CHAMBRE DE L’INSTRUCTION. Accusée d’abus de faiblesse, d’escroquerie et d’avoir provoqué la mort d’un adolescent de 14 ans atteint de mucoviscidose en entraînant ses parents à stopper un traitement médical, la guérisseuse de Sainte-Anne, Vivienne Beaupréau, a été remise en liberté, hier, après avoir été placée en détention provisoire en juin.

« Pas de preuve médicale », « faiblesse de l’accusation », « pression sur parents de la victime » : Me Léopoldine Settama, avocat de la guérisseuse de Sainte-Anne, a livré une virulente et peu commune charge contre le juge d’instruction en charge du dossier au moment de plaider la remise en liberté de sa cliente devant la chambre de l’instruction. « Je ne suis pas connue pour être une avocate qui pose problème mais, là, je crie au scandale », a appuyé Me Settama en relatant des incidents récents lors d’une audition. L’avocate affirme que sa cliente n’a pas pu être entendue « dans un contexte serein ». « Je me suis fait jeter par le juge d’instruction, M. Noailles, qui m’a crié : « Dehors ». Je ne l’accepte pas ».

EXPERTISE PSYCHIATRIQUE

Avec la même détermination, Me Settama a attaqué une « instruction à charge » en estimant que « les éléments d’accusation ne reposent sur rien ». Selon l’avocate, « aucun lien n’est établi entre la mort de l’adolescent et la privation de soins ». Et « aucun élément médical ne laisse supposer que cet enfant a fait l’objet d’un arrêt de traitement médical ». Pour l’avocat de la défense, rien ne prouve donc que Vivienne Beaupréau, qui dirigeait un groupe de prière d’une trentaine de personnes, a joué un rôle dans le décès du jeune malade. Autre argument avancé : les parents de l’adolescent n’ont pas déposé plainte et sont restés amis avec la mise en examen. Rien ne montre non plus qu’elle aurait abusé de son autorité, qu’elle aurait une emprise sur la mère de l’enfant, insiste l’avocate. La guérisseuse est soupçonnée de s’être fait rémunérer ses services ou ses tisanes, et notamment d’avoir contraint le couple de l’adolescent à lui payer une Mégane décapotable. Et de considérer que le juge d’instruction veut « faire pression » sur les parents de la victime. « Il refuse de se constituer partie civile alors le juge d’instruction veut les soumettre à une expertise psychiatrique ». L’avocat explique la plainte déposée par les grands-parents de l’adolescent, à l’origine de la procédure, par le désarroi provoqué par l’éloignement suite au décès survenu à l’hôpital Necker à Paris. Dans son réquisitoire, l’avocat général François Basset s’était opposé à une remise en liberté en soulignant la gravité des faits et le caractère manipulateur de la mise en cause. Selon le magistrat, l’existence de l’adolescent aurait pu être prolongée si son traitement médical n’avait pas été interrompu. Les conseillers ont considéré que le maintien en détention de Vivienne Beaupréau n’était plus nécessaire et ont prononcé sa remise en liberté

Jérôme Talpin
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Clicanoo.re
publié le 9 mars 2011