Publié le 20/02/2009 09:14 | B.-H. S.-P.

Vendredi dernier, les membres de la communauté des Béatitudes de Bonnecombe se sont rendus à Toulouse. Ils ont été entendus par le président de la Miviludes (Mission interministérielles de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), Georges Fenech et deux conseillers. Ont également été entendus Liliane Poinceau et Régis Léonard, conseillers municipaux d’opposition de Blagnac, Bernard Keller, maire de Blagnac, des familles de victimes supposées, et Mgr Legall, archevêque de Toulouse.

Par ailleurs, Georges Fenech et ses conseillers se sont rendus au siège blagnacois national et international des Béatitudes où ils ont rencontré le modérateur général Françoic-Xavier Wallays, son adjoint et plusieurs membres.

« J’ai initié une méthode qui est d’aller sur le terrain plutôt que de rester dans un bureau. Je me suis déjà déplacé à Dijon et en Guadeloupe et maintenant Toulouse. Nous avions reçu une vingtaine de plaintes ou de signalements, d’anciens membres ou de leurs familles, concernant les Béatitudes : agressions sexuelles, ruptures familiales, abandon de patrimoine pour travailler ensuite bénévolement, pratiques psycho spirituelles, confusion entre pratique religieuse de congrégation de vie consacrée alors qu’une demande de statut de congrégation est instruite par le bureau des cultes du ministère de l’Intérieur ».

le préfet saisi
Georges Fenech explique : « J’ai saisi le préfet de Haute-Garonne pour vérifier le fonctionnement sur la légalité du travail bénévole, et pour qu’il demande où sont les filles d’un couple sans nouvelle d’elles. Je vais réunir le conseil qui m’entoure. Nous sommes au stade de la réflexion. Mais il faut une surveillance de la Miviludes », conclut Georges Fenech.

Pour leur part, Liliane Poinceau et Régis Léonard, vont demander au conseil municipal de Blagnac de revenir sur sa décision de mai 2008, de donner au préfet – dans le cadre de la demande des Béatitudes -, un avis favorable (à la majorité) au statut de congrégation et d’adopter un avis défavorable.

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Bonnecombe : « Enfin nous ne sommes plus seuls! »
Naomi, Cyril et le père Jean-Baptiste, membre de la communauté des Béatitudes à Bonnecombe, privé de leurs droits communautaires, ont été entendus par la Miviludes. Voici leurs réactions après cette entrevue.

Naomi : « Le président de la Miviludes a pris au sérieux les dérives de la communauté des Béatitudes au point de se déplacer lui-même. C’est la première fois que je voyais d’autres victimes (présumées N.D.L.R.) de la communauté en dehors de l’affaire Pierre-Etienne. En entendant tous ces témoignages je constate que c’est toujours le même mode de fonctionnement qui s’est exercé dans les dérives ».

Cyrille : « Après tant d’année à la communauté, je suis enfin soulagé de voir que les pouvoirs publics se penchent sur les graves dérives en prenant en compte les éléments que nous avons pu leur apporter… Enfin nous ne sommes plus seuls ! »

Murielle (qui n’est pas membre mais réside à Bonnecombe et a accompagné Pierre-étienne Albert pour se dénoncer sur des agressions sexuelles) : « Ce dossier ”Béatitudes” ne laisse pas indifférent. J’avais espéré que dans l’Église il y ait ce même intérêt, je reste déçue qu’un certain nombre de portes soient restées fermées alors que c’est à l’institution ecclésiale de se sentir la première concernée. Il serait temps que les autorités d’Église prennent les moyens de travailler avec les pouvoirs publics, afin que les victimes et les dénonciateurs des dérives n’aient pas à faire eux-mêmes leur travail. Il est fort dommageable que les autorités d’Église laissent au gouvernement français la gestion de leurs insuffisances ; elles devraient sortir de leurs réunions et venir sur le terrain comme l’a fait Mr Fénech qui lui, a montré de l’intérêt non seulement envers les souffrances des personnes, mais qui de plus agit ».

Père Jean-Baptiste Tison : J’ai apprécié la sollicitude de Mr Fénech qui s’est donné la pleine de se déplacer avec ses conseillers, prenant à cœur un dossier aussi lourd et complexe. Je pense qu’enfin nous allons pouvoir aller jusqu’au bout d’une terrible vérité qui ne fait que commencer à émerger ».

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Karl Zéro : un documentaire pour avril
Mardi, les journalistes Florence Nicoll et Jean-François Ballanger étaient à Bonnecombe.

Ces deux journalistes ont notamment déjà travaillé pour plusieurs sociétés de production spécialisées dans l’investigation, notamment pour le Droit de Savoir, sur TF1.

Cette fois, ils tournent actuellement pour la société de production « 3e œil production », un documentaire sur les Béatitudes, qui sera diffusé dans le cadre de l’émission « Les faits Karl Zéro », sur la chaîne 13e rue (le vendredi soir à 22 heures).

Une enquête qui a débuté en janvier dernier et qui conduit les deux journalistes sur les routes de France, et ainsi en Aveyron que connaît Bien Jean-François Ballanger dont la famille est installée en Auvergne.

Après « Sept à Huit » sur TF1 ou plus récemment « 66 Minutes » sur M6, c’est donc aujourd’hui Karl Zéro qui planche sur les Béatitudes, dans ce documentaire de 52 minutes dont la diffusion devrait intervenir un vendredi d’avril. La date définitive n’est pas encore fixée.

LA DEPECHE DU MIDI