Par François Koch, publié le 25/09/2008

La nomination de l’ancien député UMP Georges Fenech à la tête de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires est sans doute ce qui pouvait arriver de pire à l’église de Scientologie.

Hier soir, Emmanuelle Mignon a eu les oreilles qui sifflent. Lors de la réception organisée par Jean-Michel Roulet, président sortant de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), le nom de l’ancienne directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy n’a pas été cité mais les allusions à son sujet étaient limpides. Sous les lambris dorés de l’Hôtel de Cassini, à Paris, le député Jean-Pierre Brard (Montreuil, app. PCF) a rappelé que les parlementaires avaient dû “sortir leur bazooka” pour défendre la Miviludes alors que la collaboratrice de Nicolas Sarkozy avait déclaré à VSD que les sectes étaient un “non-problème” et que, sur la Scientologie, on pouvait “s’interroger”. Ce que la secte avait légitimement interprété comme un soutien. Hier soir, Jean-Pierre Brard s’est ouvertement réjoui du renvoi en correctionnelle de la Scientologie pour escroquerie en bande organisée, le 8 septembre dernier, saluant le courage du juge, alors que le parquet avait requis un non-lieu.

Pour l’organisation américaine du défunt gourou Ron Hubbard, l’heure n’est manifestement plus aux réjouissances. La nomination de Georges Fenech (ancien député UMP) est ce qui pouvait lui arriver de pire. Elle a d’ailleurs immédiatement publié un communiqué de protestation. A partir de 1988, où un adepte s’était suicidé, ce magistrat avait instruit le procès du responsable lyonnais de la secte pour homicide involontaire, avant qu’il soit lourdement condamné. Par la suite, le juge Fénech devenu député a poursuivi sa lutte contre les dérives des sectes en général et celles de la Scientologie en particulier, en étant particulièrement actif au sein de commissions d’enquête ou du groupe spécialisé des parlementaires.

Hier soir, dans son dernier discours de président de la Miviludes, l’élève de Robert Pandraud, ancien ministre de la Sécurité, a pris des accents gaulliens : « En répétant à tort que la France ne respecte pas la liberté de religion et les droits de l’homme, les sectes démontrent qu’elles n’aiment par leur pays, leur patrie. » Nul doute que Jean-Michel Roulet visait surtout la Scientologie. Et, qu’à ses côtés, son successeur Georges Fenech buvait du petit lait.

L’express