Les Témoins de Jéhovah… On imagine déjà la sonnette qui retentit, la porte qui s’ouvre et un duo disposé à prêcher la bonne parole…
Depuis des décennies, les “frères” et “sœurs” de ce mouvement à tendance sectaire pratique le porte-à-porte.
Le prosélytisme est une “mission”, il faut ramener dans la lumière les brebis égarées…
Ce que l’on sait moins, c’est que derrière ces us et coutumes, le mouvement pratique en son sein une justice interne.
Adultère, vol, abus sexuel sur majeur ou mineur, chez les Témoins de Jévovah, on préfère ne pas laver son linge sale en public, mais bien dans la “Salle du Royaume”, devant un jury composé d’anciens qui seront chargés de définir la sanction adéquate.
Georges Huercano, dans l’émission “Indices” (RTL-TVI), revient sur un cas de pédophilie commis sur deux enfants par un Témoins de Jéhovah.
Des faits de pédophilie qui seront jugés en mars prochain devant le tribunal correctionnel de Charleroi.

{{De moins en moins nombreux mais tout aussi unis}}

Nous avons retrouvé un de ces “anciens”. Jacques et son épouse ont été Témoins de Jéhovah pendant 40 ans.
Depuis quelques années déjà, ils ont quitté le mouvement sectaire. Aujourd’hui, ils sont disposés à dévoiler ce qu’il s’y passe…
« La procédure évolue au fil des années, mais nous sommes toujours bien au courant de ce qu’il se passe au sein des réunions », nous explique Jacques.
« Avant tout chose, sachez que le nombre de Témoins de Jéhovah diminue constamment. Nous étions plus de 30.000 ; à présent, ils ne sont plus qu’environ 24.000. »
Depuis des années, le porte-à-porte reste un moyen classique de prise de contact avec les futurs Jéhovah. « Mais ils s’adaptent. Il y a le téléphone et surtout internet.
Il ne faut pas négliger non plus l’importance des amis qui recrutent. Ce fut d’ailleurs notre cas. »
Pour être Témoins de Jéhovah, il faut être baptisé lors d’une cérémonie qui se déroule dans la “Salle d’Assemblée”. Dès ce baptême, l’adepte est soumis aux règles et restrictions des Jéhovah.
« Les choses sont simples : il y a d’un côté les Témoins de Jéhovah, les élus, et de l’autre, le monde. Les “frères” et les “sœurs” ne peuvent pas se mêler des “affaires” du monde.
Aucune fête n’est célébrée. Ni Noël, ni la Fête des mères, ni même les anniversaires. On ne se mêle pas non plus de politique. »

La délation est habituelle

Côté moral, les règles de la Bible sont appliquées : ne pas tuer, ne pas voler… Par contre, la délation est monnaie courante.
« Si vous avez été témoin d’un fait, il faut dénoncer son frère ou sa sœur. C’est une obligation. » La délation n’est pas vue comme de la traîtrise mais bien comme une aide.
« Il faut toujours deux témoins des faits pour que l’auteur soit convoqué par les “anciens”. » Autant dire tout de suite qu’en cas d’abus sexuel, les témoins sont rares… tout comme les sanctions.

S’il se repend, l’abuseur ne risque rien

Et la justice classique dans tout cela ? « En cas d’abus sexuel, l’“ancien” expliquera aux parents de la victime qu’ils ont le droit de déposer plainte, mais il va demander d’attendre avant de le faire.
Il dira même qu’il dira quand c’est le bon moment de déposer plainte. » En attendant ce top départ, qui ne viendra peut-être jamais, l’abuseur sera convoqué par les anciens (trois ou quatre hommes) dans la Salle du Royaume.
Jacques y a siégé pendant des années. « De mon temps, on appelait cela Comité judiciaire, à présent c’est la discipline intérieure. »
Mais qu’importe le nom donné, le principe est le même. « On lui demandera si les faits sont exacts. S’il répond oui, on lui demandera s’il se repend. Certains disent non, mais la plupart répondent oui évidemment. »
Pour le premier, l’exclusion peut être prononcée. « On dit maintenant excommunication. Ce qui signifie qu’il peut encore assister aux réunions, mais plus personne ne peut lui parler et il ne peut plus prendre la parole. »
Pour celui qui se repend, c’est une mise à l’épreuve et puis le pardon et la promesse faite de ne plus recommencer.
Quant à la victime et aux parents, ils sont pris au piège par un des principes des Témoins de Jéhovah : « Tu n’accuseras pas ton frère ou ta sœur. » Sous peine d’être exclu ! La réputation du groupe prime la victime.

Source : Le Soir Mag
Lundi 5 Décembre 2011, 11h07 – par Emmanuelle Praet.

http://soirmag.lesoir.be/justice-selon-t%C3%A9moins-j%C3%A9hovah-2011-12-05-12526