PARIS, 15 juin 2011 (AFP) – La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires appelle également sans son rapport bilan 2010 à la prudence face au marché florissant des pseudo-thérapies “alternatives” dans le traitement du cancer.

Rarement discours apocalyptique, amplifié à l’infini sur internet, aura eu autant d’écho que celui annonçant la fin du monde pour le 21 décembre 2012, bien que celle-ci soit la 183e identifiée depuis la chute de l’Empire romain.

“Cette date précise se fonde sur une interprétation des écritures historiques, notamment celle du calendrier Hotzkin de la civilisation précolombienne des Mayas”, note Georges Fenech, président de la Miviludes.

“S’y ajoute un +gloubi-boulga” de mauvais présages astrophysiques, scientifiquement non validés: alignement de notre Soleil avec le centre de la Voie lactée, inversion des pôles magnétiques, suractivité des tâches solaires”, dit-il.

Sans compter l’entrée dans l’ère du Verseau, qui, pour la mouvance New Age –syncrétisme de doctrines fondées sur “l’éveil spirituel”–, fera de l’année 2012 le point culminant de l’avènement d’un monde plus harmonique.

Les théories holistiques de cette nébuleuse, selon lesquelles “il faut se transformer soi-même pour transformer la planète”, s’appuient sur des croyances et pratiques aussi diverses que la télépathie, le pouvoir des cristaux, le “channeling” (communication entre un humain et une entité appartenant à une autre dimension) ou encore l’ufologie (ovni).

La date du 21 décembre 2012 permet au New Age de reprendre à son compte la prédiction récurrente de fin des temps, avancée par des mouvements millénaristes, comme les Témoins de Jéhovah. Plus de 2,5 millions de pages internet sur ce thème ont été référencées par un moteur de recherche américain.

Loin de considérer ces croyances comme fantaisistes, la Miviludes s’en inquiète, rappelant “l’horreur des drames que les sectes ont provoquée ces dernières années par leur discours extrêmement anxiogènes”.

“Qui ne se souvient de la tragédie de l’Ordre du Temple Solaire?”, interroge Georges Fenech. De 1994 à 1997, 74 personnes s’étaient donné la mort en France, en Suisse et au Canada, persuadées qu’à l’approche de l’Apocalypse, elles pourraient atteindre un lieu de pureté représenté par l’étoile Sirius. “Un lieu où résideraient des êtres de lumières”.

Le rapport évoque d’autres suicides collectifs, comme ceux du Temple des Peuples (914 morts au Guyana en 1978) ou à la “Porte du Paradis” (39 morts en Californie en 1997).

“Déboussolé par la chute des idéologies ou les crises économiques, l’individu, en quête de spirituel, devient réceptif aux discours des gourous qui dispensent à prix d’or des remèdes aux angoisses existentielles”, relève Georges Fenech.

On ne compte plus les stages, séminaires et formations liés au nouveau monde prophétisé pour 2012.

Notant que les groupes apocalyptiques “enregistrent un regain d’activité sans précédent dans de nombreux pays”, la Miviludes, dépendant de Matignon, propose aux pouvoirs publics l’adoption d’un “protocole de vigilance” pour repérer les risques de passage à l’acte, y compris via internet.

Source : AFP 15 juin 2011 par Annick BENOIST