forme d’une tumeur, d’où sa toxicité. Et la pomme de terre « a aussi des tendances semblables ». En outre, ce tubercule en provenance des Amériques rendrait notre âme « matérialiste » : la pomme de terre « a aussi un comportement indépendant, indépendant au point de traverser de préférence tout le processus de la digestion sans aucun mal, de pénétrer dans le cerveau et de le rendre indépendant, indépendant même de l’action des autres organes humains. » De là que « les hommes et les animaux sont devenus matérialistes depuis l’introduction de la pomme de terre en Europe ». C’est que nous consommons trop de pommes de terre ! Et selon ses disciples, le soja – que Steiner ne connaissait pas – aurait également cette capacité de nous rendre « matérialistes ».

Enfin, l’anthroposophie revendique une série d’interdits alimentaires, comme de ne pas manger de viande, car la nourriture animale interfère dans les perceptions spirituelles. Le vin est également fortement déconseillé. Steiner a soutenu dans l’une de ses conférences que, si l’alcool avait eu un rôle indéniable dans la haute Antiquité pour renforcer le sens du « moi », il n’était plus nécessaire depuis que le Christ s’est incarné, puisqu’il est l’entité qui a permis aux humains de posséder de façon pleine et entière leur «moi». Pour Steiner, le rôle de l’alcool dans l’humanité est donc révolu. Mais le thé est également déconseillé : c’est la boisson des Anglais et des diplomates, et il nous rendrait « superficiels ». Pour les infusions, Steiner recommande de ne pas laisser infuser plus de cinq minutes car, au-delà, les esprits ahrimaniens s’immiscent dans votre breuvage. C’est dire si nous sommes aujourd’hui entourés de personnes qui sont possédées par Ahriman et Lucifer (Rires) !

 

source : https://www.agriculture-environnement.fr/2019/06/27/face-cachee-agriculture-biodynamique-rudolf-steiner