{Publié le 18/06/2009 08:59 | Jean-Claude Souléry}

La Dépêche

{{éditorial}}

La laïcité, combat permanent. Une nouvelle fois, des élus s’inquiètent du nombre de femmes entièrement voilées, un nombre qui va, semble-t-il, croissant dans les rues de France. Difficile bien entendu d’en évaluer l’ampleur. Difficile de condamner moralement ces femmes qui, de bonne foi ou sous l’emprise de la tradition familiale, voilent leur visage et parfois même l’ensemble du corps. Elles sont pourtant l’image la plus voyante du fondamentalisme musulman, dont les valeurs et les préceptes sont, par nature, contraires et même hostiles à nos principes de laïcité.

C’est pourquoi il ne faut pas considérer la «burqa» comme un « détail vestimentaire» mineur que notre société pourrait après tout tolérer. Malgré ce que prêchent les bonnes consciences de tous bords qui régulièrement dénoncent ce qu’elles appellent « l’intégrisme laïc », la laïcité ne peut accepter les faux-semblants et les demi-mesures. Tout simplement parce qu’elle signifie un engagement qui va plus loin que le simple port d’un voile, et garantit, en France, le principe de tolérance et de « vivre ensemble » – ce qu’on appelle par ailleurs la communauté de destin. Rompre un tant soit peu cet équilibre, difficilement acquis depuis plus d’un siècle et façonné par notre histoire, constituerait un danger, celui de la séparation entre les citoyens selon leurs croyances. Sans crier à l’Afghanistan ou à l’Iran, rompre un tant soit peu cet équilibre serait une porte entrebâillée au prosélytisme et à l’endoctrinement, au fanatisme religieux et aux sectes. Nous n’en voulons pas.

Ne devrait-on pas d’ailleurs s’étonner du coup de canif porté au monopole public des titres universitaires après cet accord signé presqu’en douce entre la France et le Vatican à propos de la reconnaissance des diplômes de l’enseignement supérieur catholique? Encore un « détail » qu’il faudrait taire ou une entorse inédite et sournoise au principe de laïcité ?

Aucune religion ne peut imposer ses normes à l’organisation de notre société, tout comme l’État ne peut s’immiscer dans les convictions individuelles. Ce respect mutuel s’impose à tous. C’est d’ailleurs pour consacrer la neutralité de l’État que la loi refuse tout signe d’appartenance religieuse sur les bancs de l’école ou dans l’administration. Une loi qui, faut-il le rappeler, est tout de même partagée par la quasi-totalité de nos concitoyens, croyants ou non !