Le fléau de la radicalisation jihadiste est au coeur d’un rapport, publié mercredi, de la mission anti-sectes Miviludes, qui demeure en outre mobilisée sur des problématiques toujours “préoccupantes” concernant la santé, le monde économique ou les mineurs.

{{- Le basculement jihadiste -}}

“Nous présentons une très grosse contribution sur ce qui est notre nouveau job: la prévention de la radicalisation”, indique à l’AFP le président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, l’ancien député PS Serge Blisko.

La Miviludes a été associée aux actions du Centre interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) dès le lancement du plan gouvernemental anti-filières terroristes en avril 2014.

Elle a été sollicitée pour la définition d'”indicateurs de basculement” dans le jihadisme et a contribué à la formation d’environ 20.000 personnes (protection judiciaire de la jeunesse, Education nationale, magistrature…). Le cap est désormais mis sur la formation de formateurs, notamment dans les collectivités locales.

La Miviludes conserve son activité classique de lutte contre les dérives sectaires, avec 2.160 signalements qui lui sont parvenus en 2015, et quelque 2.500 anticipés pour 2016. Des dérives “préoccupantes” dont “le caractère diffus et protéiforme” pèse sur son action.
Active sur un double front (dérives sectaires et radicalisation), la mission “a atteint les limites” de son fonctionnement “à effectif constant” (15 agents), prévient-elle.

{{- La santé, champ de dérives N°1 -}}

La santé et le bien-être représentent 40% des signalements reçus par la Miviludes, qui s’alarme de “l’impact des discours pseudo-thérapeutiques sur les familles”, alors que “4 Français sur 10 ont recours aux médecines alternatives, dont un grand nombre de malades du cancer”.

La mission pointe notamment l’engouement du public pour l’hypnose, activité où l’absence de réglementation “favorise tous les excès et expose les plus fragiles à un risque de manipulation mentale”.
L’Eglise de Scientologie, qui a suscité 54 saisines de la Miviludes rien qu’en 2015, continue de cibler les établissements spécialisés en psychiatrie, au prétexte d'”assainir le domaine de la santé mentale”.

{{- Des enjeux économiques très présents -}}

Le secteur économique et de l’entreprise est “plus que jamais présent” dans les signalements, avec 55 saisines portant par exemple sur les ventes pyramidales.

Pour la Miviludes, la formation professionnelle mérite “une attention toute particulière” car “des groupes sectaires investissent de plus en plus ce domaine d’activités”.
D’une manière générale, la mission “observe la multiplication de méthodes” jamais évaluées “qui ont pour point commun de s’intégrer dans des pratiques de management, d’éducation voire de soins” et de se présenter “comme des outils de communication” ou de “développement personnel”.

{{- Des pasteurs ‘évangéliques’ douteux -}}

Parmi les “problématiques émergentes” concernant des mouvements religieux, la Miviludes s’est penchée sur le prosélytisme dans l’espace public des Témoins de Jéhovah (une cinquantaine de signalements en 2015), ou encore l’engouement pour la méditation, “sans références” permettant de valider certaines pratiques…
Cent trente saisines l’an dernier – un chiffre en “forte augmentation” – ont porté sur “des comportements inquiétants de la part de pasteurs +évangéliques+ ou de la part d’adeptes qui s’enferment dans un mysticisme exacerbé et consentent des sacrifices (temps et argent) qui paraissent tout à fait excessifs à leurs proches”.

{{- Risques éducatifs pour les mineurs -}}

Le pôle mineurs de la Miviludes a traité 15% des signalements et demandes adressés à la mission en 2015. Parmi eux, 25 saisines concernent l’enseignement privé hors contrat – en plein “boom” -, 9 d’entre elles des établissements Steiner-Waldorf, dont la pédagogie alternative est contestée.

Autre thème émergent des demandes: la déscolarisation au profit de l’enseignement à domicile. En outre, certaines activités périscolaires aux objectifs “peu clairs” inquiètent parents, enseignants ou élus.

La mission ne met pas en cause a priori les “convictions éducatives” des parents, mais certaines “suscitent des inquiétudes”: c’est le cas des “enfants Indigo” (19 saisines en 2015). Cette théorie d’inspiration New Age, fondée sur une “aura” particulière de couleur bleue indigo, peut être exploitée par des pseudo-thérapeutes à destination d’élèves hyperactifs, dyslexiques ou précoces. “Une menace d’un point de vue psychologique mais également social pour l’avenir de ces enfants”, craint la Miviludes.
14/12/2016 17:07:32 – Paris (AFP) – © 2016 AFP
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