Louis Vitry, comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre. L’ancien patron du groupe sectaire “la Sainte Famille”, âgé de 57 ans, est jugé pour deux agressions sexuelles sur mineur et huit sur majeur par personne ayant autorité. Cette affaire avait à l’époque défrayé la chronique judiciaire (notre édition du 25 février 2009).

La salle d’audience du tribunal correctionnel de Saint-Pierre risque d’être comble aujourd’hui. Louis-Vitry, 57 ans, alias le gourou pervers du Tampon, l’ancien chef de file du groupe de prière “la sainte Famille”, comparaît pour deux agressions sexuelles sur mineur et huit agressions sexuelles sur majeur par personne ayant autorité. Alors qu’il était le responsable d’un groupe sectaire, le Tamponnais aurait profité de séances de guérison à domicile pour caresser les parties génitales de certains de ses adeptes. Cette affaire avait défrayé la chronique en février 2009.

DANS LE SECRET DE SÉANCES EN TÊTE À TÊTE

Rappel des faits. C’est en 1996 que le gourou fonde le groupe de prière “Sainte Famille”. Sauvé des limbes de l’alcoolisme et d’une vie de SDF en métropole, celui qui se présente comme un miraculé invite ses fidèles à son domicile. Sans se soucier de ses voisins, prêche la parole divine un mégaphone en main. Il organise des séances en divers lieux du Sud, à Saint-Louis, à Bras-Creux, à Bois-Court, à Trois-Mares et à Petite-Île. Au fil des ans, les dizaines d’adeptes deviennent des centaines. Une fois par mois, au calvaire de Petite-Île, il convie ses ouailles pour la messe des malades. Avec une mise en scène bien huilée, il use de son fameux pouvoir de guérison. Son influence, façonnée année après année, provoque l’entrée de certains fidèles en transe. Et il en profite. Dans le secret de séances de guérison en tête à tête, il agresse sexuellement des mineures et des femmes. En 2004, déjà, le groupe sectaire défraye la chronique. Dans les articles du Journal de l’Île à l’époque, il est question de nuisances sonores, de gourou, de secte, d’argent et d’attouchements… La rumeur s’avérait finalement bien en-deçà de la réalité. En septembre 2008, l’évêque de la Réunion, Gilbert Aubry est contacté par des familles de victimes. L’Église les encourage à témoigner. Le 23 octobre 2008, l’évêque écrit un courrier au parquet du tribunal de Saint-Pierre. Huit femmes et adolescentes se présentent alors à la gendarmerie et racontent leur séance particulière. Le lundi 23 février 2009, Louis Vitry est interpellé et placé en garde à vue à la brigade de recherches de Saint-Pierre. Au cours de son audition, le pervers présumé se contente de nier les faits. Mais à l’issue des 48 heures de garde à vue, le parquet de Saint-Pierre ouvre une information judiciaire pour agressions sexuelles par personne ayant autorité et pour agression sexuelle sur mineure de 15 ans. L’enquête est alors confiée aux juges Kuentz et Malbrancke.

DIX VICTIMES, DONT DEUX MINEURS DE 15 ANS

En attendant, le gourou est mis en examen et placé en détention provisoire. A l’issue des premières confrontations, en mai 2009, Me Georges-André Hoarau revenait sur les déclarations de son client face aux victimes. “Les adeptes de M. Vitry lui demandaient de prier sur eux. Il a donc procédé à l’imposition des mains. Il nie certains faits, mais en reconnaît d’autres. Lorsqu’un disciple avait mal au genou, il touchait le genou. Lorsqu’il avait mal au sexe, il touchait le sexe. C’est aussi simple que cela. Il a pratiqué les mêmes choses aux hommes qu’aux femmes”, avait déclaré l’avocat. Trois mois plus tard, en août 2009, le pervers présumé était de nouveau convoqué devant les juges en vue d’une confrontation. Comme on pouvait s’y attendre, quatre nouvelles victimes ont courageusement poussé la porte de la gendarmerie de Saint-Pierre. L’auteur présumé s’est vu notifier quatre nouvelles mises en examen. Le dossier s’alourdit et comporte désormais douze victimes. Finalement, au terme de l’enquête judiciaire, il semble que les faits n’étaient pas constitués pour deux victimes. Ce sont donc dix parties civiles qui seront représentées, voire présentes à l’audience, aujourd’hui. Du côté de la défense, le prévenu est toujours défendu par le bâtonnier Georges-André Hoarau. Ce dernier a organisé sa stratégie autour du rôle particulier qu’a joué l’Église dans ce dossier. Notamment celui de Mgr Aubry. L’audience, présidée par la juge Nathalie Ramage, a lieu à 14 heures

Romuald Lenormand

http://www.clicanoo.re/11-actualites/16-faits-divers/264254-le-gourou-juge-pour-agressions.html