DRUMMONDVILLE –
C’est ce qu’a tenté de démontrer mardi la procureure de la Couronne, Me Magali Bernier, lors d’un contre-interrogatoire serré à l’endroit de la guide spirituelle coaccusée de négligence criminelle causant la mort.

Après un exercice de sudation de sept à huit heures, Gabrielle Fréchette, Ginette Duclos et Gérald Fontaine ont aidé les neuf participants à retirer leur couverture. Selon Mme Fréchette, une des participantes, Julie Théberge, a vomi puis a déféqué une fois sortie de sa hutte de sudation. «Sa main droite était très raide. J’ai appelé à Info-santé (8-1-1) et ils m’ont dit d’appeler au 9-1-1 pour du secours». Elle a mentionné qu’il s’agissait d’une crise de glycémie, car Mme Théberge avait réclamé du sucre et du jus.

En attente d’une ambulance, Gérald Fontaine, le bras droit du médium, a mis sur son épaule Mme Théberge pour la descendre dans une pièce au rez-de-chaussée afin de faciliter le travail des ambulanciers.

Une autre participante, Chantal Lavigne, semblait dans un autre monde, les yeux fermés. «Elle comprenait tout, elle était capable de se moucher», de dire Mme Fréchette. Elle a pris la décision d’appeler à nouveau pour obtenir une autre ambulance et Fontaine a transporté Mme Lavigne à l’étage du bas de la maison de campagne.

Les ambulanciers, dans la pénombre, ont passé deux fois devant la maison sans trouver l’adresse. «Nous flashions les lumières», de raconter le médium. Ginette Duclos est partie en voiture pour les rattraper.

Les ambulanciers ont constaté que Mme Lavigne avait de la difficulté à respirer et l’ont conduite immédiatement à l’hôpital où elle a rendu l’âme. Julie Théberge a eu plus de chance, après une réhydratation, elle a obtenu son congé de l’hôpital quelques heures plus tard.

Quelle formation?

Gabrielle Fréchette a raconté à la juge Hélène Fabi avoir suivi de nombreuses formations depuis le début des années 90. Elle s’est rendue en République dominicaine pour des cours avec Marie-Lise Labonté qui se présente comme psychothérapeute et formatrice; aux Philippines, où elle a rencontré des guérisseurs aux mains nues; à Montréal, pour des cours de reiki au Centre des minéraux Christine et Viateur; et en Bretagne, avec le chaman Patrick Dacquay et d’autres formateurs.

La procureure de la poursuite lui a demandé quels étaient les diplômes reconnus de tous ces gens-là. Mme Fréchette a mentionné qu’elle ne se préoccupait pas de ça.

«En deux ans, j’ai dépensé 56 000 $ en formation en hypothéquant ma maison».

Aujourd’hui, elle se présente comme médium qui accueille l’énergie et, lors «d’une montée de son taux vibratoire», elle prend l’entité de Melchisédech, Lucas et l’archange Michaël. Lors de ses formations, elle parle avec leur voix.

Pas payant

Même si le séminaire de Durham-Sud lui a rapporté un revenu de 12 000 $, le médium affirme avoir un revenu net de 17 à 18 000 $ par année.

«J’ai des dépenses pour l’achat, entre autres, de lampions, encens, de sacs de terre».

Cette expérience de sudation qui a mal tourné l’a énormément marquée.

En décembre 2011, elle a téléphoné à un enquêteur de la Sûreté du Québec pour dire que plus jamais elle ne pratiquerait ce genre d’exercice.

La journée à la cour s’est terminée avec le début du témoignage de la coaccusée, Ginette Duclos, un ex-cadre de Bell Canada aujourd’hui retraitée.

Elle fréquente Mme Fréchette depuis 1996 et a beaucoup voyagé avec elle.

Mercredi, Gérald Fontaine devrait témoigner puis ce sera au tour des plaidoiries.

source : Journal de Montréal
YVES CHARLEBOIS / AGENCE QMI
mardi 21 octobre 2014
http://www.journaldemontreal.com/2014/10/21/laccusee-explique-le-deroulement-dune-seance-de-sudation-extreme